Home
Situation de la parapsychologie scientifique : bilan et perspectives

Situation de la parapsychologie scientifique : bilan et perspectives

Par Pascale Catala

Publié initialement dans « La Gazette Fortéenne » en 2002,
cet article se propose de dresser un bilan sommaire de la parapsychologie scientifique, en passant en revue son historique, ses résultats, ses controverses, tout en essayant d’expliciter son positionnement et sa spécificité au sein du contexte du « Paranormal ». Une attention particulière est portée à la situation en France.

I. Définitions et enjeux de la parapsychologie

La parapsychologie, jeune discipline dont on peut situer l’origine vers 1882 (fondation de la Society for Psychical Research) ou vers 1930 (son entrée dans un laboratoire de recherche), tente d’émerger de la « nébuleuse du paranormal » en invoquant ses méthodes scientifiques et en définissant restrictivement son objet d’étude.
Traditionnellement, le paranormal recouvre l’ensemble des énigmes scientifiques se rapportant à des phénomènes rares et étonnants, dont les phénomènes parapsychologiques ne sont qu’un sous-ensemble.
Il n’existe pas encore actuellement de consensus absolu sur la manière d’énoncer les spécificités de la parapsychologie, mais on peut avancer la définition suivante, très générale :

La parapsychologie est l’étude rationnelle, approfondie, et pluridisciplinaire des faits semblant inexplicables en l’état actuel de nos connaissances scientifiques, et mettant en jeu le psychisme et son interaction avec l’environnement.

Au cours du temps, plusieurs dénominations et définitions successives ont été utilisées, qui mettaient respectivement l’accent sur tel ou tel aspect des phénomènes, et qui souvent contenaient des hypothèses implicites.
En premier lieu, l’appellation « métapsychique » a été proposée par Charles Richet pour désigner « l’étude des phénomènes mécaniques ou psychologiques dus à des forces qui semblent intelligentes ou à des puissances inconnues latentes dans l’intelligence humaine ».
En 1889, Max Dessoir forge le terme « parapsychologie » pour spécifier « toute une région frontière encore inconnue qui sépare les états psychologiques habituels des états pathologiques ».
Pour J.B Rhine, qui le premier a introduit la parapsychologie dans le milieu universitaire, la parapsychologie est simplement l' »étude des phénomènes paranormaux », c’est-à-dire télépathie, clairvoyance, précognition, et psychokinèse (voir plus loin les spécifications respectives). Cette définition, qui revient en fait à citer explicitement la liste des phénomènes étudiés, est encore majoritairement employée par l’école américaine et par la plupart des laboratoires dans le monde, bien que certains (à Edimbourg) insistent plus particulièrement sur l’aspect communicationnel :
« Etude des moyens de communications entre les organismes et leur environnement, autres que ceux actuellement expliqués par la communauté scientifique. »
Thouless et Wiesner ont introduit en 1942 l’expression « Phénomène PSI » (et non « psy »), de la lettre grecque Psi, qui se voulait un terme neutre simplement destiné à désigner le « facteur inconnu » dans les expériences de parapsychologie, en opposition avec les communications sensori-motrices habituelles. Les Québécois ont ensuite adopté la dénomination « Psilogie », plus neutre selon eux que « parapsychologie ».
L’appellation « Psychotronique » a été également en vigueur un moment, notamment dans les pays de l’Est, mettant l’accent sur l’aspect énergétique supposé.
Dans les années 70 en France, des réflexions philosophiques ont amené des chercheurs à proposer la définition suivante : « Dans l’état actuel des connaissances, les phénomènes psi peuvent être définis comme objectivement inexplicables (il sont quasi impossibles physiquement parlant), mais subjectivement compréhensibles (ils sont chargés de sens pour la ou les personnes concernées, au niveau conscient, ou, plus souvent, au niveau inconscient). » Certains ont étendu cette notion en posant que les phénomènes psi sont ceux qui contredisent le principe de causalité, d’autres que ces phénomènes ont la particularité de nous faire croire à la transcendance.
On voit donc que selon les aspects particuliers que l’on considère : normal/pathologique, énergétique , communicationnel, causal/transgressif , comportemental, etc… les limites du champ d’étude psi peuvent varier. Cependant les phénomènes principaux (ESP et PK) sont reconnus par tous comme le noyau central du corpus parapsychologique. La notion d’intervention du psychisme est également fondamentale quelles que soient les approches.
La parapsychologie, de même que la plupart des sciences, n’obtient pas le consensus de tous les chercheurs quant à son objet d’étude, et en cela elle s’inscrit comme toute entreprise humaine, dans une démarche socialement orientée.

II. Phénomènes

Bien que, historiquement, de très nombreuses typologies aient été proposées, on peut dire qu’actuellement, les phénomènes étudiés par la parapsychologie se répartissent en deux grandes catégories : ESP et PK

ESP (Extra Sensory Perception)

Ce terme signifie que des connaissances peuvent être acquises en dehors des contacts sensoriels habituels.

Télépathie

Communication directe de psyché à psyché ou « transmission de pensée ».

Clairvoyance

Prise de connaissance directe d’un événement, d’un objet, … en dehors des contacts sensoriels habituels.
Différents phénomènes peuvent se rapporter à la clairvoyance :

Psychométrie : clairvoyance effectuée avec le support d’un objet (ex : montre ayant appartenu à une personne)

Autoscopie : visualisation/clairvoyance de l’intérieur de son propre corps.

Vision à distance (ou Remote Viewing) : clairvoyance d’un lieu éloigné (le sujet peut décrire le lieu comme s’il s’y déplaçait).

Radiesthésie : prise de connaissance d’événements ou d’objets avec l’aide d’un pendule ou d’une baguette de sourcier (découverte d’eau, ou de personnes disparues). La radiesthésie peut s’opérer soit sur le lieu de recherche, soit sur plan.

Xénoglossie : fait de pouvoir parler (ou comprendre) une langue sans l’avoir apprise.

Et bien sûr toutes les autres « mancies », c’est-à-dire clairvoyances effectuées à l’aide de support divers (boule de cristal, cartes, etc.).

Précognition/ rétrocognition

Connaissance d’événements, de lieux, d’objets … dans le futur (Précognition) ou le passé (Rétrocognition). Evidemment la précognition est le phénomène qui semble défier le plus notre sens commun, puisque les événements ne se sont pas encore produits au moment où le sujet en prend connaissance.

PK

Psychokinèse, ou psychocinèse, ou télékinésie :
action directe du psychisme sur la matière, sans contact, sans moyen physique décelable.

Macro-PK : Psychokinèse produisant des effets directement observables à l’œil nu (torsion de métal, déplacements d’objets …).

Micro-PK : Psychokinèse sur des particules atomiques (par ex. dans des Générateurs d’Evénements Aléatoires) ou sur des systèmes en évolution, et produisant des effets repérables seulement par une analyse statistique qui montre que les évènements aléatoires ne se sont plus conformés exactement au hasard.
Remarque : les expériences de lancés de dés sont à cheval sur les deux catégories (macro/micro).

Bio-PK : Psychokinèse sur la matière vivante (organes malades, bactéries, plantes, cellules animales ou végétales etc…). Guérisons paranormales.

RSPK (Recurrent Spontaneous PK) ou Poltergeist : phénomène apparaissant spontanément et de façon récurrente dans l’entourage d’une personne : raps (bruits inexplicables), déplacements ou bris d’objets, pluie de pierres, coups etc…

Ectoplasmie : matérialisation d’une substance émanant du corps d’un sujet, et pouvant prendre des formes variées : corps humain total ou partiel, objets ou animaux …

Psycho-photographie : impression d’une pellicule photo par le psychisme.

Autres phénomènes

ESP et PK sont les catégories les plus étudiées par les parapsychologues. Cependant, beaucoup d’autres phénomènes paranormaux peuvent faire également partie du corpus. La plupart peuvent s’expliquer en termes d’ESP et PK, bien que ces interprétations requièrent parfois des constructions intellectuelles complexes. Il ne faut pas perdre de vue que les catégories spécifiées ne sont que des grilles d’analyse établies par commodité.
Certains des phénomènes suivants ont été interprétés au cours de l’histoire, soit dans un contexte religieux, soit comme indication de la survie de l’âme.

Apparitions : perception de personnes, animaux, entités ou objets … dans un lieu donné, alors que leur présence en ce lieu est impossible (ex: apparition de la Vierge, de personnes décédées (« fantômes »), boules lumineuses …)

Hantises : phénomènes liés à un lieu (souvent châteaux ou vieilles maisons) où se produisent des apparitions de fantômes et souvent des phénomènes de RSPK.

Médiumnité : « possession » apparente d’un sujet-médium par un « esprit », lévitation de tables, coups frappés, acquisition d’information paranormale, réception de messages par « écriture automatique » etc. (considérés comme provenant d’esprits désincarnés).

TCI (Transcommunication Instrumentale) : enregistrement sur supports audio/vidéo/photo etc … d’images, de messages, ou de bruits paranormaux, attribués par les pratiquants à des esprits de défunts.

Lévitation : soulèvement d’objets pesants ou du corps humain (souvent chez les mystiques).

Anomalies psychosomatiques : fakirisme, marche sur le feu, stigmatisation (apparition paranormales de marques sur le corps) , inédie (survie sans alimentation), thanatose (conservation des corps après la mort) etc. : phénomènes dans lesquels les limites physiologiques du corps humain semblent repoussées.

OBE (Out of Body Experience) : Etat de conscience dans lequel le sujet a l’impression que sa conscience est dissociée de son corps physique qu’il peut observer à distance. Pendant cette expérience il peut y avoir acquisition paranormale d’informations.

NDE (Near Death Experiment) : Expérience se produisant essentiellement dans un état de « mort imminente », dans laquelle le sujet éprouve d’abord une OBE puis diverses sensations (passage dans un tunnel, aspiration vers une lumière, etc…), et produisant des modifications psychologiques durables.

Hypnose (antérieurement appelée « somnambulisme ») : état de très grande suggestibilité, où peuvent se produire différents phénomènes (auto/hetéro-scopie, clairvoyances, hyperesthésies, anesthésies …)

Synchronicités : coïncidences temporelles de deux ou plusieurs événements , physiques ou psychiques, qui ne sont pas liés causalement, mais par leur sens.

Divinations (par l’astrologie, les runes, le Yi-King, etc…) fondées sur des relations de synchronicité.

Cette liste n’est pas exhaustive et on peut remarquer que chaque contexte historico-psycho-sociologique engendre ses propres phénomènes, dont le point commun est le rapport esprit/matière inhabituel.

III. Historique

Si depuis l’aube de l’histoire humaine, on peut retrouver des témoignages d’événements pouvant se rapporter aux phénomènes paranormaux (dans le chamanisme, la magie, la sorcellerie, les miracles …), la préoccupation de leur évaluation rationnelle n’a pu se faire qu’avec le développement de la Science en générale. Ce sont les Grecs qui les premiers ont commencé à se poser des questions à leur sujet, tandis qu’ils introduisaient les prémisses de la recherche philosophique et scientifique.
Pendant la Renaissance, les découvertes scientifiques et techniques se sont progressivement construites, au détriment des « superstitions et vieilles croyances religieuses ». Les chasses aux sorcières étaient le signe d’un mouvement foncièrement anti-magique où la phénoménologie paranormale était totalement refusée.
Il n’en reste pas moins qu’au 17ème siècle, Francis Bacon, l’instigateur de la méthode inductive en science, eut le premier l’idée d’utiliser cartes et dés pour l’étude scientifique des phénomènes parapsychologiques.
Au 18ème siècle, Messmer et Puységur introduisirent le « somnambulisme magnétique » (méthode thérapeutique fondée sur ce que nous nommons aujourd’hui l’hypnose), qui engendrait nombres de phénomènes étranges que l’on qualifierait aujourd’hui de parapsychologiques. Le Mesmérisme connut une popularité sans limites, ce qui finit par provoquer des débats académiques, jusqu’au milieu du 19ème siècle qui vit l’éviction officielle du magnétisme en France par l’Académie de médecine. L’Allemagne fut plus réceptive au « somnambulisme », des chaires de « magnétisme » apparurent à l’Université, et peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que de nombreux scientifiques et philosophes allemands se sont intéressés de près à la parapsychologie (Schopenhauer, Hegel, Goethe, Schrenck-Notzing …)

Vers 1848, les soeurs Fox lancèrent la vogue du spiritisme, qui devait devenir par la suite un mouvement quasi-religieux, mais dont les phénomènes intriguaient fortement bon nombre d’intellectuels. Durant le 19ème siècle, la montée en puissance du « positivisme logique » avait conduit à considérer l’observation des faits comme la seule voie rigoureuse d’acquisition de connaissances scientifiques, malgré l’opposition fondamentale de la mentalité « romantique ». C’est dans ce contexte que fut fondée en 1882 en Angleterre la SPR (Society for Psychical Research), dont le but était « d’examiner sans préjugés ou influence et dans un esprit scientifique ces facultés de l’homme, réelles ou supposées, qui apparaissent comme inexplicables par quelque hypothèse générale reconnue ». Parmi les membres fondateurs de la SPR, on pouvait compter de grands noms de la recherche scientifique ou philosophique, parmi lesquels certains affichaient des tendances « spiritualistes », alors que d’autres se déclaraient très réticents quant à « l’hypothèse de la survie de l’âme ». Tous désiraient vérifier et étudier rationnellement les phénomènes métapsychiques, en particulier ceux produits par des médiums lors de séances spirites. On peut citer notamment, en tant que membres les plus célèbres de la SPR : F. Myers, H.Sidgwick, E. Gurney, le prix Nobel C. Richet, le philosophe H. Bergson, l’astronome C.Flammarion, et … Sigmund Freud ! Le principal apport de la SPR a été à cette époque de collecter une somme énorme de témoignages de cas de télépathie, d’apparitions, etc., tout en menant des enquêtes permettant de crédibiliser ces témoignages. Le succès de la SPR conduisit des universitaires américains, dont le philosophe et psychologue William James, à fonder en 1885 l’ASPR (American Society for Psychical Research). La SPR et L’ASPR ont ensuite mis sur pied un grand nombre d’expérimentations dans des conditions de laboratoire, permettant d’établir des résultats fiables.
Il n’est guère de grande nation européenne qui ne désirât par la suite fonder sa propre institution de recherche.
A témoin en France l’Institut Métapsychique International, créé en 1919, fondation reconnue d’utilité publique, et devenu célèbre entre autres par ses études sur la télépathie de groupe (R.Warcollier) et ses expérimentations avec des sujets doués. Ainsi le Dr Geley a-t-il réalisé une série d’expériences avec des médiums comme F.Kluski et J.Guzik, obtenant de fascinants « moulages ectoplasmiques », le Dr Osty a-t-il entrepris des études approfondies sur des sujets clairvoyants, des peintres spirites, etc. Plus encore, l’IMI a publié pendant de nombreuses années une revue de très grande qualité, la « Revue Métapsychique ».
Dès 1920, la recherche parapsychologique débuta aux Pays-Bas, avec le professeur Tenhaeff qui devait plus tard se faire connaître par ses recherches sur des cas spontanés de voyance, notamment avec le célèbre voyant G. Croiset dont la spécialité était de retrouver les personnes disparues.
En Allemagne, la renommée de « l’Institut pour les Zones Frontières de la Psychologie », fondée par Hans Bender en 1930, fut retentissante. Cet institut a étudié entre autres les rêves prémonitoires, et surtout a enquêté très sérieusement sur les phénomènes de poltergeists. Bender reste le grand précurseur en ce qui concerne l’abord psychologique/psychanalytique des phénomènes psi.
La Société Italienne de Métapsychique naquit, quant à elle, en 1937, « dans le cadre officiel de la culture nationale », et se distancia du spiritisme en déclarant l’hypothèse de la survie « non-scientifique ». L’historien des religions De Martino milita pour une recherche en « ethno-métapsychique ».
De nombreux pays, comme la Pologne ou la Russie, participèrent à la recherche en parapsychologie.

Les années trente marquent un grand tournant dans l’histoire de la parapsychologie : en 1934 fut fondé le premier laboratoire institutionnel de parapsychologie à la Duke University de Durham (Caroline du Nord), dirigé par J.B Rhine. L’approche de Rhine, et de son épouse Louisa, devaient influencer radicalement toute la recherche américaine future en parapsychologie. L’apport de Rhine peut se résumer en 5 grands principes :

application des méthodes de la psychologie expérimentale pour standardiser les procédures et rendre les expériences plus objectives

évacuation du spiritisme (bien qu’au départ, Rhine ait été surtout intéressé par l’étude de l' »âme ») et restriction à l’étude des phénomènes ESP et PK sous la dénomination de « Parapsychologie »

utilisation de la méthode statistique introduite par C. Richet pour l’établissement de « preuves expérimentales »

étude des facultés présentes en chacun et non plus seulement des cas spectaculaires des grands médiums (approche « universaliste » plutôt qu’approche « élitiste »)

recherche de lois, de principes, de conditions optimales pour l’obtention des phénomènes psi.

