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Etre et connaître : la parapsychologie comme transformateur épistémologique

Etre et connaître : la parapsychologie comme transformateur épistémologique

Intervention de Mario Varvoglis au colloque « Ethopoiesis » qui s’est déroulé à Lausanne en juin 2005.

On peut définir la parapsychologie comme l’étude d’interactions non-locales entre un organisme et son environnement, c’est à dire des interactions qui ne semblent pas fondées sur différentes formes de causalité mécanique.


Ces interactions incluent la télépathie (parfois appelée « transmission de pensées »), la clairvoyance (connaissance directe d’un événement ou d’un objet) la précognition (anticipation d’un événement futur qui ne peut pas être déduit sur la base de données actuelles), et la psychokinèse (influence du psychisme sur la matière inerte ou vivante). On utilise le terme psi pour décrire l’ensemble de ces interactions ; donc on parle d’expériences psi ou des phénomènes psi.
L’épistémologie, l’étude de la nature de la connaissance, cherche à différencier cette dernière des croyances, opinions, et illusions, en traquant toutes les failles venant d’une adhésion trop directe aux apparences. A sa base, elle pose deux questions : qu’est-ce ce qu’on sait ? Comment on justifie qu’on le sait ?
Moins souvent cité, mais très pertinente dans cet âge technologique, la troisième couche epistémologique touche à la question des applications du savoir: en quoi un savoir est-il efficace et déclinable en des applications pratiques ?
C’est une question tout à fait légitime de soumettre les phénomènes psi, domaine vulgairement nommé « paranormal », à une analyse épistémologique et de se poser la question :
peut-on affirmer de façon fiable aujourd’hui que certains de ces phénomènes existent ? Ou au contraire, peut-on affirmer que ces phénomènes n’existent pas? Sur quelles bases justifier notre réponse, positive ou négative ? Si on dit que les phénomènes existent, que sait-on des mécanismes le sous-tendant ? Enfin, pour aller plus loin, est-ce que notre savoir débouche sur une maîtrise ? Quel est le niveau de contrôle, actuel ou possible, des phénomènes psi?

Le poids de l’a priori : une première anomalie épistémologique

Pour commencer, il faut poser la question suivante : à qui devons-nous nous adresser pour trouver des réponses à de telles questions ? Qui a le droit de se prononcer sur ce sujet, avec une certaine autorité, en toute connaissance de cause ?
Si je pose la question, c’est parce que certains s’arrogent cette autorité sans l’avoir ; ils prétendent pouvoir analyser et évaluer la réalité du psi, sans faire aucun effort réel de se familiariser avec le complexité du sujet. Il y a là une anomalie épistémologique, dans laquelle les non-experts, des personnes totalement étrangères au domaine de recherche, se permettent de se prononcer avec grande certitude sur des sujets sur lesquels ils n’ont pratiquement aucune légitimité.
La justification, tacite ou explicite, de cette anomalie est qu’il n’existe pas de vrais experts dans ce domaine, mais seulement des amateurs : soit des pseudo scientifiques, soit des crypto religieux qui cherchent à diffuser leurs croyances. Mais n’importe quel observateur impartial est obligé de conclure qu’il existe bel et bien un domaine de recherche en parapsychologie et un ensemble de chercheurs qui étudient scientifiquement la question. Pour l’évoquer de façon résumée:

La grande majorité des chercheurs en parapsychologie font partie d’une association professionnelle, la Parapsychological Association (PA). L’admission d’une personne à la PA est basée sur les critères typiques de toute association professionnelle de scientifiques, notamment des références académiques importantes, des recommandations par pairs, des travaux reconnus, des publications par journaux spécialisés à « referees ».

La PA a la reconnaissance officielle de l’American Association for the Advancement of Science, qui est éditeur du journal Science.

Les protocoles expérimentaux en parapsychologie sont inspirés de la psychologie expérimentale ou des neurosciences, mais ils impliquent souvent des contrôles bien plus exigeants qu’en psychologie, en recherche pharmacologique, en sociologie, et d’autres sciences humaines. Les résultats sont soumis à des critiques internes serrées, dans des journaux et des congrès, et on ne considère pas un résultat comme démontré, tant qu’il n’a pas été répété dans plusieurs laboratoires, et qu’on n’a pas accumulé des analyses montrant la « persistance » du dit phénomène sous conditions de contrôle.

Bref, les experts dans ce domaine, comme dans tout autre domaine de recherche, sont ceux qui étudient leur sujet professionnellement, systématiquement, scientifiquement, sur le terrain ou en laboratoire. Ces individus mis à part, tout le monde peut se prononcer sur le « paranormal » ; mais qu’il s’agisse de journalistes, de physiciens, de prestidigitateurs ou de psychologues, les points de vue qui sont les leurs sont simplement peu pertinents, tant que leur formation et leur vécu professionnel ne les ont pas préparés à aborder ces questions complexes de façon intelligente et honnête.
Comment alors expliquer que la position académique « officielle » vis-à-vis de ce domaine (surtout en France) soit plus affectée par les plateaux de TF1 ou de M6, ou par des livres sceptiques populaires (ce que B.Meheust à bien nommé « la zététique de plage » (1)) plutôt que par les recherches et les analyses des vrais experts ?
Il me parait flagrant que nous avons là une situation où des facteurs irrationnels, voire anti-scientifiques, retardent ou bloquent le développement d’un domaine qui aurait, au minimum, d’importantes répercussions épistemologiques. Il existe plusieurs bonnes analyses de ces facteurs (2) mais ici j’aimerais mentionner un seul d’entre eux : c’est la conviction, la position à priori, que le psi est physiquement impossible, et qu’aucun ensemble de données ne peut nous convaincre de son existence.
Cette proposition a ses origines au XIXe siècle dans l’argument du philosophe anglais Hume contre l’existence des miracles. Pour qu’on apprécie cet argument, je cite rapidement quelques scientifiques connus, qui l’ont employé contre la possibilité des phénomènes psi. Helmholtz, un des fondateurs de la recherche sur les systèmes perceptuels, a dit :

« Ni le témoignage de tous les membres de la Royal Society, ni l’évidence de mes propres sens, ne me conduiraient à croire à la transmission de pensée entre une personne et une autre, indépendamment des canaux sensoriels connus. » (3)

Plus récemment, faisant référence aux travaux du biologiste américain Rhine, le père de la parapsychologie expérimentale américaine, le psychologue Donald Hebb a affirmé :

« Pourquoi n’acceptons-nous pas l’ESP (4) comme un fait psychologique? Rhine a donné des preuves qui nous convaincraient largement s’il s’agissait de n’importe quel domaine nous permettant de deviner la mécanique du processus dont il est question. Personnellement, je n’accepte pas un instant l’ESP parce que cela n’a aucun sens. Je ne sais pas sur quelles bases s’appuient mes collègues pour rejeter l’ESP, mais mon propre refus de l’optique de Rhine est, au sens littéral, basé sur des préjugés. »(5)

Hansel, un des fondateurs du lobby anglo-saxon contre le « paranormal », l’équivalent des clubs rationalistes en France :

[…] compte tenu des arguments a priori contre (l’ESP, nous savons à l’avance que la télépathie […] ne peut se produire […]. Les arguments a priori […] peuvent même nous épargner le temps et l’effort d’analyser les expérimentations d’ESP.(6)

Aujourd’hui, on n’avoue plus ce type de forts préjugés théoriques de façon si explicite. Toutefois il suffit de gratter un peu derrière le discours d’un bon nombre de sceptiques, pour voir que, fondamentalement, ils considèrent toujours que la physique ou la biologie excluent de fait les phénomènes psi ; ils agissent comme si, quelque soit les preuves citées, l’existence de ces phénomènes pouvait être automatiquement rejetée.
Qu’elle soit explicite ou tacite, cette position révèle à la fois une arrogance, et un étrange attachement à une vision datée du monde physique. Si l’on pouvait affirmer il y a encore 100 ans qu’on a tout compris du fonctionnement de l’univers, aujourd’hui, les points d’interrogation sont multiples et complexes. Dans une époque ou on discute ouvertement la non séparabilité, le vide quantique et les 7 dimensions d’espace temps ajoutées aux quatre connues, à une époque où l’on redécouvre l’irréductibilité de la conscience au processus neuronaux, il faut reconnaître qu’on vit dans un univers bien plus complexe que celui de Galilée et de Newton.

La parapsychologie expérimentale : Un état des lieux

Du point de vue de ceux qui sont activement impliqués dans la recherche sur le psi, quelles conclusions peut-on raisonnablement tirer ? Il est évident que, dans le cas précis de la parapsychologie, notre compréhension actuelle des phénomènes est enracinée dans plusieurs approches : enquêtes, études ethnologiques, recherches en laboratoire, analyses des cas, études cliniques, etc. Mais pour cette présentation, j’ai choisi de me concentrer spécifiquement sur la parapsychologie expérimentale, parce qu’elle s’inscrit dans une démarche consensuelle qui représente, depuis plusieurs siècles, la meilleure méthodologie pour construire et justifier des connaissances dans un domaine donné.
Bien qu’il existe des divergences, comme dans tout domaine scientifique sain, pour la grande majorité des chercheurs, il est à présent indiscuté que des résultats positifs expérimentaux se dégagent dans quatre domaines de recherche :

La télépathie, surtout en rapport avec certains états modifiés de conscience tels rêves, état hypnagogique, ou hypnose (7),

La précognition, évaluée par les réponses conscientes de sujets et, plus récemment, par des réponses physiologiques (8),

La micro-psychokinèse, c.à.d. l’influence directe du sujet sur des processus microphysiques et probabilistes (9),

La bio-psychokinèse, impliquant l’action directe du sujet sur d’autres personnes et plus généralement, sur des systèmes vivants, tels que bactéries, cellules sanguines, graines et animaux (10),

Au delà de l’affirmation globale que certains phénomènes psi sont démontrés au niveau expérimental, a-t-on avancé au niveau de notre compréhension ? Il est vrai que nous n’avons pas une théorie fondamentale, pour expliquer, physiquement, les processus en jeu dans un échange télépathique ou une précognition. Nous ne savons pas comment l’information psi est créée, transmise ou reçue. En revanche, on commence à définir des facteurs cognitifs, psychologiques ou psychophysiques qui semblent systématiquement liés aux résultats de sujets dans des tests psi, et qui rendent les données cumulées, positives et négatives, un peu plus intelligibles. Voici le ‘profil’ d’un sujet « idéal » d’expérience parapsychologique:

Il est ouvert à la réalité des phénomènes psi, convaincu d’en avoir vécu plusieurs fois, et confiant dans le fait de pouvoir le re-vivre dans un contexte de laboratoire (11),

Il est extraverti avec une aisance interpersonnelle plutôt que défensive (12),

Il manifeste une certaine porosité ou fluidité entre le moi conscient et les processus inconscients, ainsi qu’une aisance avec les états modifiés de conscience (13),

Il présente des traits cognitifs ou émotionnels liés à la créativité (14).

Pour résumer ce que j’ai développé jusqu’ici :

nous avons un domaine de recherche, la parapsychologie, qui a accumulé à travers une large nombre d’expérimentations, des résultats qui semblent confirmer la réalité de certains phénomènes psi ;

nous n’avons pas une théorie fondamentale pour expliquer ces phénomènes, en les intégrant dans nos représentations actuelles du monde ; donc on ne peut pas parler d’une compréhension scientifique du psi. Toutefois, nous avons pu remarquer des systématicités dans les données expérimentales au niveau cognitif ou psychologique, systématicités qui pourraient éventuellement éclairer la nature fondamentale du phénomène.

Applications : Quel est notre niveau de maîtrise des phénomènes psi ?

Pour aller plus loin dans ce cadrage épistémologique, on peut se poser la question au niveau du contrôle de ces phénomènes, et, par extension, de leur utilité. Est-ce que nous connaissons suffisamment l’objet de nos études pour pouvoir le reproduire à volonté, et ainsi introduire des applications, une sorte de technologie autour du psi ?
Là, avec la grand majorité des chercheurs en parapsychologie, je donnerai une réponse clairement négative : bien que les protocoles cités plus haut produisent, dans un certain pourcentage d’expériences, un résultat statistiquement significatif, on ne peut en aucun cas garantir que la prochaine tentative expérimentale produira un résultat positif ou utilisable. Pourquoi ?
Deux écoles de pensée se disputent ces dernières années, pour expliquer nos difficultés persistantes à maîtriser le psi :

une école épistemologiquement « classique », qui fait référence à l’énorme complexité des facteurs à démêler (ainsi qu’aux pénibles moyens mis à notre disposition pour le faire) ;

et une école plus radicale, qui attribue la maîtrise du psi à l’inadéquation de nos outils épistémologiques face aux phénomènes étudiés.

Le défi : Démêler la complexité

Prenons la première école, que je nomme « classique » parce qu’elle représente essentiellement le psi comme un objet ontologiquement classique, c’est-à-dire existant indépendamment de toute question qu’on adresse à son égard ; il est là et il attend, passivement, d’être révélé, comme n’importe quelle loi ou régularité dans la nature (la gravitation, l’impact de l’aspirine sur le système cardio-vasculaire, le choix de métier en fonction des traits de personnalité…).
La seule différence entre le psi et tout autre système ou phénomène qu’on veut étudier serait que les phénomènes psi sont à la fois extrêmement subtils, et sont inhibés par une grande complexité des facteurs peu contrôlables. Pour prendre une analogie un peu mécanique, le psi serait comme un « signal » extrêmement faible, qui est généralement masqué par le « bruit » dans lequel on vit et qui nous place dans « l’ici et maintenant » : bruit somatique (venant de notre système moteur, par exemple), bruit de nos sens (surtout orientés vers les signaux électromagnétiques « locaux »), bruit cognitif (nos préoccupations avec le présent et le passé, nos habitudes, nos préférences), etc.
Là nous sommes pleinement sur des questions qui sont loin d’être résolues même vis-à-vis des phénomènes « normaux » de la conscience : les difficultés d’étudier et surtout de reproduire des effets psi en laboratoire sont directement liées aux lacunes dans des domaines aussi variés que les sciences cognitives, les sciences biologiques, la physique, les études sur la personnalité etc.
A priori cette vision du psi comme un « signal faible » semble plausible. Pour la grande majorité de la population humaine, un phénomène psi est une rareté. Selon diverses enquêtes, les plupart d’entre nous vont vivre, au mieux une, deux, trois expériences psi dans une vie ; ce n’est pas un événement quotidien. Quand ces expériences ont lieu, elles semblent soit aléatoires, une coïncidence dépourvue de sens particulier, soit le résultat d’une irruption inattendue dans la conscience, dans des circonstances fortement chargées d’émotion et de sens, comme quand quelqu’un a ressenti la mort d’un de ses amis ou connaissances lors d’un accident.
Dans les deux cas d’émergence d’expériences psi, la situation ne semble pas très prometteuse pour ceux qui veulent en reproduire à volonté le phénomène, dans le contexte contrôlé et artificiel du laboratoire. C’est certainement un défi majeur que de comprendre et surtout, induire systématiquement, le complexe des facteurs qui amènent à une telle expérience.
Ajoutons à ces difficultés le peu de ressources qui sont consacrées à la recherche psi (il est estimé que le budget annuel investi dans tous les laboratoires de parapsychologie confondus est l’équivalent d’une journée de recherche en psychologie), et on peut commencer à comprendre la lenteur du progrès au niveau de la maîtrise du psi.
Toutefois, la conclusion ici est essentiellement optimiste : bien que la chose soit très difficile, et qu’elle puisse prendre encore des décennies, en principe on peut connaître et maîtriser le psi.

Le défi : changer de paradigme

La deuxième école de pensée, tout en reconnaissant la pertinence des arguments de la première, soutient que les racines du problème sont bien plus profondes : les phénomènes psi ne seront jamais reproductibles à volonté, et ne pourront jamais être traduites en une « psychotechnologie » fiable : notre approche épistémologique n’est pas adaptée aux phénomènes.
Il y a plusieurs versions de cet argument. Certains, comme le français François Favre, considèrent que les phénomènes psi sont intrinsèquement et inextricablement liés à une vision finaliste du psychisme humain (15). Le problème fondamental des systèmes d’explication en parapsychologie est qu’ils tentent de s’appuyer sur des épistémologies mécanistes, tandis qu’ils devraient s’appuyer sur une épistémologie finaliste, abordant de manière directe et irréductible le libre arbitre, l’intentionnalité et la créativité de la vie. La non-reproductibilité, et, plus encore, l’impossibilité de maîtriser le psi et de le traduire en une technologie est une conséquence directe de sa nature non-mécanique.
Walter von Lucadou s’est inspiré d’un rapprochement entre théories de systèmes et physique quantique, pour affirmer que les phénomènes psi, plutôt que d’être basés sur une causalité classique seraient une manifestation de non localité dans des systèmes complexes psychophysiques (16). De manière assez analogique au monde microphysique, il postule que dans les systèmes vivants il existe une complémentarité entre, d’un coté structure, ordre ou prédictibilité, et de l’autre autonomie, spontanéité ou générativité des nouvelles informations. Plus nous tentons, de l’extérieur, de rendre le système prédictible, fiable, exploitable, plus nous détruisons l’autonomie du système et les conditions nécessaires pour l’émergence « spontanée » (et non pas causale) des phénomènes psi.
Mais le plus fort questionnement d’une épistémologie « classique » dans la recherche psi vient, paradoxalement, des expérimentateurs – de ceux qui sont le plus engagés dans l’application de cette épistémologie. La recherche psi de laboratoire révèle en effet un certain paradoxe: elle utilise des méthodes scientifiques traditionnelles basées sur le concept de relations linéaires et causales, pour étudier un phénomène qui, au plus fondamental, défie notre conception de la causalité.

