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Aperçu historique des activités de l’IMI

Aperçu historique des activités de l’IMI

L’Institut Métapsychique International est créé en 1919, grâce aux efforts de trois personnes. Tout d’abord, un riche négociant venu de Bézier, Jean Meyer, qui depuis plusieurs années, est l’un des principaux artisans du spiritisme français…


Jean MeyerC’est lui qui fournit l’argent nécessaire à l’ouverture de la fondation. Les deux autres fondateurs sont des médecins d’une certaine renommée, qui se sont connus pendant la Première Guerre Mondiale : le Pr. Rocco Santoliquido, d’origine italienne, est alors le représentant de la Croix Rouge auprès de la Société des Nations (l’ancêtre de l’ONU) ; le Dr. Gustave Geley, un médecin d’Annecy, se passionne pour la philosophie spirite depuis le début du siècle. Geley devient le premier président de l’Institut, qui s’installe avenue Niel à Paris, dans un hôtel particulier. L’IMI est alors doté d’un laboratoire, d’une grande salle de conférence et d’une bibliothèque. A partir de 1921, il publie la Revue Métapsychique, qui cessera sa publication au début des années 80.

Etant donné les préoccupations spirites de ses trois fondateurs, on pourrait croire que le nouvel institut se destinait à devenir l’un des foyers culturels de cette religion, le Spiritisme, qui imprégnait tant l’Europe du début du XXème siècle. Mais il s’agissait plutôt, et ce dès le début, d’étudier les bizarres phénomènes physiques et mentaux qui semblaient alors se manifester au cours des séances spirites, phénomènes dont avaient déjà témoigné des auteurs, dès la fin du XVIIIème siècle, dans le cadre des controverses sur le « magnétisme animal ». En outre, parmi les premiers membres de l’Institut, on compte notamment Charles Richet (Prix Nobel de médecine en 1913) ou encore le célèbre astronome Camille Flammarion, tous deux farouches partisans d’une métapsychique expérimentale et dégagée de toute préoccupation spirite (Camille Flammarion eut un rapport ambiguë avec le mouvement spirite, il fut lui-même spirite dans ses jeunes années puis il prit ses distances au tournant du siècle avant d’exprimer à nouveau des convictions spirites dans ses derniers ouvrages).

La Grande Epoque de l’IMI

Le Dr. Gustave Geley
Dans les années 20, à l’époque dite « des Années Folles », le Dr. Geley enflamme les colonnes des quotidiens avec le « Manifeste des 34 », un texte signé de 35 personnalités savantes et intellectuelles du moment. Toutes ces personnes sont d’accord pour témoigner qu’un certain médium venu de Pologne, Jean Guzik, invité à se produire dans le salon de l’IMI, a bien manifesté des phénomènes non réductibles à de simples fraudes ou effets d’illusionnisme, et ce dans des conditions sévères : ses mains et ses pieds sont liés par des liens serrés, il est déshabillé et revêtu d’un pyjama sans poche avant la séance et les portes de la salle sont fermées et cachetées avant chaque réunion. Mais lorsque quelques mois plus tard, le même Guzik est invité à montrer ses talents en Sorbonne devant plusieurs savants, après une quinzaine de séances ces derniers concluent que le médium a tenté d’exécuter des fraudes habiles en libérant une de ses jambes pour déplacer des objets « à distance », en pleine obscurité. Si Guzik arrive à convaincre beaucoup de métapsychistes, sa réputation « médiatique » restera à jamais entâchée par ce désaveu de la Sorbonne. A la même période, Geley organise des séances avec un deuxième médium polonais, Franek Kluski, avec lequel il parvient à obtenir des « moulages ectoplasmiques » de mains et de pieds, preuve physique que lors des séances, de véritables « ectoplasmes » seraient apparus grâce à l’énergie mentale du médium… Malheureusement, en 1924, Geley meurt tragiquement dans un accident d’avion, alors qu’il retourne en France après avoir continué des séances avec Kluski à Varsovie au cours desquelles de nouveaux moulages avaient été obtenus. La manière dont les moulages furent produits, par fraude ou par une capacité authentiquement paranormale, est encore débattue de nos jours dans les revues spécialisées. Si quelques pistes explicatives ont été avancées pour expliquer ces moulages, aucune n’a encore permis de rendre compte sérieusement des événements, et les désormais célèbres moulages restent aujourd’hui encore l’une des plus curieuses énigmes de l’histoire de la métapsychique.