Après cette étape fondatrice, de nombreuses recherches expérimentales se sont poursuivies aux USA dans la lignée rhinienne, pour la plupart au sein d’instituts de recherche privés.
En France, l’opposition à la métapsychique s’étant intensifiée suite à des levers de boucliers de la part d’auteurs sceptiques matérialistes, la recherche devint plus difficile, se réduisant à des études dispersées et non officielles, tandis que le développement de la psychiatrie et de la psychanalyse imposait une grille d’interprétation laissant peu de place aux phénomènes psi (en particulier, comme l’a montré B. Meheust, le somnambulisme fut épuré et récupéré en tant qu' »hypnose médicale »).
En 1957 naquit une association internationale, la PA (Parapsychological Association), qui ne tarda pas à acquérir des membres dans le monde entier. En 1959, la très académique AAAS (American Association for the Advancement of Science) reconnut, non sans soulever maintes polémiques, que la Parapsychological Association « utilisait effectivement des méthodes d’investigation scientifiques ».
A partir de 1975 se développa au Québec un enseignement de la psilogie au niveau institutionnel, à l’Université puis dans les Collèges d’Enseignement Supérieur et Professionnel. Plusieurs départements universitaires aux Etats-Unis créèrent des sections de parapsychologie.
Les années 70 furent fécondes au niveau de la recherche, surtout aux USA où elle se développait au sein de laboratoires et d’instituts. On peut citer à cette époque les expériences de M.Ullmann et S.Krippner au Maimonides Hospital de Brooklyn (télépathie dans le rêve) et celles de R.Targ et H. Puthoff au Stanford Research Institute (Remote Viewing) dont les résultats ont été publiés dans « Nature », et ont été reprises dans le programme « Stargate » financé par la CIA. On assista à plusieurs innovations : l’introduction par H. Schmidt vers 1970 de l’utilisation des Générateurs d’Evènements Aléatoires dans la recherche parapsychologique (PK et précognition), l’utilisation de la méthode d’isolation sensorielle dite « ganzfeld » par Honorton, et l’emploi de la méthode statistique de méta-analyse dans les années 80, pour faire un bilan des expériences passées.
En France, où la recherche était devenue plus confidentielle, on peut citer les expérimentations sur le PK à l’aide de l’appareil « tychoscope » (P.Janin, R.Chauvin, …), notamment dans le cadre du GERP (Groupe d’Etudes et de Recherches en Parapsychologie), éditeur de « La revue de Parapsychologie » ; on mentionnera également les expériences d’ESP dans les groupes (H. Marcotte, D. Si Ahmed) reprises dans une expérimentation rigoureuse, le projet AGAPE de B. Auriol. En 1997 est apparu l’OR3P (Organisation pour la Recherche en Parapsychologie et sur les Phénomènes dit Paranormaux), dirigée par Y.Lignon, dont l’objectif est de promouvoir et fédérer la recherche et qui publie une revue : « Revue Française de Parapsychologie ». La fin des années 90 a vu sous l’égide de M. Varvoglis, la renaissance de l’Institut Métapsychique, qui en raison de problèmes financiers avait dû suspendre ses activités, mais qui jusque dans les années 80 avait été un grand pôle de réflexion et de diffusion d’informations.
En Allemagne fort heureusement, l’institut de Freiburg ayant reçu en 1992 un apport très important de fonds privés, un très grand centre de recherche, l’IGPP, commence à se constituer, employant des professionnels (essentiellement psychologues spécialisés dans le paranormal) à temps plein. On peut espérer que ce centre deviendra le pôle européen de recherche en parapsychologie, faisant enfin accéder cette spécialité au statut officiel de discipline scientifique. Les autres grands centres universitaires de recherche à l’heure actuelle en Europe sont situés à Edimbourg et Amsterdam.
Enfin en Allemagne également, on peut citer le WGFP, organisme à financement public assurant un accueil psychologique des personnes perturbées par des activités paranormales, et élaborant des modèles explicatifs théoriques.
On peut remarquer que la plupart des activités de recherche psi n’ont pu se mettre en place que grâce à des legs de riches donateurs (A. Koestler, J. Meyer, F.P Bolton etc) et grâce à des personnalités motivées et enthousiastes, n’ayant pas besoin de défendre leur carrière et n’hésitant pas à investir tout leur temps libre dans cette recherche.
Aujourd’hui la parapsychologie fait l’objet d’un enseignement universitaire, mais seulement dans quelques pays (cf § 7.1). En France des initiatives isolées ont eu lieu (Paris V, grandes écoles …) mais à l’heure actuelle seul P.L Rabeyron, à l’Institut Catholique de Lyon, dispense un cours sur le paranormal.

IV. Place de la parapsychologie dans le paranormal

Le paranormal est omniprésent dans notre société, ne serait-ce que sous sa forme littéraire. Il convient de préciser quelle est la place exacte de la parapsychologie scientifique parmi les différents courants sociaux en rapport avec le paranormal, courants qui sont assez divers, avec des origines et des objectifs différents.

4.1 Praticiens / grand public

Pour le grand public, le terme de « parapsychologue » correspond le plus souvent à un praticien de la divination (voyant, astrologue, marabout …), personnage possédant un attrait certain de par sa capacité supposée à exercer ses pouvoirs « magiques » en remédiation aux problèmes de la vie. Des résultats de la parapsychologie scientifique, le public a conservé l’unique idée que les phénomènes psi étaient possibles, il en déduit donc qu’il n’y a pas de raison de ne pas les utiliser, surtout lorsque l’on est dans une situation de grande détresse.
Selon des sondages divers publiés dans la presse, de 30 à 60% des français (selon les sources et les années) « croient » à la télépathie, la clairvoyance, ou la précognition.
Erik Pigani, dans son livre « Psi : enquête sur les phénomènes paranormaux », a fait apparaître dans ses multiples interviews de personnalités que la plupart d’entre elles pensent que les phénomènes psi existent, mais qu’ils doivent rester un peu aléatoires, incertains, fluctuants, pour préserver la part de mystère de la vie. Si la majorité des scientifiques intéressés pensent que les phénomènes parapsychologiques constituent un domaine légitime de recherche, le grand public, lui, préfère adopter une attitude plus romantique de fascination/admiration/rêve plutôt que de pratiquer le discernement pour « séparer le bon grain de l’ivraie », distinguer la fiction des phénomènes réels.

4.2 Sectes

De trop nombreuses personnes, déçues par la société, par leur parcours de vie, ou par l’aspect matérialiste des préoccupations quotidiennes, se laissent embrigader dans des sectes qui promettent un monde meilleur et souvent utilisent généreusement la fascination pour les phénomènes paranormaux pour endoctriner leurs adeptes. Les phénomènes psi n’y sont jamais présentés dans leur aspect factuel, mais intégrés dans les constructions dogmatiques du gourou.

4.3 Esotérisme

Ce courant se manifeste principalement par l’appartenance à des sociétés secrètes censées détenir une connaissance « traditionnelle », par un intérêt pour les savoirs occultes, ou par une consommation d’articles spécialisés (ouvrages alchimiques, pierres ou talismans « magiques », objets symboliques etc…).
Le ressort de ce courant social est la recherche de pouvoir, l’élitisme, ou bien l’intérêt pour les choses cachées, l’histoire secrète, ou encore le sens du sacré et des rituels traditionnels …
La démarche scientifique au sens actuel du terme est absente de ces pratiques « traditionnelles ». Il s’agit plutôt d’une démarche individuelle de « recherche initiatique » fondée sur des connaissances transmises de générations en générations.

4.4 Spiritisme

Le spiritisme, mouvement lancé en 1848 par les sœurs Fox, consiste à invoquer les « esprits des morts » pour obtenir des manifestations paranormales (bruits, déplacements d’objets, lévitations de tables …) et des messages (par « incorporation » du médium, coups frappés, oui-ja, écriture automatique, ou photographie spirite …). Le spiritisme ne tarda pas à devenir une nouvelle religion, qui professait d’une part la survie de l’âme après la mort de l’enveloppe charnelle, et d’autre part la possibilité pour les décédés de contacter les vivants depuis « l’au-delà », par ex. par l’intermédiaire d’un sujet « médium ». Il expliquait également commodément les phénomènes de « hantise ». Ce qui constituait l’aspect le plus fascinant du spiritisme était que les messages semblaient constituer des « preuves » rationnelles de la croyance, surtout quand ces messages contenaient des informations qui ne pouvaient être connues que du mort lui-même (de la même façon qu’un « miracle » prouve aux fidèles que leur religion ne peut être que « la vraie »).
S’il est vrai que le spiritisme a été pour une grande part à l’origine de l’intérêt que les scientifiques ont apporté à la métapsychique, celle-ci s’est progressivement distinguée de l’approche spirite, en refusant de considérer l’hypothèse de la survie comme une hypothèse scientifique (testable) et en préférant axer ses recherches sur les facultés psi du psychisme humain des vivants (clairvoyance, PK etc). Certains chercheurs, comme Rhine, ont préféré laisser l’hypothèse spirite de côté tout en pensant qu’elle reviendrait en avant-plan quand la recherche aurait progressé.
D’autre part, les spirites n’ont en général pas d’intérêt pour la recherche scientifique et sont avant tout les pratiquants d’une religion, avec ses rituels, son efficacité psychologique dans le réconfort des personnes endeuillées, etc…
L’immense intérêt du spiritisme pour la recherche psi est que cette croyance engendre une formidable richesse de phénomènes : il ne faut pas oublier que par ex. les fameux ectoplasmes sont apparus dans un contexte spirite. Malheureusement, les séances spirites se déroulent dans des conditions difficilement contrôlables, et les parapsychologues, trop empressés de se distinguer de l’approche spirite, ont beaucoup évacué ce contexte, réduisant par là-même l’ampleur des phénomènes.
La forme moderne du spiritisme, la TCI, utilise des supports comme la vidéo ou les cassettes audio pour enregistrer les messages.
Le spiritisme conserve encore aujourd’hui un énorme pouvoir d’attraction : s’il représente une activité fascinante et ludique pour les jeunes, il permet de donner un réconfort aux personnes ayant subi un deuil. Cependant, toutes les spéculations de la doctrine spirite ne peuvent être considérées que comme pseudo-scientifiques, puisque partant d’un postulat de base peu fondé (information psi en tant que « preuve » de survie, absolue crédibilité des messages des morts).

4.5 Médias / sensationnel / cinéma / Science Fiction

Le cinéma, la science-fiction, et surtout les séries télévisées (X-Files, Poltergeist …) s’inspirent des phénomènes psi en en donnant une image très déformée. En général, les phénomènes sont amplifiés et ont des effets agressifs et violents. Les « pouvoirs psi » deviennent des facultés contrôlées, régulières et toujours disponibles. Les scénarios mêlent souvent des histoires de cas parapsychologiques à des « entités » comme des démons, monstres, vampires, extra-terrestres, etc.
Les phénomènes psi restent une grande source d’inspiration pour la fiction, littéraire, artistique ou cinématographique, de par leur aspect fascinant et leurs implications métaphysiques possibles.
En France, les médias d’information se placent toujours sur le plan du « Y croire ? / Ne pas y croire ? », « Info ou arnaque », etc… et les présentations objectives de travaux scientifiques y sont rares, ou alors perdues dans un galimatias d’interviews de personnages peu crédibles ou d’histoires sensationnelles peu vérifiables. Les médias utilisent souvent les résultats de la parapsychologie scientifique pour construire des sujets « sensationnels » permettant un fort indice d’audience. C’est pourquoi, les personnes désireuses de se faire une opinion objective sur la parapsychologie scientifique ne peuvent accorder foi à des émissions de télévision ou à des journaux grand-public. Pour s’informer, il faut réellement lire les ouvrages ou les articles des chercheurs eux-mêmes, ainsi qu’éventuellement les écrits des « sceptiques ».

4.6 Médecines douces / Guérisons

Dans notre société hyper-médicalisée, nombreux sont les individus qui continuent à souffrir sans trouver de réponses auprès des pratiques médicales orthodoxes. Aussi ces êtres se tournent-ils en désespoir de cause vers les thérapeutes alternatifs : acupuncteurs, homéopathes, magnétiseurs, … et autres guérisseurs de tout type. Ces praticiens utilisent en général en façade des « techniques » mais en réalité les guérisons se produisent de façon paranormale, c’est-à-dire inexplicable scientifiquement parlant. Généralement, ces thérapeutes ne cherchent pas à faire valider leur pratique par des scientifiques, et les recherches françaises dans ce domaine sont rares et mal accueillies (voir J.Benveniste avec l’homéopathie). Certains parapsychologues ont cependant réalisé des enquêtes et des expériences dans le domaine des guérisons paranormales et des placebos.
Parallèlement, de plus en plus de croyants font des démarches s’inscrivant dans la prière (mouvements charismatiques …) ou les pèlerinages (Lourdes …). Comme il est absolument primordial de préserver la croyance pour obtenir une efficacité thérapeutique, et malgré l’existence d’un Bureau Médical à Lourdes, peu sont motivés pour une étude rationnelle de ce type de guérison dit « miraculeuse ».
Aux USA en revanche, la recherche sur les médecines alternatives est en plein développement, avec des fonds publics et privés très importants.

4.7 Anomalies (dont OVNIS)

Certaines âmes curieuses ont comme passion le recensement des anomalies scientifiques (phénomènes atmosphériques, animaux légendaires, OVNIs, vampires etc). Ainsi les recherches fortéennes établissent-elles, souvent avec le plus grand sérieux dans les enquêtes et les recoupements d’information, des catalogages de phénomènes divers et variés, aussi étonnants et énigmatiques les uns que les autres. Les cercles ufologiques élaborent des dossiers très détaillés et documentés sur chaque cas signalé d’objet non identifié dans le ciel.
Les anomalies peuvent aussi consister en énigmes scientifiques posées depuis longtemps mais non encore résolues (par ex. en astro-physique), qui n’ont aucun caractère intentionnel, ou bien en problèmes posés de façon insoluble pour la méthode scientifique (ex : Dieu). Bien que certains parapsychologues soient aussi anomalistes, ou incluent les OVNIs dans la rubrique « apparitions », la recherche dans ce domaine du « paranormal en général » diffère de la parapsychologie scientifique, qui se restreint à l’étude des phénomènes en rapport avec le psychisme humain, et est plus portée sur la démarche expérimentale et théorique, que sur le simple recensement d’anomalies.

4.8 New-Age

L’idéologie du New-Age, fondamentalement optimiste, laisse une place de choix aux facultés parapsychologiques, puisqu’elle annonce une transformation en profondeur de l’être humain, qui passe par l’élargissement de la conscience et la maîtrise de la spiritualité.
Les thèmes principaux de ce mouvement socio-culturel sont le millénarisme (nous sommes à l’aube d’un âge d’or), le changement de paradigme scientifique (la science va reconnaître le rôle de l’esprit), la métaphysique de l’unité (Univers global, holisme, hypothèse Gaïa), et la possibilité pour l’homme de se transformer spirituellement (yoga, psychologie transpersonnelle, entraînement au psi …). La pensée du Nouvel-Age s’est développée prodigieusement aux Etats-Unis et a atteint la France au point de saturer les rayons de librairie (on ne peut quasiment plus trouver d’ouvrages de parapsychologie scientifique, alors que les ouvrages consacrés à ces thèmes de développement personnel foisonnent). La position des New-agers par rapport à la science est ambivalente : d’une part il y a rejet du « rationalisme strict » dont le matérialisme est assimilé à la société de consommation, d’autre part il y a fascination quasi-mystique pour les « nouvelles » théories laissant entrevoir (supposément) une intervention de la conscience dans le monde matériel : mécanique quantique, systémique, complexité, théorie du chaos, holographie, etc… Le Nouvel-Age prône une rupture avec le positivisme et le déterminisme actuels pour une réconciliation de la science avec les savoirs traditionnels (bouddhisme, taoïsme, transcendantalisme …). Les New-Agers ne possèdent pas, pour l’immense majorité, de rigueur scientifique, et sont plutôt des croyants pratiquants et pragmatiques. Ils utilisent les résultats de la recherche psi pour étayer leurs thèses de transformation de l’Homme ou de communication universelle entre les êtres.
Cependant, il faut savoir que la plupart des théories du psi sont d’inspiration New-Age, et nourrissent en retour cette idéologie par un processus de feed-back, tant l’imprégnation culturelle est aujourd’hui importante. Pour le sociologue, ce mouvement culturel est une réponse aux pertes de valeurs, aux échecs des idéologies, et au matérialisme exacerbé du 19ème et 20ème siècle.

4.9 Sociologie

La sociologie, l’anthropologie et en particulier l’ethnologie, s’intéressent aussi au paranormal, si l’on en croit les multiples sondages publiés régulièrement dans la presse sur les croyances de la population, et les nombreux ouvrages sur l’attirance des foules pour les voyantes. Sauf rares exceptions, ces disciplines considèrent en général les phénomènes parapsychologiques comme des croyances illusoires, donc dénuées de toute efficacité réelle. Au mieux, elles déclarent ne pas « prendre parti » et ne pas s’intéresser aux faits psi. Elles cherchent rarement à vérifier les conséquences des actes paranormaux comme par ex. le chamanisme, mais essaient plutôt de comprendre le système culturel de représentations des différents groupes humains concernés. Cette approche « neutre » me semble adéquate à ces disciplines sociales, cependant une recherche de base plus approfondie serait nécessaire : sans préjuger à priori de l’efficacité ou non-efficacité des facultés psi ou des rituels magiques, il faudrait tout de même vérifier avec sérieux, tout au moins dans les enquêtes ethnologiques, les résultats des pratiques psi. Exemple : la pluie tombe-t-elle après une cérémonie de Danse de la Pluie ?
Cela permettrait, entre autres, de fournir une base solide à la réflexion des parapsychologues, qui eux, se chargent de découvrir « comment ça marche ».

4.10 Scepticisme

Les sceptiques constituent un groupe non négligeable dans la dynamique du paranormal, non par son importance numérique (la quasi totalité des publications aux USA ont été faites par une quinzaine d’individus), mais par la virulence de ses attaques contre les « croyants au paranormal » (dits « pro-psi »). Certains illusionnistes ou professeurs d’université se sont fait une spécialité de « dénonciateurs d’impostures paranormales » et vivent d’ailleurs de cela.
Dans le camp des sceptiques, on trouve toutes sortes d’individus, des plus fanatiques « anti-psi » aux modérés prudents qui appliquent un « doute systématique » en examinant les faits avec attention et sérieux.
Certaines critiques sceptiques détaillées des expériences psi ont été très utiles pour faire évoluer et perfectionner les protocoles. Il est souhaitable maintenant que les expérimentateurs fassent participer des sceptiques à leurs études. Les principales organisations sceptiques sont le CSICOP (USA) et pour la France : le cercle Zététique et l’AFIS. Ils sont très documentés et comptent des scientifiques parmi leurs membres. Néanmoins, la plupart des sceptiques obéissent à des préjugés implicites ou explicites qui ne sauraient être modifiés, quels que soient les faits auxquels ils peuvent être confrontés. Ces principes de base sont les suivants :

Le psi n’existe pas parce qu’il est impossible, il violerait toutes les lois scientifiques, donc ce n’est pas un objet d’étude légitime.

Devant un fait semblant paranormal, l’attitude souhaitable est d’imposer toute explication alternative ramenant le problème à un phénomène connu, même s’il est extrêmement improbable (ex : tremblement de terre pour expliquer un poltergeist etc.). Remarquons ici que les sceptiques, qui se disent souvent rationalistes, ne prônent pas l’examen attentif, critique, et sans a-priori des faits, mais une étude orientée des phénomènes de façon à prouver obligatoirement qu’ils ne sont pas paranormaux.

Il n’y a pas l’ombre d’une preuve expérimentale que le psi existe (la totalité des centaines de recherches psi effectuées depuis plus de soixante-dix ans est balayée par les sceptiques sous prétexte de fraudes, d’erreurs, ou d’illusions des expérimentateurs).

La parapsychologie n’a pas d’expérience reproductible, comme par ex. une expérience de physique peut l’être.

Il suffit de montrer que le résultat positif d’une expérience peut être obtenu par des moyens d’illusionnisme ou frauduleux pour conclure que toutes les expériences de ce type sont nulles et non avenues (même si les conditions de la « reproduction frauduleuse » ne sont pas du tout les mêmes que les conditions de laboratoire).

le terme « paranormal » n’est pas synonyme d’inexpliqué mais de surnaturel, magique, occulte, irrationnel, etc… Il faut donc combattre le possible retour vers une mentalité magique et obscurantiste.

Evidemment ces assertions sont combattues par les pro-psi, mais les réponses ne seront pas explicitées ici (voir le livre de D.Radin cité en référence).
En règle générale, les sceptiques ne font eux-mêmes aucune expérimentation (puisqu’ils considèrent que le psi est impossible) et se contentent de critiquer les expériences des parapsychologues. Il faut reconnaître que l’histoire de la parapsychologie est parsemée d’épisodes de fraudes réalisées par des médiums, mais en général ces fraudes ont été découvertes par les seuls parapsychologues, grâce aux moyens de contrôle rigoureux qu’ils avaient mis en place. De plus, les vrais critiques épistémologiques de fond sont faites par les parapsychologues eux-mêmes, du moins par ceux qui s’interrogent sur leurs propres pratiques.
D’un point de vue socio-anthropologique, le scepticisme s’apparente à un groupe de pression, utilisant largement les ressources des médias et n’hésitant pas au besoin à pratiquer la désinformation.

4.11 La parapsychologie scientifique

On l’aura compris, la parapsychologie scientifique se différencie de tous ces courants par de nombreux aspects, car même si l’on peut retrouver certaines des thématiques (télépathie, action de l’esprit sur la matière …) dans chacun des mouvements sociaux précités, les approches sont très variées et n’ont pas les mêmes buts et les mêmes enjeux.
Les principales caractéristiques de la parapsychologie sont les suivantes :

une approche scientifique (qui sera détaillée au paragraphe suivant), rationnelle et rigoureuse des phénomènes psi, cherchant à discriminer le vrai du faux, l’authentique phénomène de sa contrefaçon, et déterminer ce qui est factuel de ce qui est simple croyance infondée

pas de recherche de profit financier

utilise une méthode fondée sur des hypothèses de travail et non sur des croyances ou sur des postulats matérialistes ou spiritualistes

utilise les méthodes des autres sciences, dont la sociologie et l’anthropologie (voir paragraphe suivant) mais avec en plus un souci de mise en évidence de faits, de recension d’événements, et pas simplement de transcription de croyances.

n’a pas pour but de créer de nouvelles croyances ou d’en renforcer d’anciennes, mais d’explorer le réel et de susciter des interrogations épistémologiques et philosophiques en général.

V. La recherche dans le monde

5.1 Les méthodes

Les parapsychologues utilisent les méthodes scientifiques des autres sciences (sciences dures ou sciences humaines), mais doivent faire preuve de trans-disciplinarité, et inventer des méthodes originales de contrôle dans l’expérimentation de laboratoire. Il faut reconnaître que les fonds pour la recherche psi étant très limités, beaucoup d’études se font dans un cadre d’amateurisme qui donnent lieu à des critiques, d’autant plus que certains chercheurs étant des croyants enthousiastes, on peut leur reprocher leur manque de rigueur. Néanmoins il ne faut pas généraliser : beaucoup de recherches sont faites au sein d’instituts officiels par des scientifiques respectables, dans des contextes ni plus ni moins sérieux que ceux associés à toute autre recherche.
Dans les revues et les ouvrages publiant des recherches en parapsychologie, la plupart des articles se répartissent en six catégories, que j’ai illustrées par quelques exemples :

études de cas spontanés

Les phénomènes psi spontanés peuvent être étudiés en profondeur par des enquêtes de terrain, des recueils de témoignages, des entretiens cliniques, etc. Ils sont extrêmement convaincants, mais il y a toutefois peu de cas incontestables (possédant de nombreux témoins très fiables) et on en reste souvent malheureusement au stade de l’anecdote. L’intérêt majeur de l’étude des cas spontanés, qui sont au minimum des coïncidences significatives, n’est donc pas l’établissement d’une « preuve », mais plutôt l’exploration de la psycho-dynamique psi.
Exemples de travaux sérieux dans ce champ : « Phantasms of the living », de Gurney, Myers, Podmore
« Un voyant dans la ville », équipe de F.Laplantine

enquêtes sociologiques ou anthropologiques

Certains parapsychologues sont aussi sociologues ou ethnologues, ou bien collaborent à des travaux sociologiques d’autres universitaires. A l’aide d’outils statistiques habituels, on peut étudier par ex. le pourcentage de la population pensant avoir eu des phénomènes psi, ou croyant au psi, etc., en les croisant avec des variables sociologiques (âge, niveau culturel, sexe, etc.)
ex : « Les mains du temps », F. Favre, Revue de parapsychologie
Les enquêtes anthropologiques sont moins fréquentes mais donnent des informations précieuses sur les grandes variations de la phénoménologie psi au sein de différentes cultures, permettant ultérieurement des comparaisons cross-culturelles passionnantes.
Ex : « Le monde magique », De Martino et « Apparitions/disparitions », dir. G.Bertin

études analytiques

L’exploitation statistique de grandes bases de données, notamment à travers la méthode de méta-analyse, permet d’arriver à des conclusions fiables sur l’existence du psi. Le principe de la méta-analyse est de calculer des résultats globaux sur un très grand nombre d’expérimentations, positives ou négatives, de façon exhaustive.
ex : Méta-analyses de Honorton/Hyman.

synthèses et réflexions philosophiques, historiques, psychologiques

L’expérimentation seule ne suffit pas et il est parfois nécessaire de faire des pauses afin d’ordonner, de classer et d’analyser les données acquises, de tenter de dégager des invariants, ou d’obtenir une perspective socio-historique. C’est à ce prix que l’on gardera le recul critique nécessaire pour éviter de s’engager dans des voies sans issues.
Ex : « Traité de parapsychologie », R. Sudre et « Somnambulisme et médiumnité », B. Méheust

recherche théorique

Contrairement à ce que l’on peut penser, de nombreux modèles théoriques du psi ont été proposés. En général, ils mettent l’accent sur un aspect particulier du psi (physique, symbolique, psychologique, etc.) et utilisent des constructions conceptuelles complexes. Ils sont pour la plupart difficile à tester et ne remportent pas l’adhésion des confrères. Certains permettent néanmoins d’expérimenter au sein d’un « paradigme » spécifique.
Ex : modèle quantique de H. Schmidt, « Animisme et espace-temps » de F. Favre.

expérimentation de laboratoire

La plupart des expériences de labo utilisent les méthodes de la psychologie expérimentale. Le schéma-type d’une expérience psi est constitué de quatre éléments :

un (ou plusieurs) sujet dont on teste la faculté psi

une cible : information à percevoir (si ESP) ou dispositif à influencer (si PK)

un expérimentateur, initiateur de la recherche et garant du sérieux de l’expérience

un obstacle, qui rend impossible le contact sensori-moteur conventionnel du sujet avec la cible.
On conclura qu’il y a eu psi si la relation sujet-cible est « statistiquement significative » c’est-à-dire si, selon les critères de la statistique mathématique, les observations diffèrent de ce que laisse attendre la loi de probabilité du hasard, et ce, malgré la présence de l’obstacle qui garantit le non-contact entre sujet et cible. L’occurrence du psi est donc définie par la négative, qui est une « réussite sans contact sensori-moteur conventionnel », mais on ne peut pas vraiment dire quel facteur a joué, seulement que l’hypothèse du hasard est statistiquement incompatible avec les observations. La règle de décision statistique habituelle consiste à rejeter ainsi cette hypothèse du hasard lorsque les observations ont moins de p = 5 / 100 de chances d’être obtenues si le hasard seul intervient.(notation : p<0.05). Ceci revient à prendre un pari à 20 contre 1, et la pratique scientifique (de la biologie à la psychologie) a montré qu’il s’agissait d’une attitude « raisonnable ». Cependant le seuil plus exigeant p = 1 / 100, utilisé épisodiquement ailleurs, l’est beaucoup plus fréquemment en parapsychologie, et il est arrivé assez souvent aux parapsychologues d’employer des seuils beaucoup plus faibles.

Exemples d’expériences : le sujet doit deviner l’ordre d’un jeu de carte battu par une machine ; le sujet doit dessiner un dessin fait par une autre personne dans une autre pièce ; le sujet doit influencer un Générateur de Nombres Aléatoires pour qu’il donne plus de uns que de zéros etc.

Les problèmes de l’application de la méthode expérimentale en parapsychologie.

Tant qu’il s’agit de montrer l’existence du psi, et ses possibilités de transgresser l’obstacle (distance, temps, personnes, cages de Faraday etc), la méthode est parfaitement valable – si ce n’est que l’utilisation des statistiques peut toujours faire l’objet de controverses : même si la probabilité que le hasard seul ait joué est infime, elle n’est jamais nulle, donc il reste toujours une petite incertitude, due à notre méconnaissance de la nature du hasard -.
Par contre, dès qu’il s’agit de déterminer les corrélats et caractéristiques du psi, ce type d’expérimentation s’avère assez inadapté. En effet, la méthode expérimentale classique suppose l’isolement des facteurs, que l’on fait varier un à un. Ici, la faculté du psi à passer au-dessus de l’obstacle (par définition) ne permet pas d’isoler les facteurs, et on ne peut pas savoir ce qui est responsable de l’effet-psi. Exemple : un dispositif aléatoire lumineux se déplace à côté d’animaux en cage. Si les résultats montrent que le dispositif s’approche significativement de la cage, qui est responsable du PK ? : les animaux, l’expérimentateur, les gens du labo, la personne qui a financé l’expérience etc … (potentiellement le monde entier). Avec le psi, il est impossible d’avoir un système fermé, donc un cadre expérimental strict. Des expériences positives ont d’ailleurs eu lieu sur l’influence d’une conscience collective et mondiale sur un générateur d’événements aléatoires (Global Consciousness Project), ce qui ne manque pas de soulever des paradoxes et interrogations.
Depuis une trentaine d’années, on a mis en évidence en parapsychologie un « effet d’expérimentateur » qui stipule que des sujets réussissent mieux que d’autres en corrélation avec le désir, les a-prioris ou l’humeur de l’expérimentateur, et ceci même si les sujets et l’expérimentateur ne se connaissent pas. Il faut donc, pour surmonter ce problème, trouver des méthodologies particulièrement sophistiquées qui ne peuvent être réellement probantes que si on arrive à un bon niveau de reproductibilité (par ex. une expérience de Ganzfeld qui fonctionnerait quel que soit l’expérimentateur et le labo). La plupart des expérimentateurs en parapsychologie ignorent complètement ou feignent d’ignorer ce problème, qui n’est pas non plus mis en avant par les sceptiques car aussi impossible à croire pour eux que le psi, et menaçant d’ailleurs pour la méthode expérimentale dans les autres sciences. On peut formuler l’hypothèse que dans la pratique, cet effet d’expérimentateur peut être négligé, encore faudrait-il faire des recherches pour déterminer dans quelles conditions.

5.2 Situation actuelle de la recherche

Aux Etats-Unis actuellement, la recherche est essentiellement expérimentale. Les programmes militaires ont été abandonnés en raison de restrictions budgétaires, ils ne donnaient pas des résultats suffisamment reproductibles, ou du moins facilement utilisables.
En Allemagne, l’approche est pour l’instant plus clinique et basée sur les enquêtes et les entretiens. En France les tentatives sont très ponctuelles et les travaux ne pourront pas se faire de façon institutionnelle tant que l’IMI n’aura pas mis en place une structure opérationnelle de recherche nationale.
Actuellement au niveau international seulement quelques dizaines de personnes se consacrent à la recherche parapsychologique à temps plein. Aux Etats-Unis, les crédits de recherche ont beaucoup diminué ces dernières décennies, et plusieurs laboratoires ont dû fermer, faute de rentabilité. Même en Amérique du Nord, la parapsychologie reste encore une « science controversée ». En France, au maximum une vingtaine de personnes font des publications quelque peu régulières sur des thèmes de parapsychologie scientifique. Cependant partout dans le monde, de nombreuses thèses en rapport avec des sujets proches de la parapsychologie sont soutenues chaque année, pour la plupart dans le cadre de disciplines traditionnelles : médecine, biologie, sociologie, etc …
La méthodologie expérimentale a beaucoup évolué depuis les années 30 : maintenant tout est automatisé, il est fait un emploi systématique de l’informatique pour l’enregistrement et le dépouillement des résultats, ce qui minimise les causes d’erreurs humaines, les protocoles ont été perfectionnés de façon à éliminer totalement toute possibilité de contact entre sujets et cibles, et enfin on utilise des dispositifs sophistiqués tels que GNA, polygraphes, caisses d’isolation sensorielle etc. On ne peut donc plus reprocher à ce type d’expérimentation son manque de sérieux.
Il est maintenant peu utile de répéter les expériences de démonstration de l’existence du psi qui l’ont été des centaines de fois. Il est nécessaire d’orienter la recherche expérimentale vers les conditions d’occurrence du psi (moyennant les précautions méthodologiques mentionnées plus haut) et de privilégier l’approche clinique afin d’arriver à une meilleure compréhension du fonctionnement de la dynamique psi.

VI. Résultats

6.1 Preuves de l’existence du Psi.

Pour chaque phénomène, les expériences les plus concluantes sont présentées.

