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« Les expériences paranormales autour des mourants sont-elles le signe de la survie de l’âme ? » de W. Von Lucadou

« Les expériences paranormales autour des mourants sont-elles le signe de la survie de l’âme ? » de W. Von Lucadou

 

Lucadou, W.v. (2019): Les expériences paranormales autour des mourants sont-elles signe de la survie de l’âme ? 1- 41. In : Walter van Laack (dir.) La mort en tant que passerelle (volume 6): « départ ou fin – contacts ou illusions ? » ISBN 978-3-936624- 51-9. Actes du 6e séminaire des expériences de mort imminente à Aix-la-Chapelle le 09.11.2019, pp. 93-132.

 

Les expériences paranormales autour des mourants sont-elles signe de la survie de l’âme ?
Walter von Lucadou

 

 Traduit de l’allemand par l’IMI, avec l’autorisation de l’auteur.

 

Résumé

La question de savoir si la conscience humaine s’éteint avec la mort est vieille comme le monde. Dans toutes les cultures et religions, il existe des observations, des hypothèses et des croyances à ce sujet. Les expériences paranormales autour des mourants sont souvent considérées comme preuve de la survie de l’âme par les personnes concernées. S’agit-il de fantasmes ou certaines de ces expériences peuvent-elles être validées objectivement ? Si c’est le cas, devons-nous alors dépasser les lois des sciences naturelles pour les expliquer ? Différentes expériences autour des mourants sont discutées ici qui ont été rapportées ces trente dernières années dans le cadre des consultations du centre de conseil en parapsychologie à Fribourg en Allemagne. Durant les cinquante dernières années, la parapsychologie a fait de grands progrès concernant les dispositifs expérimentaux, ainsi que la modélisation et le développement de théories, malgré des moyens très restreints. Les expériences de mort imminente et d’autres situations spécifiques comme les visions au moment de la mort ou le phénomène de la « lucidité terminale » constituent souvent pour les personnes concernées une preuve de l’existence de l’âme. Cela justifierait de croire en la survie de l’âme après la mort. D’autres considèrent ces concepts comme une échappatoire métaphysique pour rejeter l’idée insupportable pour l’homme de sa finitude. Il est également possible de tenir ces expériences pour des « symbolisations » qui reflètent les structures mentales archétypales (dans le sens de C.G. Jung). Si l’on considère les symboles en tant que représentations globales observables dans le sens de la théorie quantique généralisée, surgit alors la question passionnante de leur statut ontologique.

 

Les expériences parapsychologiques autour des mourants

Les phénomènes ou apparitions paranormales semblent se produire fréquemment autour de personnes mourantes ou dans le contexte de la mort (Lucadou 2011). On peut même constater que dans beaucoup de travaux littéraires, le paranormal est intimement lié à la mort et à la fin de vie. C’est particulièrement le cas pour le spiritisme qui présume que les phénomènes paranormaux sont produits par des esprits de personnes décédées. Dans le cadre de cet article, l’expression « expériences paranormales » désigne uniquement l’aspect inhabituel de ces expériences sans les connotations « extra-sensorielles », « surnaturelles » ou « paranormales » qui leur sont souvent associées. Cet article discute différentes expériences autour de mourants qui ont été rapportées dans les trente dernières années au centre de conseil en Parapsychologie à Fribourg en Allemagne. Comme le centre dispose d’un très grand nombre de témoignages (environ 3000 contacts par an sur trente ans), seuls les témoignages représentatifs et répétés ont été retenus. Les personnes qui travaillent en soins palliatifs et qui s’occupent des mourants connaissent également un grand nombre d’anecdotes qu’ils tiennent pour révélatrices comme l’illustre la citation suivante :
« Je viens d’une famille de fossoyeurs. Parmi mes ancêtres, il y avait quatre arrière grand-pères jardiniers et fossoyeurs en même temps. Moi-même en cinquième génération j’ai été appelé à cela, j’ai travaillé pendant vingt ans dans ce métier et j’ai pris beaucoup de notes sur un cahier. Ce qui est intéressant c’est que mes arrière-grand-pères tout comme moi savaient à l’avance, qui allait avoir un accident, déclarer une maladie grave ou mourir dans les jours à venir. J’ai donc hérité ce don de Dieu de mes ancêtres. »
La catégorisation de ces expériences peut se faire d’après des points de vue très différents. L’analyse d’un grand nombre de lettres (Zahradnik, 2007) et de courriels (Wald, 2010) adressés au centre de conseil en Parapsychologie montre que les expériences paranormales en lien avec la mort et la fin de vie occupent une place particulière. Les dénominations et catégorisations sont par contre plutôt « intuitives » et correspondent à des descriptions en langage familier ou spécifique des personnes qui en parlent.
Le tableau 1 indique les expériences paranormales autour des mourants. Elles seront explicitées ensuite par des exemples pour illustrer comment comprendre ces expériences.

 

Tableau 1 : Expériences paranormales autour de mourants

• Pressentiment
Télépathie de crise
• Rêve prémonitoire
• Visions
• Expériences d’annonce
• Messagers de mort
• Visions des agonisants
• Lucidité terminale
• Expériences de mort imminente
• Apparitions avant ou après la mort
• Messages de personnes décédées
• Hantises
• Réactions au deuil
• Expériences de réincarnation
• Syndrome de stress post-traumatique (coma artificiel)

Pressentiments

L’exemple suivant illustre un cas de pressentiment :
« Fin décembre nous avons réservé un voyage en Thaïlande. Nous étions très heureux à cette perspective. Pourtant dès fin décembre et tout janvier, des pressentiments de mort sans explication m’assaillaient. C’était souvent le matin, lorsque j’allais au travail. Ce n’était pas l’idée que quelqu’un de la famille pourrait mourir, mais – je le sais maintenant – le sentiment de deuil à propos d’un proche aimé. Aujourd’hui je pars le matin au travail et j’ai ce sentiment, puisque c’est réellement arrivé. Il s’agit d’un pressentiment ou de sentiments qui se réalisent. Je ressens ces impressions dans la réalité tout à fait comme dans les pressentiments. »
Les pressentiments sont des états émotionnels non spécifiques qui s’imposent spontanément. La personne concernée se rend compte que ces états émotionnels ne sont pas en rapport avec la situation dans laquelle elle se trouve. Cela provoque de l’inquiétude et une forme d’insécurité qui l’amène à se dire que quelque chose d’anormal est en train de se passer ou de s’annoncer. En général, elle ne sait pas à quoi fait référence ce pressentiment. Cela se clarifie a postériori. Cependant, les pressentiments sont considérés comme importants du fait de leur fonction d’orientation. Ils attirent l’attention des personnes concernées et les aident à s’orienter dans leur environnement ou à accorder davantage d’attention à ce qui va se passer. Les pressentiments concernent souvent des cas de décès ou d’accidents, c’est à dire ils sont souvent associés à des affects négatifs. Dans un sens plus précis, on devrait parler de pressentiments lorsqu’ils se réfèrent à des événements futurs et que les personnes concernées le perçoivent ainsi. Ils se différencient ainsi des interprétations d’états émotionnels connues dans le passé et qui reviennent en mémoire.

Rêve prémonitoire

Contrairement aux pressentiments, les rêves prémonitoires sont souvent plus concrets. La situation à laquelle se réfère le rêve semble claire. L’exemple suivant le montre :
À trois reprises, j’ai fait le rêve qu’un garçon que j’aime beaucoup se fait renverser par une voiture et meurt. Et cela se passe au croisement où j’ai été moi-même victime d’un accident. J’ai tellement peur maintenant que cela arrive réellement. Que dois-je faire ? Merci de m’aider !
Au téléphone la personne concernée me dit avoir perdu deux amis déjà dans des accidents de motos. À chaque fois, elle a vu le drame de l’accident auparavant en détail dans un rêve. Son ami actuel veut s’acheter une moto et ne tient pas compte de ses inquiétudes.
Les rêves prémonitoires peuvent être vérifiés après que l’événement ait eu lieu et après avoir exclu la « prophétie auto-réalisatrice ». Plus précisément, les rêves prémonitoires ne concernent pas les événements dans lesquels les rêveurs eux-mêmes sont impliqués. Tout comme ceux dont le contenu peut être deviné ou construit par la logique à l’avance. Si quelqu’un rêve par exemple d’un accident de voiture et sait que son ami vient de monter en état d’ivresse dans un véhicule pour le conduire, alors on ne parlera pas de rêve prémonitoire. Tout comme pour le pressentiment, le rêve prémonitoire est souvent associé à des accidents ou des cas de décès. Ils ont souvent une teneur affective négative.

Télépathie de crise

Contrairement aux pressentiments et rêves prémonitoires, la télépathie de crise concerne une situation actuelle dans laquelle la personne a l’intuition d’une situation de crise et en tire des conclusions sans utiliser les canaux sensoriels habituels. L’exemple suivant illustre cette situation :
« A l’âge de 19 ans, j’ai eu un grave accident dans un exercice militaire à Würzburg. J’ai échappé de près à une mort certaine. J’étais à cheval sur un sentier raide et étroit en flanc de colline. Le cheval a buté et s’est braqué et nous avons été entrainés dans le précipice pour retomber sur une piste sur laquelle roulait un chariot. Le char à six chevaux a été arrêté par ma chute et je me suis retrouvé au bord d’une roue prête à m’écraser le thorax. Je l’ai échappé belle ! Seulement un choc sans blessures fatales. Ceci a eu lieu dans les heures matinales d’un jour de printemps. Le soir mon père m’a envoyé un message télégraphique pour me demander comment j’allais. Ce fut la première et la seule fois que mon père m’adressa un message télégraphique. Ma sœur ainée lui avait demandé d’envoyer ce message parce qu’elle prétendait savoir qu’il m’était arrivé quelque chose de grave. » (Berger, 1940).
Comme l’indique son nom, la télépathie de crise concerne souvent des incidents graves et mortels. Elle fait partie des expériences paranormales les plus relatées. Le cas décrit a donné lieu à une étude par Hans Berger afin d’explorer les signaux électriques du cerveau humain ce qui a permis de créer l’électro-encéphalogramme. Mais Hans Berger pouvait déjà constater que les signaux électriques émis par le cerveau humain étaient trop faibles pour expliquer la télépathie de crise. La télépathie (« sentir de loin ») a beaucoup en commun avec les pressentiments. Les personnes concernées perçoivent des émotions et sentiments qu’elles ne reconnaissent pas comme les leurs et elles ne savent pas à quoi ils font référence. Les catégories pressentiments, rêves prémonitoires et télépathie de crise ont en commun d’être perçues au cours d’états de conscience normaux. C’est tout à fait différent pour les expériences qui vont être décrites par la suite.

Visions

Une vision est marquée par son caractère inhabituel. Ceux qui en font l’expérience savent que l’expérience visionnaire n’a rien de commun. Elle n’existe pas dans la conscience quotidienne. Les visions sont en général visuelles. Une image ou une scène se déroulent et la personne concernée sait qu’il ne s’agit pas d’une scène réelle du quotidien. L’exemple suivant de Tyrrell (1979) décrit ce phénomène :
« Un enfant d’une dizaine d’années marchait sur une route de campagne près de la maison de ses parents et lisait un livre de géométrie. Soudainement le paysage autour de lui disparut et il vit sa mère dans une pièce inhabitée de la maison. Cette pièce était appelée « la pièce blanche » et sa mère était allongée au sol, apparemment morte. À côté d’elle se trouvait un mouchoir en dentelle. La vision était tellement véridique que l’enfant, au lieu de rentrer, se rendit directement à la maison du médecin pour l’amener chez lui. Ils trouvèrent la mère de l’enfant au sol dans la « pièce blanche » (qui n’était pas un lieu où elle allait souvent). Elle avait subi une crise cardiaque grave et le mouchoir de la vision était à côté d’elle. Le médecin arriva juste à temps pour la sauver. » (Tyrrell, 1979, p. 37)
Les visions peuvent concerner toute sorte d’événements, les cas de décès n’étant pas les plus fréquents. Visions et hallucinations ne sont pas la même chose. Le témoin n’a pas conscience au moment de l’hallucination qu’il s’agit d’un état exceptionnel. Il prend l’hallucination pour une perception réelle et voit par la suite seulement qu’il s’agit d’une illusion ou d’une fausse perception. Dans le cadre de la mort, les hallucinations sont très fréquentes. Aussi bien avant qu’après sa mort, une personne peut apparaitre en tant qu’hallucination véridique. C’est seulement après, et par rapport aux circonstances, que le témoin se rend compte que la personne qu’elle a vue ne peut pas être là parce qu’elle est déjà décédée ou encore à l’hôpital. Parfois il est difficile de distinguer les hallucinations des visions, comme le montre l’exemple suivant :
« J’étais avec mon mari dans la salle de concert de Birmingham lorsqu’un frisson me parcourut qui survient en général dans ces cas-là. Immédiatement je vis, entre l’orchestre et ma place, mon oncle Monsieur W. l’air effrayé dans son lit comme quelqu’un en train de mourir. Je ne l’avais pas revu depuis plusieurs mois et je n’avais aucune raison de penser qu’il était malade. La vision n’était pas transparente ou floue, mais parfaitement matérielle ; et pourtant je pouvais également voir l’orchestre à l’arrière. » L’oncle de cette personne était en train de mourir lorsqu’elle avait eu cette vision. (Tyrrell, 1979, p. 63)

Expériences d’annonce

Les expériences d’annonce sont le pendant physique des pressentiments. Tandis que les pressentiments sont des processus intrapsychiques, les expériences d’annonce décrivent un événement réel et physique, en général en rapport avec un décès ou une situation de crise. Ils correspondent souvent à des phénomènes physiques qui se produisent avant ou après le décès d’une personne. Ce sont par exemple les montres qui s’arrêtent ou une photo qui tombe. Dans l’exemple suivant il s’agit d’une voix anormale enregistrée sur une bande magnétique au moment où un enfant est en danger de mort :
« À l’âge de sept ans, j’allais en haut comme chaque semaine pour prendre mon bain. Je m’amusais et d’un coup j’ai perdu l’équilibre et j’ai glissé sur le côté jusqu’à rester bloquée sous l’eau dans la baignoire. D’abord, j’ai eu une peur panique et j’ai essayé de me libérer. Puis tout est devenu noir. Mes dernières pensées furent : sortez-moi de là. En même temps, mon père était en train d’enregistrer de la musique. Au moment même où je me retrouvais sous l’eau, la musique se coupa et une voix distendue répétait la phrase que je disais mentalement. Mon père se précipita dans la salle de bain. Mais à cet instant j’étais déjà sortie de l’eau, je ne sais pas comment et je n’en ai aucun souvenir. La musique continua alors à s’enregistrer. Cette bande existe encore. Qui a parlé sur la bande ? Mon ange gardien ? Pourquoi seulement dans notre radio ? »
Malheureusement nous n’avons pas pu vérifier cet enregistrement.

Messagers de mort

Il existe un grand nombre d’anecdotes qui sont interprétées comme des messages de mort par la population. Souvent il s’agit de comportements anormaux d’animaux ou d’apparition de certains animaux associés à la mort comme par exemple le cri de la chouette, etc. Il est difficile de différencier ces récits des légendes populaires existantes. Dans un cas, le personnel d’une maison de retraite a rapporté qu’une certaine espèce d’insecte apparaissait lors du décès d’une personne et cet insecte (voir figure 1) était donc naturellement considéré comme un messager de mort par le personnel soignant. La symbolique du T pour thanatos est évidente. On m’a affirmé qu’il s’agissait d’un signe sûr. Sur mon conseil, l’insecte a été pris en photo. Les soignants n’aimaient pas le regarder parce que curieusement cet insecte se réduisait en poussière une fois la personne décédée. Je n’ai pas pu vérifier cette affirmation.

Figure 1 : messager de mort

 

Visions des agonisants

Cette expérience est différente de celle décrite plus haut parce qu’il s’agit de visions qu’a la personne mourante elle-même. J’ai pu recueillir le témoignage de Ricardo Ojeda-Vera grâce à Claus Speer :
« Un soir après le travail dans la clinique, j’ai décidé de m’asseoir à mon bureau pour écrire à ma mère à Caracas, en espagnol bien évidemment. Je lui parlais de mon surmenage, de mes états d’âme, de la nostalgie et je lui décrivais le paysage du Tegernsee.
Le lendemain j’allais à la visite des malades avec le médecin chef comme d’habitude. Une patiente dont j’ai oublié le nom souffrait d’un cancer mammaire avec des métastases au poumon, au foie et aux os.
Nous étions en train de lire les rapports d’examen et les résultats d’analyse lorsqu’elle se tourna vers moi et dit : « c’est une très belle lettre que vous avez écrite hier soir. » D’abord je ne compris pas ce qu’elle me disait, puis je me souvins de la lettre que j’avais écrite la veille à ma mère. Toutes les personnes présentes ont également entendu ses mots et me regardaient surpris. Je la regardai et lui demandai ce qu’elle voulait dire et elle répondit : « oui, la lettre que vous avez écrite à votre mère hier soir. » À ma question comment elle avait su, elle disait qu’elle pouvait sentir combien j’aimais ma mère. Elle me donna les détails de la lettre et qu’elle m’avait regardé écrire depuis le plafond de mon bureau. J’aurais écrit cette lettre assis à un bureau et je portais mon peignoir vert. Parlait-elle espagnol, lui demandai-je. Elle dit que non, mais donna des détails sur la lettre à nouveau.
« Comment est-ce possible ? » lui demandai-je un peu désespéré. « Je ne sais pas très bien, c’est la première fois que cela m’arrive », fut sa réponse. Cette femme mourut trois jours plus tard. » (Ojeda-Vera, 2007).
Il s’agit d’une vision sur le lit de mort. Ce sont des vécus paranormaux de personnes avant leur propre mort qu’ils décrivent eux-mêmes comme extraordinaires. Elles disent pouvoir percevoir des choses qu’elles ne percevaient pas en temps normal et qu’elles n’avaient pas ce don auparavant. Le phénomène des visions au lit de mort ne se réfère pas en général à la propre mort de la personne, mais à des personnes proches à qui elle adresse un message particulier.

Figure 2 : vision du lit de mort. Louis Jean Lagrenée : Allégorie à la mort du Dauphin 1765

Au moment du décès il se produit souvent des expériences qui ne sont pas clairement identifiables comme des visions ou des hallucinations (dans le sens décrit plus haut). Voici une personne qui décrit au moment de sa mort une rencontre avec une personne déjà morte :
« On m’a souvent raconté que mon arrière-grand-mère se redressa dans son lit, qu’elle ouvrit ses bras en disant : oui, XXX, tu viens ? Alors elle nous quitta paisiblement. Écrite, cette phrase ne sonne malheureusement pas aussi bien. Je la trouve réconfortante ! P.S. : XXX était bien sûr une connaissance de mon arrière-grand-mère, décédée depuis longtemps. »
Les visions des agonisants sont donc des images claires et vivantes dont témoignent les personnes mourantes. Souvent elles savent qu’il s’agit d’une hallucination (ou une illusion). Ce sont souvent des images visionnaires avec une force symbolique (en générale religieuses ou chiliastique ) et qui sont perçues avec grande clarté (figure 2).

Lucidité terminale

De la même famille d’un point de vue phénoménologique, on compte la « lucidité terminale » dans laquelle une personne proche de la mort retrouve une étonnante clarté d’esprit et de conscience même après une période de coma ou de démence. Ce phénomène reste inexploré. Michael Nahm (2009, 2012) a publié un certain nombre de cas dans son livre « Lorsque la nuit prend fin ». Il y analyse et décrit les rapports publiés par le passé dans la littérature médicale. Il s’agit essentiellement de rapports concernant des expériences de personnes ayant passé plusieurs années, voire décennies, dans le coma et souffrant d’atteintes cérébrales complètes ou irréparables, qui montraient un changement radical de leur état psychique juste avant de mourir. Soudainement, après la longue période sans réactivité, ces personnes se redressent, sont absolument claires d’esprit, retrouvent les traits antérieurs de leur visage et adressent un message personnel et clair aux membres de la famille stupéfaite. Ensuite, elles se recouchent et, avec un air paisible et en accord avec elles-mêmes, quittent leur enveloppe charnelle.
Il s’agit des résultats d’une recherche bibliographique que Nahm a menée sur le sujet. (Nahm & Haraldsson, 2009a; Nahm & Greyson, 2009b). Il a pu rassembler 82 cas dont 52 font l’objet d’une étude détaillée ou d’une publication originale. Ce recueil rapporte des cas où le cerveau de la personne en état de lucidité terminale montrait des lésions importantes auparavant, par blessure, tumeur, maladie d’Alzheimer ou méningite, ainsi que des cas d’atteintes psychiques graves comme la schizophrénie sans lésions organiques du cerveau.

Expériences de mort imminente (EMI)

Les expériences de mort imminente font partie de la famille des « expériences extracorporelles » (EEC). Elles portent sur l’expérience de sortie de corps, de « voyage (astral) » dans un « au-delà », puis d’un retour dans le corps.
Les expériences de mort imminente sont décrites dans la littérature par le biais d’une « phénoménologie standard » expliquée dans le tableau 2. Il faut prendre en compte le fait que dans des cas concrets certains éléments s’ajoutent ou n’existent pas.
Il est important surtout de savoir que les personnes concernées ne décrivent leur expérience que de manière rétrospective (parfois même longtemps après, une fois la peur de partager leur vécu évanouie). Très régulièrement elles soulignent qu’elles ne peuvent pas réellement décrire leur expérience (l’indicible). On parle aussi de la « rhétorique de l’indicible » qui est fréquente lors d’expériences paranormales (Zahradnik, 2007).
Une expérience paranormale advient souvent dans une situation critique et menaçante qui génère un fort stress psychique et physique (situation corporelle extrême, accident, maladie, blessure grave, opération ou sortie de coma). Les personnes disent par exemple entendre le médecin urgentiste déclarer leur mort (entendre l’annonce de leur mort). Malgré un moment de panique, un sentiment de calme et de paix les envahit. Dans la description d’une expérience extracorporelle (EEC) qui va suivre les personnes se voient « d’en haut » et « de l’extérieur », par exemple sur le lit d’hôpital ou « en flottant au plafond de la pièce et de voir la scène depuis le dessus de l’hôpital ». Des sons de toutes sortes se font entendre, parfois agréables, comme de la musique ou des cloches, parfois désagréables. Dans les « traversées de tunnels », les personnes concernées décrivent le sentiment de traverser ou d’être tirées dans un tunnel qui s’ouvre sur une lumière. Ensuite elles entrent dans un « paysage » qui ressemble à un jardin. Là elles sont accueillies par d’autres personnes, en général défuntes. Souvent un être de lumière apparaît qui est difficile à décrire et serait fait de « lumière et d’amour ». Comme dans un « film » les événements de la vie de la personne défilent dans une atmosphère neutre et objective sans jugement moral. Puis une sorte de barrière ou de frontière est atteinte, par exemple une rivière ou un pont infranchissable. Alors a lieu le retour. Il y a un message qui lui ordonne « de retourner et qu’il est interdit de traverser parce qu’il a encore des missions à remplir ». Le « retour dans le corps » est en général vécu comme « désagréable ». Une fois la pleine conscience retrouvée, les personnes tentent vainement de décrire leur vécu ce qui vient du fait que ces événements sont difficiles à décrire et que l’on pense ne pas être compris. Cette crainte s’est amoindrie ces dernières années, parce que les expériences de mort imminente ne font plus partie des expériences paranormales « tabous ». Ce n’est pas toujours le cas. