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Les méthodes utilisées

Les méthodes utilisées

Les parapsychologues utilisent des méthodes scientifiques classiques (des sciences dites dures ou des sciences humaines), mais doivent également faire preuve de trans-disciplinarité, et mettre en oeuvre des méthodes originales de contrôle au niveau des expérimentations en laboratoire.


Il faut reconnaître que les fonds pour la recherche psi étant très limités (l’ensemble des moyens dévolus à la parapsychologie depuis sa création correspond au financement des laboratoires de psychologie américains pendant deux mois !), certaines études ont parfois été effectuées dans un cadre d’amateurisme donnant lieu à des critiques étant donné leur manque de rigueur.

Néanmoins il ne faut pas généraliser : beaucoup de recherches sont faites au sein d’instituts officiels par des scientifiques respectables, dans des contextes ni plus ni moins sérieux que ceux associés à toute autre recherche.

Dans les revues et les ouvrages publiant des recherches en parapsychologie, la plupart des articles se répartissent en six catégories, que nous allons illustrer par quelques exemples :

études de cas spontanés

Les phénomènes psi spontanés peuvent être étudiés en profondeur par des enquêtes de terrain, des recueils de témoignages, des entretiens cliniques, etc. Ils sont extrêmement convaincants, mais il y a toutefois peu de cas incontestables (possédant de nombreux témoins très fiables) et on en reste souvent malheureusement au stade de l’anecdote. L’intérêt majeur de l’étude des cas spontanés, qui sont au minimum des coïncidences significatives, n’est donc pas l’établissement d’une « preuve », mais plutôt l’exploration de la psychodynamique psi.

Exemples de travaux sérieux de ce type :

« Phantasms of the living », de Gurney, Myers, Podmore

« Un voyant dans la ville », équipe de F.Laplantine

exemples de 12 cas spontanés

enquêtes sociologiques ou anthropologiques

Certains parapsychologues sont aussi sociologues ou ethnologues, ou bien collaborent à des travaux sociologiques d’autres universitaires. A l’aide d’outils statistiques habituels, on peut étudier par exemple le pourcentage de la population pensant avoir vécu des phénomènes psi, ou croyant au psi, etc., en les croisant avec des variables sociologiques (âge, niveau culturel, sexe, etc.)

exemple :

« Les mains du temps », F. Favre, Revue de parapsychologie

Les enquêtes anthropologiques sont moins fréquentes mais donnent des informations précieuses sur les grandes variations de la phénoménologie psi au sein de différentes cultures, permettant ultérieurement des comparaisons cross-culturelles passionnantes.

Exemples :

« Le monde magique », De Martino

« Apparitions/disparitions », dir. G.Bertin

études analytiques

L’exploitation statistique de grandes bases de données, notamment à travers les méta-analyses, permet d’arriver à des conclusions fiables sur l’existence du psi. Le principe de la méta-analyse est de calculer des résultats globaux sur un très grand nombre d’expérimentations, positives ou négatives, de façon exhaustive.

exemple :

Méta-analyses de Honorton/Hyman sur la base de données Ganzfeld.

synthèses et réflexions philosophiques, historiques, psychologiques

L’expérimentation seule ne suffit pas et il est parfois nécessaire d’ordonner, de classer et d’analyser les données acquises, de tenter de dégager des invariants, ou d’obtenir une perspective socio-historique. C’est à ce prix que l’on gardera le recul critique nécessaire pour éviter de s’engager dans des voies sans issues.

Exemples :

« Traité de parapsychologie », R. Sudre et

« Somnambulisme et médiumnité« , B. Méheust

recherche théorique

Contrairement à ce que l’on peut penser, de nombreux modèles théoriques du psi ont été proposés. En général, ils mettent l’accent sur un aspect particulier du psi (physique, symbolique, psychologique, etc.) et utilisent des constructions conceptuelles complexes. Ils sont pour la plupart difficile à tester et ne remportent pas l’adhésion des confrères. Certains permettent néanmoins d’expérimenter au sein d’un « paradigme » spécifique.

Exemples :

modèle quantique de H. Schmidt,

« Animisme et espace-temps » de F. Favre.

expérimentation de laboratoire

La plupart des expériences de laboratoire utilisent les méthodes de la psychologie expérimentale. Le schéma-type d’une expérience psi est constitué de quatre éléments :

un (ou plusieurs) sujet dont on teste la faculté psi,

une cible : information à percevoir (si ESP) ou dispositif à influencer (si PK),

un expérimentateur, initiateur de la recherche et garant du sérieux de l’expérience,

un obstacle, qui rend impossible le contact sensori-moteur conventionnel du sujet avec la cible.

