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Introduction aux débats et controverses en parapsychologie

Introduction aux débats et controverses en parapsychologie

Introduction à la notion de controverse en parapsychologie

La parapsychologie entend étudier scientifiquement, sans a priori et avec esprit critique, les phénomènes inhabituels et mal connus du psychisme, dénommés « Psi ». Comme dans toute autre discipline scientifique, les parapsychologues émettent des critiques et discutent les travaux de leurs collègues. Ils publient dans des revues spécialisées ayant un comité de lecture anonyme, mais également dans des revues dites « mainstream » (cf. pour une liste de publications d’articles de parapsychologie dans ce type de revues). Si la parapsychologie est pour certains encore au stade d’une pseudo ou para-science, une approche de type sociologie des sciences constate que ses démarches concrètes correspondent à ce qui est attendu d’une discipline scientifique (cf. le mémoire de Marie-Catherine Mousseau sur notre site et aussi les références données en fin du présent article : Collins & Pinch, 1979/1991 ; Latour, 2001). Rappelons que la Parapsychological Association (Association Parapsychologique) a été admise au sein de l’American Association for Advancement of Science (Association Américaine pour le Progrès Scientifique) depuis 1969. Tout chercheur souhaitant s’informer sur la parapsychologie peut consulter les publications mainstream ou interroger les centres universitaires et autres sociétés savantes s’occupant de ces questions, dont l’IMI tente d’être le relais.

Il y a de nombreuses raisons de penser que les phénomènes dits paranormaux constituent un ensemble de phénomènes bien spécifiques qu’il est intéressant d’étudier scientifiquement. Ils ont fait de tout temps partie de l’expérience humaine et il existe une multitude de cas spontanés et d’observations répertoriées. Il existe également de nombreuses recherches expérimentales avec des résultats parfois très significatifs, malgré d’indiscutables difficultés à en obtenir la reproductibilité. Cependant, la parapsychologie manque généralement d’une reconnaissance officielle au niveau académique (pour un état des lieux à ce propos, consulter le Livre blanc de la parapsychologie sur notre site).

Par son objet, centré sur une relation qualifiable de psycho-physique, la parapsychologie fournit de nombreux sujets de débats. Qu’ils soient épistémologiques, méthodologiques ou d’une portée philosophique plus générale, etc., ils ne manquent pas d’ouvrir sur de nouveaux horizons scientifiques et incitent à la réflexion.

Cependant, la majeure partie des controverses est alimentée par les mouvements dits « sceptiques ». Il est important de tenir compte de leur regard, porté de l’extérieur sur le travail réalisé par les parapsychologues, tout en faisant la part des critiques justifiées, et celle des critiques reposant sur des informations ou des argumentations erronées. C’est pourquoi nous publions dans cette rubrique plusieurs articles consacrés au scepticisme.

Situation actuelle de la problématique

Il existe en France un mouvement sceptique très actif depuis les années 80 représenté principalement par l’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS), l’Union Rationaliste (UR), l’Observatoire Zététique (OZ), le Laboratoire de Zététique de Nice (LZ), le Cercle Zététique (CZ, dissout pour mutation en 2005, mais qui conserve une présence sur Internet) et par quelques indépendants.

Ce mouvement est également répandu largement au niveau international (le Committee for Skeptical Inquiry, ex-CSICOP, qui a plus de 65 antennes partout dans le monde ; en Italie, le CICAP ; en Allemagne, le GWUP, etc.). Ces groupements admettent pour la plupart ne pas avoir une politique de recherche mais « d’éducation », qui consiste concrètement à s’adonner à des actions de lobbying et d’activisme visant à discréditer le domaine du paranormal dans son ensemble, sans toujours un grand discernement (cf. Pinch & Collins, 1984).

La parapsychologie universitaire en ressent parfois les conséquences, principalement en France où il n’existe actuellement aucun laboratoire universitaire de parapsychologie, les seuls chercheurs et étudiants intéressés risquant ainsi d’évoluer dans un contexte plutôt hostile à leurs travaux. Dans le même temps, la « zététique à la française » se répand et s’implante à l’université (Nice, Grenoble) ou dans le secondaire, diffusant souvent des contre-vérités sur la parapsychologie, en privilégiant la désinformation et des méthodes pseudo-scientifiques. La pensée zététique cherche souvent à se diffuser le plus largement possible sans se soumettre en parallèle à la démarche scientifique de critique par les pairs (expériences ou analyses publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture, correction des informations et argumentations dont il a été démontré la fausseté, etc.).

Position de l’IMI

L’IMI a lui-même pu être attaqué par les mouvements sceptiques, soit en tant que fondation ayant pour but la recherche en parapsychologie, soit par des attaques ad hominem portant sur ses membres ou ses proches collaborateurs.