Le Dr. Eugène Osty
A la mort de Geley, le Dr. Eugène Osty prend sa succession. C’est un médecin prudent dans ses opinions, plus intéressé par les phénomènes intellectuels, clairvoyance et télépathie, que par les phénomènes physiques qu’affectionnait le Dr. Geley. Malgré plusieurs livres importants sur les processus psychologiques de la voyance, Osty connaîtra une certaine célèbrité grâce à ses expériences avec un nouveau médium à effets physiques, le jeune Rudi Schneider, venu d’Autriche. En utilisant des rayons infrarouge, invisibles, pour sécuriser la salle et surprendre le médium si ce dernier tente de frauder dans la pénombre, il obtient des photographies suggérant qu’en réalité, une mystérieuse « force psychique » serait émise par le corps du médium lorsqu’il tente d’imprimer un mouvement à distance à un objet. Ces expériences s’étendent sur près d’une année et comprennent plus de 90 séances, un véritable record d’endurance, aussi bien pour le savant que pour le jeune médium. Les résultats d’Osty sont évidemment discutés, la Society for Psychical Research (SPR) de Londres reproduit ces expériences et obtient des résultats mitigés, la revue Nature publie un bref compte rendu évidemment sceptique sur les résultats d’Osty, mais surtout, en 1933, le chercheur anglais Harry Price dénonce publiquement Rudi Schneider et produit une photographie sensée montrer ce dernier en flagrant délit de tricherie au cours d’une séance (plusieurs auteurs ont montré depuis lors que Price avait lui-même créé cette photographie afin de ruiner la carrière du médium Autrichien ainsi que la réputation de ses collègues – et néanmoins adversaires – de la SPR). Cette triste polémique marque en quelque sorte la fin des « années folles » de la métapsychique dite « objective », c.a.d. s’intéressant aux phénomènes physiques de la médiumnité spirite.

A la même époque, l’ingénieur-chimiste René Warcollier intègre l’équipe de l’Institut et organise des séances de télépathie en groupe. Il s’intéresse plus particulièrement au curieux processus inconscient qui semble s’exprimer lorsque qu’une personne « capte » les images mentales d’une autre. A la fin des années 30, son livre La Télépathie, complété et traduit, est diffusé aux Etats-Unis grâce aux premiers chercheurs Américains de ce qui est en train de devenir « la parapsychologie ».

L’Après-Guerre

La Deuxième Guerre Mondiale modifie profondément le paysage métapsychique français. Pendant la guerre, l’IMI cesse toute activité et lorsque la paix revient en 1945, la recherche s’est développée essentiellement aux Etats-Unis où elle a pris une avance considérable. Le psychologue J.B. Rhine (biologiste de formation) fonde un laboratoire de parapsychologie à l’université de Duke dans les années 30 et crée la première revue parapsychologique universitaire, le Journal of Parapsychology. Au début des années 50, la Parapsychological Association est créée, rassemblant les universitaires et scientifiques Américains travaillant sur le sujet (la PA sera ensuite intégrée à l’AAAS, l’association américaine pour le progrès scientifique, éditrice de la célèbre revue Science).

Pendant ce temps-là, en France, la métapsychique se marginalise de plus en plus, et les activités de l’IMI s’en ressentent. Mais les travaux continuent à l’IMI et se focalisent sur les phénomènes de la télépathie et de la voyance, sous l’impulsion de René Warcollier, pendant que le chimiste et physicien Robert Tocquet s’intéresse plus particulièrement aux liens entre parapsychologie et illusionnisme, égratignant au passage quelques unes des légendes de l’ancienne métapsychique mais défendant aussi certains cas célèbres, notamment la production des moulages ectoplasmiques. Tocquet s’intéresse aussi aux exploits mentaux des calculateurs prodiges.

Dans les années 50, Robert Amadou s’investit dans les activités de l’Institut et publie plusieurs ouvrages référencés et sans concession, dont sa grande étude La Parapsychologie, chez Denoël en 1954 et le petit manuel La Télépathie en 1958 chez Grasset.

L’ère moderne

Dans les années 60, l’IMI se fait discret. C’est l’époque de la revue Planète et du livre Le Matin des Magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier. Mais il est symptômatique de constater que dans toutes cette littérature, si avide de mystères et de paranormal cuisiné à toutes les sauces, on ne trouve guère de référence à l’IMI ni à son histoire (les éditions Planète republieront tout de même un livre de Robert Tocquet, compilant et commentant les recherches passées, ainsi que le premier ouvrage du Pr. Rémy Chauvin, publié alors sous le pseudonyme de Pierre Duval et décrivant la recherche parapsychologique aux Etats-Unis).

Dans les annés 70 et 80, l’Institut, qui subit de graves revers financiers, s’oriente vers une approche plus historique et anthropologique de la métapsychique. Il publie notamment dans sa Revue Métapsychique des articles du folkloriste Michel Meurger, ou de Jean Guitton, membre de l’Académie Française. Cependant la recherche expérimentale, même si elle devient plus modeste que naguère, subsite encore, avec en particulier les expériences du Dr. Jean Barry (psychokinèse sur les plantes) et surtout les travaux d’Yvonne Duplessis sur la « perception dermo-optique des couleurs » (La Vision Parapsychologique des Couleurs, Epi, 1974).

Dans les annés 80, l’IMI survit grâce aux efforts de son directeur, le Dr. Hubert Larcher, qui y organise régulièrement des conférences et reçoit en consultation des personnes en souffrance. Mais les problèmes financiers de plus en plus pressants forcent l’IMI à stopper la publication de sa revue. En 1991, après plusieurs années de silence, un « numéro spécial » est publié, entièrement consacré au neurone considéré comme « l’arme absolue », l’endroit ultime pour découvrir les mécanismes obscurs de la perception extasensorielle. Ce sera le dernier numéro de la Revue.

Aujourd’hui

Au milieu des années 90, grâce à l’énergie et à la passion des journalistes Nicolas Maillard et Didier Dufresnoy, l’IMI retrouve un nouveau souffle. Les locaux vétustes de la place Wagram, où l’Institut s’était établi dans les années 50, sont rénovés de fond en comble. Les archives et la bibliothèque sont réorganisés et Nicolas Maillard persuade une nouvelle équipe de reprendre en mains le vénérable Institut. Mario Varvoglis, docteur en psychologie expérimentale ayant travaillé au Maimonides Hospital de New York dans les années 80, devient le nouveau président. Malheureusement, après tout ce travail, Nicolas Maillard disparait des suites d’une longue maladie en juillet 2000.

En juin 2002, l’IMI emménage dans des locaux plus grands, dans le 10ème arrondissement. La rénovation de la Bibliothèque arrive enfin à terme, une salle est consacrée à l’informatique et à l’électronique, une autre aux expériences. On y installe bientôt l’outillage nécessaire à l’organisation de sessions de Ganzfeld (un état de privation sensoriel facilitant l’émergence de la perception extrasensorielle).

Aujourd’hui, l’IMI se compose d’une équipe pluri-disciplinaire d’une dizaine de personnes, comprenant des électroniciens, des médecins, des psychiatres et des historiens de la métapsychique. Depuis 1999, l’Institut fait partie du réseau Global Consciousness Project.
En 2002, l’équipe s’attelle à la préparation d’expériences de Ganzfeld, grâce au matériel informatique prêté par l’université de Liverpool-Hope en Angleterre. En 2003, quelques « voyants » sont approchés par l’IMI et des expériences « pour voir » sont organisées à plusieurs reprises.

En 2002, l’équipe de l’IMI accueille et organise à Paris le 49ème congrès annuel de la Parapsychological Association, un événement d’envergure internationale au cours duquel les parapsychologues de laboratoires et d’universités du monde entier présentent leurs travaux récents et les soumettent aux critiques de leurs pairs. C’est la première fois depuis des années qu’une équipe française y présente des études, qui portent essentiellement sur des aspects historiques de la recherche (les travaux de Warcollier, les expériences d’Eugène Osty avec le jeune médium Rudi Schneider, le cas du voyant Alexis Didier) [Voir les résumés des proceedings de cette convention [sur le site de la PA.]]

En mars 2003, le Pr. Roger Nelson de l’université américaine de Princeton présente le Global Consciousness Project lors de la toute première conférence publique de l’IMI depuis de longues années. En octobre 2003, c’est Bertrand Méheust qui vient présenter ses recherches sur un voyant célèbre au XIXème siècle, le jeune Alexis Didier.

A l’automne 2003, l’IMI accueille le congrès EuroPA, qui réunit les chercheurs européens, depuis l’Angleterre à l’Allemagne, en passant par les Pays-Bas et l’Italie. Invité d’honneur, le biologiste anglais Rupert Sheldrake y fait sensation avec ses travaux sur la télépathie animale.

De 2003 à 2014, l’IMI a proposé une formation aux étudiants au sein du Groupe Etudiants de l’Institut Metapsychique International (GEIMI), dirigé par Paul-Louis Rabeyron. Chaque année, des étudiants effectuaient ainsi des travaux universitaires en lien avec la parapsychologie. Plus de cinquante étudiants avaient rejoint le GEIMI. Un certain nombre d’entre eux ont effectué leurs recherches en lien avec la parapsychologie en milieu universitaire. Aujourd’hui, les étudiants sont intégrés à l’Association des Amis de l’IMI.

Depuis 2004, L’IMI a également mis en place des cycles de conférences annuels avec notamment comme intervenants Rupert Sheldrake [Voir notre article [Un perroquet qui a de l’avenir ]] et plus récemment Stephen Schwartz. Aujourd’hui, près d’une conférence se déroule chaque mois à la fondation.

Fin octobre 2007, l’IMI a organisé l’EuroPA, impliquant les meilleurs universitaires travaillant dans le domaine de la parapsychologie scientifique. Plusieurs membres du comité directeur et du GEIMI ont présenté l’état actuel de leurs recherches à cette occasion.

En 2019, l’Institut a eu la grande joie de célébrer son centenaire.