ESP

Télépathie

C’est la faculté la mieux établie. L’équipe de J.B Rhine a réalisé des centaines d’expériences, dont la plus impressionnante est l’expérience « Pearce-Pratt », qui a eu un résultat positif très significatif (p<10-22)
Les expériences de télépathie dans le rêve du laboratoire du Maimonides Hospital de Brooklyn sont également très remarquables (sur les 450 séances, p < 1 / 75. 106)
Enfin, les expériences d’Honorton de privation sensorielle ont eu également des résultats positifs.
En 1982, C. Honorton a présenté la première méta-analyse effectuée sur l’ensemble complet des expériences de télépathie avec privation sensorielle. Avec le sceptique Hyman, les calculs ont été refaits, mais on a obtenu p < 1 / 1010.

Clairvoyance

Au moins 185 expérimentations sur des cartes ont été effectuées des années 1880 aux années 1940, et la méta-analyse montre que les résultats globaux ont été très positifs.
R.Targ/H.Puthoff/E.May ont mené des expériences de Remote Viewing au Stanford Research Institute, recherches financées par la CIA, la Nasa … et dont les résultats ont été publiés dans « Nature » avec p < 1 / 1020.

Précognition

Honorton et Ferrari ont réalisé une méta-analyse de 309 études sur des tests de précognition à choix forcé. Ici p < 1 / 1024.
D.Radin a réalisé une expérimentation sur les réponses inconscientes du système nerveux à des événements futurs : résultats statistiquement significatifs et tendant à la regularité.
A noter que certains sujets ont obtenu très régulièrement des résultats ESP positifs à plusieurs mois ou plusieurs années d’intervalle : H.Pearce, P.Stepanek, B.Dellmore, L.Harribance, M.Bessent …

PK

Les séances « à ectoplasmes » avec le sujet E.Carrière, dirigées par Schrenck-Notzing et A.Bisson au début du 20ème siècle, ont démontré des phénomènes extrêmement étonnants qui ont pu être photographiés, dans des conditions de contrôle particulièrement strictes (médium déshabillé, inspecté etc.). De même, les séances avec R.Schneider et F. Kluski, contrôlées par G. Geley à L’Institut Métapsychique, ont laissé sous forme de moulages des traces objectives des ectoplasmes observés.
Au niveau des poltergeists, des centaines de cas ont été constatés, y compris par des rapports de gendarmerie, et le plus célèbre d’entre eux, celui pour laquelle l’enquête a été la plus approfondie, est celui de Rosenheim (étudié par l’équipe de H.Bender).
En macro-PK, certaines expériences avec les sujets U.Geller et J.P.Girard ont été positives, en particulier celles menées par Crussard/Bouvaist dans le laboratoire de Péchiney en 1976, toutefois les compétences de ces sujets en matière d’illusionnisme incitent à une certaine réserve prudente.
La méta-analyse des expériences à jets de dés a donné p < 1 / 109. Helmut Schmidt, qui a le premier introduit la méthode des GNA, a voulu dans les années 90 répondre aux critiques en faisant participer des sceptiques à une série d’expériences : ces études ont été reconduites à 5 reprises avec, à l’issue d’une étude cumulative , p < 1/12000.
En France, les expériences avec l’appareil tychoscope ont permis de « descendre » jusqu’à p < 1 / 1018 (A.Roux).
Enfin en bio-PK, au moins 130 publications ont été effectuées, et 56 de ces études ont eu des résultats de 100 chances contre 1.

6.2 Corrélats du psi

Bien qu’il soit très difficile, pour des raisons méthodologiques, d’arriver à des conclusions rigoureuses sur les corrélats du psi (cf § 5.1), la recherche psi a cependant apporté certains renseignements sur la façon dont le psi fonctionne :

L’ESP ne repose pas sur un canal physique tel que ondes électromagnétiques, ultra-sons, etc… Des expériences avec cages de Faraday, ou bien à des distances de milliers de km, ont eu des résultats positifs.

Le psi est indépendant de la distance et du temps.

Les résultats varient d’un sujet à l’autre et d’un test à l’autre, ce qui entraine une non-reproductiblité au sens strict. Pourtant, il existe, comme dans toute science humaine, une reproductibilité statistique qui peut être mise en évidence sans contestation possible dans la méta-analyse. De plus, avec les expériences de privation sensorielle ou de fonctions inconscientes, on parvient à une certaine reproductibilité.

La plupart des expériences psi mettent en évidence un effet de déclin : les réussites sont plus importantes au début qu’au milieu du test, et parfois remontent vers la fin (la fameuse courbe en U).

Quelquefois, on obtient du « psi-missing », c’est à dire des résultats aux tests significativement très inférieurs à ceux prévus par le hasard (comme si les sujets « rataient » volontairement).

Comme son nom ne l’indique pas, l’ESP fait la plupart du temps appel à des circuits sensoriels (visualisations, auditions de voix, odeurs, goûts, sensations tactiles …) sans qu’il y ait intervention des organes des sens eux-mêmes (les yeux ne « voient » pas, les oreilles n' »entendent » pas).

Les phénomènes de poltergeist semblent se focaliser autour d’un individu (souvent un jeune souffrant de problèmes psychologiques), et/ou de certains objets.

Les phénomènes PK apparaissent plus facilement au sein de groupes dont les individus sont en état d’attention passive.

L’ampleur des effets PK ne dépend pas de la complexité du dispositif expérimental, mais semble guidé par la seule finalité.

Dans les expériences, bien qu’on ne puisse pas déterminer de relation causale entre les actions du sujet et les résultats psi, on peut par contre toujours considérer l’intention finale. Le déterminisme apparaît donc final et non causal.

On a souvent mis en évidence un effet dit « Chèvres/moutons » : les sujets (et les expérimentateurs) favorables au psi ont des résultats bien supérieurs aux sujets qui ne croient pas au psi.

Dans certaines familles, les phénomènes psi sont plus fréquents que dans d’autres, d’où l’hypothèse d’une certaine composante héréditaire.

Il convient d’être réservé sur les éléments qui ont semblé, dans certaines études, être « facilitateurs » du psi :
la conviction de réussir, l’extraversion, l’humeur positive, l’affectivité liant les sujets dans les expériences de télépathie, l’attention passive pour le PK, la motivation, la relaxation, la méditation, les ondes alpha, l’hypnose et les EMC en général.
et les facteurs négatifs :
la fatigue, la maladie, une ambiance stressante ou négative, diverses substances psychotropes.

Toutefois l’effet de ces facteurs dans les diverses expériences qui ont été effectuées pourrait ne refléter que les préjugés des expérimentateurs (voir § 5.1).

Par ailleurs, voici quelques conclusions auxquelles sont arrivés certains théoriciens du psi :
Le psi est une source de mythes, et le parapsychologue se doit d’analyser ces mythes sur le plan psycho-sociologique.
Tout événement psi est au minimum une coïncidence significative, qui résulte en partie d’une construction arbitraire dans laquelle elle prend son sens.
Le psi montre l’influence de l’intentionnalité du psychisme sur le monde matériel.
Si l’on considère que le psi existe, une méthodologie permettant de prouver la survivance de l’âme semble impossible à mettre en place (indétermination).
Les phénomènes psi sont « élusifs », c’est-à-dire qu’ils s’esquivent souvent lors des tentatives d’objectivation.

VII. Principaux Centres d’enseignement et de recherche

7.1 Enseignement

pour une meilleure actualisation, voir l’article :  Les centres d’enseignement et de recherche

Pays-Bas : Université d’Amsterdam et Université d’Utrecht cool.jpg

Ecosse : Université d’Edimbourg cool.jpg

France : Université Catholique de Lyon

Angleterre : Université de Northampton (et Université de Hertfordshire) cool.jpg

Allemagne : Institute für Grenzgebiete der Psychologie und Psychohygiene, Freiburgcool.jpg

Québec : Université de Montréal

USA : Rhine Research Center, Durham ; Bigelow Chair, Université du Nevada cool.jpg

Pas ou peu de cursus académique menant à un diplôme officiel en parapsychologie.

