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Introduction à la Parapsychologie Théorique

Introduction à la Parapsychologie Théorique

On reproche souvent à la parapsychologie de ne pas avoir de théorie. Cela est faux, car bien au contraire il existe de nombreuses théories du psi. Cependant, aucune d’entre elles n’a pour l’instant obtenu un consensus auprès des chercheurs. La situation concrète de la parapsychologie est telle que la lenteur de ces progrès s’explique aisément : la discipline est récente, mal financée, et souffre d’une réputation sulfureuse, ce qui fait que le nombre de personnes dans le monde travaillant sur ce sujet est minime. Peut-être a-t-on déjà découvert une bonne clé de lecture, ou peut-être ces théories ne sont-elles que des embryons de pistes ? Seul l’avenir pourra répondre à ces questions.


Olivier Costa de Beauregard en 1981Toujours est-il que relativement peu d’expériences sont menées dans le cadre de chacune de ces théories, ce qui rend difficile de conclure dans un sens ou dans l’autre. Néanmoins, la plupart d’entre elles ont été proposées par des chercheurs rompus à l’expérimentation en laboratoire. Elles revendiquent donc en général le caractère de réfutabilité (au sens poppérien), c’est-à-dire que leur avenir se joue sur le terrain empirique et non dans des rhétoriques spéculatives. Ainsi, il y a une progression, lente mais franche, d’essais et d’erreurs, ayant permis d’invalider de nombreuses théories depuis deux siècles : magnétisme animal, électricité ou autre fluide humain, radio mentale, ondes cérébrales, etc. Certains modèles avancés ont fait l’objet de discussions et de critiques approfondies. Par exemple, des protocoles orientés vers la compréhension des processus ont eu des résultats infirmant certaines hypothèses du modèle de la sélection intuitive des données (Intuitive Data Sorting) qui proposait d’expliquer tous les phénomènes psi (et même la micro-psychokinèse) par des comportements prémonitoires. D’autres théories fondées sur des parallèles avec la mécanique quantique, notamment ceux d’Helmut Schmidt et d’Evan Harris Walker, ont fait avancer le débat tout en amenant vers une certaine prudence face à des analogies trop faciles ou à des raccourcis argumentatifs[Michel Duneau, [« Le mythe quantique en_parapsychologie », Revue de_Parapsychologie n°11, sept. 1980.
Hervé Gresse, Daniel Wickers, & Hervé Zwirn, « La mécanique quantique en_parapsychologie », Revue de_parapsychologie n°7, juin 1979.
Patrick Dewavrin, « Non séparabilité et_parapsychologie », Revue de_Parapsychologie n°19, 1985.
D. Terré, Les dérives de l’argumentation scientifique. Paris : PUF, 1998.
]]. Par cette démarche théorique auto-correctrice, la théorisation en parapsychologie est tout à fait identique à ce qui se passe à plus grande échelle dans les autres disciplines.

En France, les principales contributions théoriques ont été faites par Olivier Costa de Beauregard (« Télégraphie dans le passé » en se basant sur la non séparabilité quantique), René Sudre (l’idéoplastie et l’association prosopopèse-métagnomie[R. Sudre, Traité de Parapsychologie_, Paris : Payot, 1956.]]), François Favre (dans son modèle « Animisme et Espace temps »[[François Favre, [« Animisme et espace-temps », 1996.]]), Christine Hardy (Théorie des Champs Sémantiques), Ezio Insinna (synchronicité et microtubules), Emmanuel Ransford (hypothèse de la psychomatière), ou encore par le Dr Hubert Larcher pour sa vision « anthropodynamique »[Hubert Larcher, [« Anthropodynamique des phénomènes paranormaux », Revue de Parapsychologie n°9, 1980.]].

Walter_von_Lucadou_soucieux.jpgEn Allemagne, le Modèle de l’Information Pragmatique de Walter von Lucadou (photo ci-contre) tend à s’imposer et débouche sur de nombreux articles et études. Ce modèle emprunte à la théorie des systèmes et à la physique quantique pour décrire et prédire le comportement complexe des phénomènes psi. La Théorique Quantique Faible (ou Théorie Quantique Généralisée) puise par exemple dans ce modèle pour expliquer non seulement des phénomènes parapsychologiques mais des anomalies dans d’autres disciplines. D’importants moyens sont affectés à cet effet, puisque l’Institut pour les Zones frontières de la Psychologie et l’Hygiène Mentale de Freiburg possède depuis 1998 un département consacré à la recherche théorique et à l’analyse des données. Ce département accueille fréquemment des savants du monde entier et les résultats de leurs investigations sont publiés dans la revue Mind & Matter ou dans des revues comme Foundations of Physics ou le Journal of Consciousness Studies.

Vous trouverez dans l’article du psychologue Erik Pigani, « Les théories du psi », une présentation succincte des principales théories.
Dans l’article de George Hansen, « Quelques fondamentaux sur les théories du psi », est développée une rétrospective des démarches théoriques – principalement américaines – depuis le début de la parapsychologie rhinienne.
Dans un autre article de George Hansen, ce sont « Trois modèles du psi » qui sont abordés : ceux d’Evan Harris Walker, Rex Stanford et William Braud.
Le professeur Hans Primas fait une présentation du modèle de la synchronicité en mettant l’accent sur les contributions du Prix Nobel Wolfgang Pauli.
D’autres articles tenteront de rendre compte des avancées internationales.

Mais l’intérêt de la parapsychologie théorique ne s’arrête pas à de simples offres de modèles originaux. En effet, cette branche de la parapsychologie permet également de réfléchir sur les implications du psi, et sur la science en général puisque beaucoup de problèmes épistémologiques sont fournis ou précisés par la présence et la mise en évidence des phénomènes paranormaux[Mario Varvoglis, [« Etre et connaître : la_parapsychologie comme transformateur épistémologique ». In : S. Mancini (éd.), La Fabrication du psychisme. Paris : La Découverte, 2006.
Michel Duneau, « Aspects historiques des rapports entre la_parapsychologie et les sciences exactes », Revue de_Parapsychologie n°7, juin 1979.
Guy Béney, « Indétermination et finalité en psilogie », Revue de_Parapsychologie n°10, 1980.
Pierre Janin, « Nouvelles perspectives sur les relations entre la psyché et le cosmos », in : Soixante années de_parapsychologie. Paris : Kimé, 1992.
]]. En particulier, l’effet d’expérimentateur psi a suscité beaucoup de questionnements[Pascal Michel, [« Théorie en_parapsychologie et effet d’expérimentateur », Revue de_Parapsychologie n°8, octobre 1979.]]. La France a heureusement contribué de façon non négligeable à ces réflexions théoriques, et on trouvera bon nombre d’articles en particulier dans la Revue Métapsychique (parue de 1925 à 1982) et dans la Revue de Parapsychologie (de 1971 à 1989).