Dans une approche expérimentale classique, on cherche à isoler l’objet de l’expérimentation de toute influence qui ne sera pas étudiée par l’expérimentateur, et ceci pour pouvoir déduire, à partir des résultats, la contribution spécifique des facteurs étudiés. Et si on ne peut l’isoler, au moins on cherche dans nos analyses à prendre en compte formellement les facteurs externes le plus importants. L’ « isolation » de l’objet d’étude peut être physique, bien sûr, mais aussi et surtout informationnelle : par exemple, dans une étude sur l’efficacité d’une nouvelle crème contre le psoriasis, l’attribution des sujets dans un groupe expérimental ou contrôle, avant de lancer le traitement, doit être parfaitement équilibrée au niveau symptomatologique, ou au moins attribué de manière aléatoire, pour minimiser la possibilité de devoir un résultat non pas au traitement mais aux différences précédentes entre les individus. De même, les sujets ne doivent pas connaître les hypothèses du chercheur, ni savoir s’ils sont soumis à une crème active ou un placebo, et le technicien qui mesure l’évolution dermatologique de chaque sujet ne doit pas savoir si ce sujet appartient au groupe placebo ou au groupe expérimental, pour éviter le risque qu’il commette des erreurs inconscientes de mesure en faveur de ses attentes.

Dans la recherche psi, nous sommes en face d’un phénomène qui, presque par définition, ne respecte pas ce type de barrières informationnelles. Rien ne garantit que les sujets, ou le technicien faisant des mesures « en aveugle » ne soient pas inconsciemment au courant (par exemple, par une télépathie) des hypothèses préférées du chercheur. De même, rien ne garantit que l’expérimentateur n’utilise inconsciemment son propre talent psi, pour « orienter » l’expérience de façon à obtenir des résultats qui confirmeront ses convictions et ses hypothèses : par exemple, une précognition inconsciente peut l’aider pour choisir, parmi diverses manières d’attribuer des sujets dans la condition expérimentale vs. contrôle, celle qui produira une différence statistiquement significative, et ceci indépendamment des paramètres qu’il est en train de tester explicitement.
Il y a bien sur d’autres interférences psi possibles. Si on constate, statistiquement, que les individus peuvent avoir une influence légère sur des systèmes physiques (sur des générateurs aléatoires, ou sur des systèmes vivants), il n’y a aucune raison de penser que l’expérimentateur n’exercera pas de telles influences directement sur les systèmes mesurés.
Par exemple, le parapsychologue Charles Honorton était arrivé à l’hypothèse que la tension musculaire affectait l’effet PK: ceci dérivait de son observation de quelques sujets psi brillants, comme la russe Nina Kulagina, ou l’américaine Felicia Parise, qui exerçaient des efforts physiques extrêmes durant les sessions. Il testa alors un groupe de 6 sujets dans une expérimentation de microPK utilisant un générateur numérique aléatoire, et obtint des résultats significatifs pendant les périodes dites « avec tension », alors que les périodes « relaxation » donnèrent des résultats nuls. Mais, un autre expérimentateur – qui n’était pas convaincu de l’importance de la tension – testa 10 sujets et fut incapable de reproduire les premiers résultats. Honorton se prit alors lui-même comme sujet, et se testa avec le même protocole expérimental. Ce fut étonnant: résultats hautement positifs pour la condition avec tension, mais, en plus, hautement négatifs pour la relaxation. Comme si Honorton, déterminé à démontrer son hypothèse de la plus grande efficacité de la tension musculaire, poussait l’effet à son maximum, jusqu’à provoquer des résultats négatifs dans la condition « relaxation ». Ainsi, alors que la première expérimentation suggère une relation existant entre le psi et la tension musculaire, l’ensemble des expériences suggère au contraire qu’Honorton lui-même, a créé cette association qui serait alors vérifiée avec ou sans sujets expérimentaux présents (17) .

De telles expériences, révélant l’impact direct de l’expérimentateur sur les résultats, sont éparpillées un peu partout dans la recherche psi. Dans une des premières, explorant la microPK avec les dés, l’expérimentateur institua un protocole qui lui demandait, dans la moitié des essais, d’aider mentalement (et tacitement) le sujet en désirant la même cible que lui (condition « coopération »), et dans l’autre moitié des essais, de se concentrer sur l’obtention d’un autre résultat (condition « compétition »). En fait, des résultats forts et positifs furent obtenus par les sujets seulement dans la condition coopération, c’est-à-dire lorsque l’expérimentateur visait le même but qu’eux (18).
Dans une autre étude, des étudiants-expérimentateurs furent divisés en deux groupes, selon qu’ils étaient convaincus ou non de l’existence des phénomènes psi. Chaque groupe écouta une conférence qui renforçait sa croyance de base. On demanda ensuite à ces étudiants de faire passer des tests psi à des sujets, qui étaient assignés au hasard à l’un ou l’autre des expérimentateurs. Les tests consistaient en un court essai à deviner des cartes-cibles tandis qu’un agent télépathique regardait les cibles une par une. Les résultats furent parlants: les sujets des expérimentateurs « croyant au psi » obtinrent des résultats significativement plus hauts que les sujets des expérimentateurs « ne croyant pas au psi » (19).
Peut-être une des démonstrations le plus flagrantes de l’effet expérimentateur, est la plus récente, impliquant une comparaison directe entre un chercheur connu pour ses résultats positifs (Marilyn Schlitz), et un autre connu pour sa position sceptique vis-à-vis du psi (Richard Wiseman), et pour sa capacité de produire des résultats expérimentaux systématiquement au niveau du hasard. Le protocole choisi était un que les deux chercheurs avaient utilisé précédemment : celui du remote staring, dans lequel, à travers un circuit vidéo fermé, une personne, (l’émetteur) « braque » son regard sur l’image d’une autre personne (le récepteur), et essaie d’affecter son état physiologique. Le récepteur, sous la surveillance d’une caméra vidéo, est connecté à des capteurs de conductivité de la peau, qui mesure les micro fluctuations de sueur dans la main ; l’émetteur, dans une pièce éloignée, regarde l’écran qui, selon un timing aléatoire et inconnu au récepteur, va afficher ou non l’image du récepteur. Quand il voit cette image, l’émetteur essaie de « stimuler » l’autre par la pensée, sinon il reste dans un état neutre. Pour évaluer les résultats, on compare la conductivité de la peau du récepteur pendant les périodes ‘stimulation’ vs. ‘contrôle’.
Chacun des deux expérimentateurs avait déjà conduit des expérimentations de remote staring, avec des résultats opposés (20) .
Une première expérimentation collaborative etait faite à l’université où travaillait Wiseman, avec la participation de 32 sujets. En suivant le protocole, défini dans ses détails par Wiseman, la moitié des sujets était assignée à Wiseman comme expérimentateur, l’autre moitié à Schlitz. Les résultats : les sujets de Wiseman n’ont montré strictement aucune influence sur les récepteurs, tandis que le groupe testé par Schlitz était statistiquement significatif (21). Une deuxième expérience, avec des changements et des améliorations a été faite au laboratoire de Schlitz, au Noetics Institute. Les résultats des sujets de Wiseman étaient à nouveaux strictement attribuables au hasard, ceux de Schlitz statistiquement significatifs (22).
Mais le résultat le plus intéressant de cette collaboration était celui d’une troisième expérimentation: nul partout. Après avoir insisté sur encore une replication, mais cette fois-ci avec une centaine des participants, un protocole plus complexe, un rythme frénétique, et une démotivation avouée des deux expérimentateurs, ils ont découvert que l’hypothèse d’origine, d’un effet différentiel entre les deux, ne se confirmait plus .
Je trouve que ce résultat nul montre, avec élégance, que les paradoxes épistémologiques de la parapsychologie ne sont pas si faciles à résoudre : l’expérimentateur n’est pas dissociable des effets qu’il étudie, surtout quand ces effets impliquent directement son propre état, motivation, conviction, etc. Si Schlitz et Wiseman tiraient les conclusions de leurs propres résultats, ils réaliseraient qu’ils ne pouvaient continuer à répéter mécaniquement, ad nauseaum, le même protocole et s’attendrent à obtenir les mêmes résultats (23).

Y a t’il une sortie du problème ?

Il devient de plus en plus évident, en parapsychologie, que nous avons du mal à savoir jusqu’à quel point une systématicité dans les données de laboratoire est réellement révélatrice d’une « loi » qui gouverne les phénomènes psi, et qui pourrait ainsi être exploitée pour des applications, et jusqu’à quel point cette systématicité est due aux atteintes, convictions, hypothèses, dispositions mentales, état physique, etc. des investigateurs qui montent l’expérimentation (auquel cas, elle ne résistera pas longtemps aux tentatives de replication et d’utilisation).
Se pourrait-il que cette ambiguïté soit due à l’approche « universaliste » qui domine la recherche en parapsychologie ? Cette approche est fondée sur l’idée qu’on peut comprendre le psi en accumulant et en analysant des essais par un grand nombre d’individus sans talents spécialement marqués. L’hypothèse est que les résultats finaux reflètent l’accumulation des micro-effets de psi, générés par les sujets, mais ce qui est oublié c’est l’hypothèse alternative : que l’expérimentateur, qui est le plus impliqué et le plus motivé par l’obtention d’un résultat final significatif, contribue bien plus à ce résultat de façon non -intentionnelle.
Pour sortir de ce problème, ne suffirait-il d’abandonner la recherche « universaliste », qui accentue le rôle de l’expérimentateur, et d’adopter une approche « élitiste », focalisée sur des sujets dont la maîtrise du phénomène est indiscutée et les manifestations psi d’envergure ?
Utilisée depuis le lancement de la recherche sur les phénomènes psi, il y a 150 ans, cette approche relève du bon sens : il semble plausible que, face à un vrai sujet psi, la contribution relative de l’investigateur aux résultats sera mineure, et que leur « objectivité » sera donc plus facile à établir. Toutefois, l’approche élitiste ne nous sort pas réellement de nos problèmes épistémologiques.

Pour commencer, un obstacle pratique, mais majeur : la difficulté de trouver des sujets « doués » : Depuis le XIXe siècle, on peut nommer peut-être une vingtaine de sujets qui sont à la fois réellement exceptionnels et prêts à collaborer dans la durée avec des scientifiques (Alexis Didier, Daniel Douglas Hume, Eusapia Palladino, Eleonora Piper, Gladys Osborne, Eileen Garrett, Rudi Schneider, Matthew Manning, Ingo Swann, Pat Price, Joe McMoneagle…). Il est compréhensible qu’une fois qu’ils ont trouvé de telles personnalités, les chercheurs « sautent » sur elles pour étudier les phénomènes associés, mais il est évident d’autre part que la recherche ne dure que le temps de l’étude du sujet, et qu’après cela elle reste en panne de matériau.
L’autre problème avec cette approche, tant du point de vue épistémologique que de ses applications, est qu’on dépend complètement des particularités du sujet, de son histoire, ses humeurs, sa santé, la qualité relationnelle de la collaboration qu’on établit avec lui, etc. Si, par exemple, cette personne est convaincue que le psi ne peut pas être utilisé à des fins matérielles (pour gagner au loto) et on constate, après maints tests, qu’effectivement, il n’arrive jamais à prédire le loto, est-ce parce qu’il a raison, ou parce qu’il le croit ? Tant que nous ne travaillons pas sur un nombre important de sujets, representatifs de la population, il est très difficile de savoir jusqu’à quel point les résultats obtenus impliquent une seule personne, ou sont indicatifs d’une loi générale, applicable à tout le monde.
Enfin, par le témoignage et des chercheurs passés et des sujets, il est évident que nous n’échapperons pas, même dans l’approche élitiste, à l’impact de l’investigateur, de ses idiosyncrasies, ses intentions, ses convictions : tout sujet doué, depuis le début de la recherche, a déclaré, de manière répétée, sa difficulté de produire un phénomène face à l’hostilité ou la méfiance de ceux présents. Même les sujets doués, en d’autres termes, semblent reconnaître que les phénomènes psi sont de nature collective, fondés sur un « réseau » d’acteurs, plutôt que révélateurs d’une relation simple de cause à effet. Ce qui veut dire, encore une fois, que nous ne pouvons, là non plus, pas décrire une « recette », fiable, de replication – et, par conséquence, d’exploitation – des phénomènes psi.

Faut-il donc abandonner, tout simplement, la recherche en laboratoire, en supposant que les problèmes épistémologiques naissent de l’approche expérimentale, qui introduit des contraintes et des contrôles artificiels pour délimiter l’objet d’étude ? Peut-on s’appuyer sur des approches « non-interventionnistes » (naturalistes, historiques, analytiques, ethnologiques, etc. ) pour nous sortir de l’impasse ? Malheureusement, je ne pense pas non plus.
D’abord, tout comme la recherche en laboratoire, ces formes d’investigation sont toujours chargées de présupposés théoriques, et les barrières informationnelles qui sont censées séparer nos idées de nos observations ne sont pas efficaces. Deuxièmement, tout phénomène qui a lieu dans le contexte complexe de la vie réelle implique forcément un nombre indéfini de facteurs et de paramètres incontrôlés ; pour pouvoir vérifier une apparente systématicité entre observations et notre interprétation des « lois » cachées derrière, nous serons inéluctablement amenés à reprendre une approche expérimentale (c’est-à-dire, artificiellement délimitée) et tester nos hypothèses, ce qui nous ramènerait, à nouveau, aux limites de l’approche expérimentale.
En fait, que ce soit par des approches de terrain ou de laboratoire, que ce soit par des recherches élitiste ou universaliste, les démarches épistémologiques sont fondées sur l’idée que le psi est un objet ontologiquement classique, existant indépendamment de nous et résistant à nos interrogations. Or, de plus en plus, données et théorie nous confrontent à la possibilité que les phénomènes psi ne puissent pas être étudiés de manière classique, c’est-à-dire avec « séparation » entre idées, théories, convictions et données, résultats, et faits.

Conclusion : le défi épistémologique de la parapsychologie

Il est vrai que, sans même considérer la parapsychologie, l’idéal « d’objectivité » du scientifique est difficile à maintenir dans de nombreux domaines de la science. Particulièrement dans les études impliquant des sujets humains ou des animaux, les faits tenus pour vrais par les chercheurs, leurs attentes et leur hypothèses, tendent à influencer les données obtenues. Mais tant que nous assumons que de telles influences sur les données dépendent de canaux « normaux » de connaissance et de communication, même si nous les considérons comme subtils et subliminaux, nous pourrons encore imaginer différents types de contrôle capables d’isoler l’expérimentateur de l’objet de son étude, afin d’obtenir des résultats non biaisés par son état d’esprit. Nous pouvons encore, du moins en principe sinon en pratique, préserver l’objectivité.
Mais il est impossible, même en principe, d’isoler l’investigateur de certaines facettes cruciales de son expérimentation, si nous acceptons qu’il peut – soit par une information psi, soit par une influence directe sur les systèmes mesurés – induire des résultats en cohérence avec ses hypothèses et ses convictions. Et cela dépasse le cadre de la parapsychologie pour toucher plusieurs domaines scientifiques.
Pour prendre un seul exemple : comme déjà mentionné, les recherches sur la biopsychokinèse semblent établir la possibilité d’une influence humaine directe, à distance, sur un très large éventail des systèmes biologiques, allant de la bactérie à l’état physiologique d’une autre personne. Vu ce que nous avons discuté plus haut (par exemple, dans les expériences de Schlitz et Wiseman), nous sommes obligés de supposer qu’en partie ces effets sont déclenchés non pas par ceux déclarés officiellement comme sujets mais plutôt par les investigateurs et la dynamique créee par leurs attentes, espoirs, état d’esprit, etc. Dans ce cas-là, il semble fortement plausible que ces mêmes facteurs psychologiques puissent agir « accidentellement » dans divers contextes expérimentaux – psychoneuroimmunologie, pharmacologie, recherche médicales avec animaux et humains, etc.
En d’autres termes, je pense que notre façon d’interroger le monde et d’établir la validité et l’utilité de nos connaissances, ne sorte pas indemne d’une examen honnête de la recherche parapsychologique. Si les « faits » établis expérimentalement ne peuvent pas, même en principe, être isolés et dissociés de « notre méthode de questionnement », nous sommes obligés de reconnaître l’existence d’un problème fondamental dans l’approche épistémologique de la science.
Peut-être devons-nous considérer alors une science radicalement différente, dans laquelle la stricte objectivité laisse la place à l’intersubjectivité et les intentions, les espoirs et les visions deviennent des dynamiques que l’on doit prendre en compte, et non tenter de neutraliser, comme c’est le cas dans une vision objectiviste de la réalité.
L’exploration scientifique ne serait alors plus comparable à l’appréhension et à la conceptualisation d’un cosmos déjà complet, mais serait mieux définie comme une façon de donner naissance à de nouveaux mondes de possibilités.

Notes

1. Meheust, Savants, 2004

2. Rabeyron, Mythes, 2004

3. cité dans Bowles, Psi Search, 1978, p.26

4. ESP : extrasensory perception, en français, perception extra-sensorielle.

5. Hebb, Role, 1951

6. Hansel, ESP, 1966

7. Voir : Honorton, Psi, 1977, Bem et al, Does psi exist, 1994, Bem et al, Updating, 2001

8. Voir : Honorton, Future, 1991 ; Radin, Electrodermal, 2003

9. Voir : Radin et al, Evidence, 1989 ; Jahn, Correlations, 1997

10. Voir : Schmidt, Distant, 2004 ; Braud, Can our intentions, 1994

11. Lawrence, Metanalysis, 1994

12. Honorton et al, Extraversion, 1990

13. Honorton, Psi, 1977 ; Schechter, Hypnotic, 1984 ; Holt et al, Creativity, 2004

14. Morris et al, Evidence, 2003

15. Favre, Psi et Intentionalité, 2005

16. par exemple : von Lucadou, The Endo, 1994

17. Honorton, PK performance, 1972

18. Humphrey, Help hinder, 1947

19. Parker, Pilot study, 1975

20. voir : Schlitz, Autonomic, 1994 ; Wiseman et al, Two further, 1995

21. Schlitz et al, Experimenter, 1997

22. Wiseman et al, Replication, 1999

23. Schlitz et al, Of two minds, 2005

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