7.2 Recherche

Allemagne : Institute für Grenzgebiete der Psychologie und Psychohygienecool.jpg (le centre le plus important de parapsychologie en Europe), Freiburg ; Wissenschaftlichen Gesellschaft zur Förderung des Parapsychologie cool.jpg (WGFP), Freiburg

Ecosse : Koestler Parapsychology Unit, Université d’Edimbourg cool.jpg

Pays-Bas : Département de Parapsychologie, Université d’Amsterdam cool.jpg

France : Institut Métapsychique International (IMI), Paris

Angleterre : Perrott-Warrick Research Unit, Université de Hertfordshire ; Society for Psychical Research (SPR) , Londrescool.jpg

Italie : Centro Studi Parapsicologici (CSP) de Bologne

Suisse : Fondation Odier de Psycho-Physique de Genève

Norvège : Norsk Parapsykologisk Selskap, Oslo cool.jpg

Danemark : Selskabet for Psykisk Forsking, Copenhague

Suède : SPR suédoise (Université de Stockolm et de Gothenburg)

USA : Consciousness Research Laboratory, Université du Nevadacool.jpg ; Princeton Engineering Anomalies Research (PEAR), Université de Princeton cool.jpg ; Society for Scientific Exploration (SSE), Université de Stanford cool.jpg; American Society for Psychical Research (ASPR), New-York cool.jpg ; Parapsychological Association (PA) cool.jpg ; Rhine Research Center, Caroline du Nord cool.jpg

Japon : International Society of Life Information Science, NIRS, Chiba-shi cool.jpg

Autres organismes français s’intéressant à la parapsychologie scientifique :

[OR3P, Organisation pour la Recherche en Parapsychologie et sur les Phénomènes dit Paranormaux , Toulouse

>http://geepp.or3p.free.fr/index_800.htm]

GEEPP, Groupe d’Etudes des Phénomènes Paranormaux, Toulouse

GERP, Groupe d’Etudes et de Recherches en Parapsychologie, site internet uniquement

VIII. Principales Publications

8.1 Livres

Il existe relativement peu de livres sérieux consacrés à la parapsychologie scientifique. Vous trouverez une sélection bibliographique d’ouvrages en français à l’adresse internet : http://gerp.free.fr/bibliographie.htm

8.2 Revues

pour une meilleure actualisation, voir l’article :  Les revues de parapsychologie

European Journal of Parapsychology cool.jpg

Journal of the Society for Psychical Research cool.jpg

Journal of the American Society for Psychical Research cool.jpg

Journal of Scientific Exploration cool.jpg

Parapsychology Foundation Review cool.jpg

Australian Journal of Parapsychology cool.jpg

Zeitschrift für Parapsychologie und Grenzgebiete des Psychologie

Quaderni di Parapsicologia

En France :

Revue Métapsychique

Revue de Parapsychologie

Revue Française de Parapsychologie

Des articles de parapsychologie paraissent éventuellement de temps à autres dans des publications scientifiques diverses (Proceedings of the IEEE, Nature, Science, etc…)

 

IX. Rencontres

De nombreux congrès, rencontres, colloques etc… sont organisés dans le monde entier. Tous les ans a lieu un congrès de la Parapsychological Association. En France, la dernière importante manifestation a été le symposium sur « Les mythes et le paranormal » en 2000 à Paris, organisé par l’association CENCES.

X. Perspectives

10.1 Implications

L’existence du psi montre que la science actuelle est incomplète et ne peut conceptualiser correctement le rapport esprit/matière. La position métaphysique la plus répandue dans notre société est celle du « monisme matérialiste », c’est-à-dire que « l’esprit est un épiphénomène du corps ». L’existence du psi nous incite à réfléchir sur les autres hypothèses, dualistes ou monistes, et oblige la science à prendre en compte le psychisme ou la conscience, notion qui avait été évacuée au 19ème siècle.
De même, le psi nous montre que notre notion intuitive du temps est insuffisante, puisque la précognition permet, dans une mesure toujours limitée, de connaître des événements non encore survenus.
Le psi soulève de façon cruciale des problèmes philosophiques fondamentaux : le libre-arbitre, le rapport objectivité/subjectivité, le déterminisme et la causalité, le dynamisme conscient/inconscient, le hasard, la dynamique des groupes et la conscience collective, l’épistémologie, etc.
Il ne faut pas perdre de vue, comme tendent à le faire certains jeunes parapsychologues expérimentalistes américains, que le système d’idées autour duquel s’est construite implicitement la parapsychologie en tant qu’interrogation sur l’humain et le cosmos, s’apparente à la « mentalité magique » :

influence à distance sans contact

globalité de l’univers, interrelation de tous ses éléments (théorie des correspondances)

existence de personnes ayant des « pouvoirs »

liaison d’éléments par leur symbolisme ou leur sens commun

existence de forces, d’énergies supra-normales et quasi-autonomes

Il n’est donc pas étonnant que ce système entre en conflit avec la science expérimentale positiviste et conduise bien souvent à des paradoxes. Il est tout aussi compréhensible que la réaction d’opposition de la part des sceptiques « rationalistes » soit aussi véhémente. Il n’en reste pas moins que la véritable richesse de la parapsychologie demeure sa valeur heuristique, sa capacité à soulever des interrogations fondamentales.

10.2 Voies d’approche

De l’ensemble des informations rappelées ci-dessus, on pourrait penser que les progrès de la parapsychologie depuis une centaine d’années ont été maigres. Les raisons peuvent en être l’insuffisance des crédits de recherche, ainsi que les obstacles méthodologiques inhérents à l’étude d’un objet si particulier, dont les phénomènes sont en grande part culturellement construits. Cependant, il apparaît aujourd’hui que les avancées dans d’autres disciplines scientifiques puissent amener à une meilleure compréhension du psi, ou du moins offrir des pistes de recherche fécondes.

Sciences de la conscience, neuro-sciences

Une nouvelle discipline scientifique, l’étude de la conscience, est en train d’émerger. Apparaissant extrêmement complexe de par le fait que la conscience est à la fois le sujet et l’objet, elle soulève néanmoins de grands espoirs. Les progrès très rapides de l’imagerie médicale dans les neuro-sciences laissent présager de nombreuses nouvelles découvertes, mais surtout l’apparition de nouvelles questions. L’étude des états modifiés de conscience également amènera certainement à la parapsychologie de multiples informations qui lui permettront peut-être de dépasser certains de ses blocages épistémologiques.

Physique quantique

La physique quantique soulève des problèmes métaphysiques difficilement appréhendables par notre façon de pensée ordinaire et « macroscopique ». Beaucoup, scientifiques ou non-scientifiques, se laissent griser par l’insondable mystère de ses profondeurs, et pensent que les prochaines découvertes en mécanique quantique permettront – ou permettent déjà – d’expliquer le psi. En particulier trois principes suscitent la plupart des extrapolations :

l’indéterminisme fondamental au niveau quantique

la conscience de l’observateur « influant » sur la mesure d’une particule

la non-localité et la non-séparabilité

Etude des NDE

La généralisation des études sur les sujets en état de mort imminente dans les services de réanimation pourraient nous apporter des éclaircissements sur la relation cerveau/psychisme.

10.3 Applications

Certains parapsychologues américains espèrent pouvoir arriver à un niveau de connaissance du psi leur permettant une certaine maîtrise des phénomènes, dans l’optique techniciste actuelle. Les principales applications envisagées seraient :

les guérisons paranormales (nouvelles méthode thérapeutiques par la « pensée »)

la recherche de personnes disparues, l’aide aux enquêtes policières

l’espionnage ou l’exploration de sites inconnus

la construction d’appareils contrôlables par la pensée, pour les handicapés par exemple

l’utilisation de la précognition dans les situations incertaines (politique, affaires …)

D’autres théoriciens soutiennent que cet espoir d’applications est un leurre et que le psi, non maîtrisable ou reproductible à volonté, y échappera toujours. En tout cas, une chose est sûre : la télépathie a déjà été rendue quasiment inutile par l’expansion des téléphones portables !

SOURCES – REFERENCES

BENEY G., Indétermination et finalité en psilogie, Revue « Parapsychologie », n° 10, 1980.

BROUGHTON R., Parapsychologie : une science controversée, Editions du Rocher, 1995.

KRIPPNER S., ROUX A., SOLFVIN G., La science et les pouvoirs psychiques de l’homme, Sand, 1986.

MEHEUST B., Somnambulisme et médiumnité, Synthélabo, 1999.

MICHEL P., B-A- BA de la parapsychologie, Gerp, 1984.

PIGANI E., Psi : enquête sur les phénomènes paranormaux, Presses du Châtelet, 1999.

RADIN D., La conscience invisible, Presses du Châtelet, 2000.

RHINE L., Initiation à la parapsychologie, Presses de la Renaissance, 1977.

ROGO D.SCOTT, La parapsychologie dévoilée, Tchou, 1976.

SUDRE R., Traité de parapsychologie, Payot, 1978.

SI AHMED D., Parapsychologie et psychanalyse, Dunod, 1990.