Il existe toute une gamme d’arguments sceptiques avancés contre la métapsychique, la parapsychologie et l’IMI, en particulier, qui ont déjà reçu des réponses argumentées. Mais souvent ces réponses sont ignorées, figeant la représentation de ce domaine et immobilisant le débat. Quand elles ont déjà été maintes fois réfutées, l’Institut ne juge pas utile de répondre systématiquement à ces attaques. Plusieurs articles dans notre rubrique « Débats et controverses » font un inventaire de ces critiques redondantes et des réponses qu’elles ont reçues, tandis que d’autres pointent des lacunes persistantes dans les argumentations sceptiques. Les membres de l’IMI veulent encourager un véritable examen critique des données de la métapsychique, en souhaitant que celui-ci se fasse sur le terrain de la rationalité et de la recherche scientifique, sans rentrer pour autant dans la surenchère des polémiques et attaques ad hominem en retour. Cela dit, chaque fois que des arguments originaux et pertinents seront émis, l’Institut ne manquera pas de se rendre disponible pour une discussion approfondie.

Quelques articles à lire

A celui qui veut se faire une idée de l’état de la controverse, nous pouvons proposer la lecture des articles suivants, disponibles sur le site de l’IMI :

discutant les arguments et méthodes sceptiques :

  • Les différents aspects du scepticisme, extrait d’un livre de Dean Radin

développant des points de controverses spécifiques :

  • Débat sur la télépathie entre Rupert Sheldrake et Lewis Wolpert
  • La méta-analyse en parapsychologie ! (https://www.metapsychique.org/La-meta-analyse-en-parapsychologie.html), de Jean Buisson, discute de problèmes méthodologiques statistiques en réponse à une critique d’Henri Broch.
  • Devenez savants : découvrez les sorciers, Lettre à Georges Charpak de Bertrand Méheust, qui développe l’aspect historique, en se demandant si la métapsychique avait véritablement été jugée.

explorant davantage les dimensions épistémologiques ou les dynamiques sociales :

  • Croire ou ne pas croire à la voyance : enjeux de savoir, enjeux de pouvoir, de Paul-Louis Rabeyron
  • Parapsychologie, pratique scientifique et rationalisme, de Pierre Lagrange, qui analyse le rapport du scepticisme avec l’institution scientifique
  • Dubois d’Amiens et Broch de Nice : fonctions du sceptique, par Renaud Evrard, qui fait un parallèle entre deux figures du scepticisme, l’une du début du XIXe siècle et l’autre contemporaine.
  • Table ronde sur le thème « Science et Parapsychologie », avec Bertrand Méheust, Isabelle Stengers, Pierre Lagrange et Grégory Gutierez, lors du congrès de la Parapsychological Association à Paris en 2002.

Enfin, deux articles sont relatifs à Marcello Truzzi, promoteur de la notion de zététique :

Cette approche de Marcello Truzzi est originale et se désigne comme sceptique, mais rationnelle et ouverte au débat, voulant ainsi se distinguer des formes critiques dite du « pseudo-scepticisme », beaucoup moins rigoureuses et malheureusement à l’origine de la plupart de nombreuses idées véhiculées médiatiquement. L’usage français majoritairement fait de ce terme s’est éloigné de son projet initial.

Cette notion de « pseudo-scepticisme » tente de rendre compte de nombreux cas de prétentions sceptiques affirmées, mais caractérisées par un manque de rigueur scientifique. Pour une réfutation plus détaillée de nombreux travaux sceptiques et pseudo-sceptiques, l’IMI vous propose de vous reporter au site suivant : http://www.pseudo-scepticisme.org

Enfin, pour terminer, voici quelques références d’auteurs non parapsychologues

S’étant intéressés à la problématique controverse/sceptiques et à partir d’approches philosophique ou socio-historique, ils ont tenté de montrer que, si les parapsychologues devaient être critiquées, ce n’était pas à cause de leur manque de rigueur scientifique et méthodologique. Les voici :

Collins, H.M., & Pinch, T.J. (1991) [1979]. « En parapsychologie, rien ne se passe qui ne soit pas scientifique… », La science telle qu’elle se fait, Latour, B., Paris, Editions la Découverte, pp. 297-343. Originalement publié en anglais : “The construction of the paranormal: Nothing unscientific is happening”. In Sociological Review Monograph No. 27: On the margins of science: The social construction of rejected knowledge, edited by Roy Wallis, 237-70. Keele: University of Keele.

Latour, B. (2001). Sciences et para-sciences : une question mal posée ? Texte révisé d’une conférence tenue à Genève le 11 mai 2001.

Pinch, T.J., & Collins, H.M. (1984). Private Science and Public Knowledge : The Committee for the Scientific Investigation of the Claims of the Paranormal and Its Use of the Literature. Social Studies of Science, 14 : 521-546.