On conclura qu’il y a eu psi si la relation sujet-cible est « statistiquement significative » c’est-à-dire si, selon les critères de la statistique mathématique, les observations diffèrent de ce que laisse attendre la loi de probabilité du hasard, et ce, malgré la présence de l’obstacle qui garantit le non-contact entre sujet et cible. L’occurrence du psi est donc définie par la négative, qui est une « réussite sans contact sensori-moteur conventionnel », mais on ne peut pas vraiment dire quel facteur a joué, seulement que l’hypothèse du hasard est statistiquement incompatible avec les observations. La règle de décision statistique habituelle consiste à rejeter ainsi cette hypothèse du hasard lorsque les observations ont moins de p = 5 / 100 de chances d’être obtenues si le hasard seul intervient.(notation : p<0.05). Ceci revient à prendre un pari à 20 contre 1, et la pratique scientifique (de la biologie à la psychologie) a montré qu’il s’agissait d’une attitude « raisonnable ». Cependant le seuil plus exigeant p = 1 / 100, utilisé épisodiquement ailleurs, l’est beaucoup plus fréquemment en parapsychologie, et il est arrivé assez souvent aux parapsychologues d’employer des seuils beaucoup plus faibles.

Exemples d’expériences :

le sujet doit deviner l’ordre d’un jeu de carte battu par une machine,

le sujet doit dessiner un dessin fait par une autre personne dans une autre pièce,

le sujet doit influencer un Générateur de Nombres Aléatoires pour qu’il donne plus de uns que de zéros.

Les problèmes de l’application de la méthode expérimentale en parapsychologie.

Tant qu’il s’agit de montrer l’existence du psi, et ses possibilités de transgresser l’obstacle (distance, temps, personnes, cages de Faraday etc), la méthode est parfaitement valable – si ce n’est que l’utilisation des statistiques peut toujours faire l’objet de controverses : même si la probabilité que le hasard seul ait joué est infime, elle n’est jamais nulle, donc il reste toujours une petite incertitude, due à notre méconnaissance de la nature du hasard.

Par contre, dès qu’il s’agit de déterminer les corrélats et caractéristiques du psi, ce type d’expérimentation s’avère assez inadapté. En effet, la méthode expérimentale classique suppose l’isolement des facteurs, que l’on fait varier un à un. Ici, la faculté du psi à passer au-dessus de l’obstacle (par définition) ne permet pas d’isoler les facteurs, et on ne peut pas savoir ce qui est responsable de l’effet-psi.

Exemple :

un dispositif aléatoire lumineux se déplace à côté d’animaux en cage. Si les résultats montrent que le dispositif s’approche significativement de la cage, qui est responsable du PK ? : les animaux, l’expérimentateur, les gens du labo, la personne qui a financé l’expérience, etc.

Avec le psi, il est impossible d’avoir un système fermé, donc un cadre expérimental strict. Des expériences positives ont d’ailleurs eu lieu sur l’influence d’une conscience collective et mondiale sur un générateur d’événements aléatoires (Global Consciousness Project), ce qui ne manque pas de soulever des paradoxes et interrogations. Depuis une trentaine d’années, on a mis en évidence en parapsychologie un « effet d’expérimentateur » qui stipule que des sujets réussissent mieux que d’autres en corrélation avec le désir, les a-prioris ou l’humeur de l’expérimentateur, et ceci même si les sujets et l’expérimentateur ne se connaissent pas.

Il faut donc, pour surmonter ce problème, trouver des méthodologies particulièrement sophistiquées qui ne peuvent être réellement probantes que si on arrive à un bon niveau de reproductibilité (par exemple, une expérience de Ganzfeld qui fonctionnerait quel que soit l’expérimentateur et le labo).

La plupart des expérimentateurs en parapsychologie ignorent complètement ou feignent d’ignorer ce problème, qui n’est pas non plus mis en avant par les sceptiques car il est aussi impossible à croire pour eux que le psi, et menaçant d’ailleurs pour la méthode expérimentale dans les autres sciences. On peut formuler l’hypothèse que dans la pratique, cet effet d’expérimentateur peut être négligé, encore faudrait-il faire des recherches pour déterminer dans quelles conditions.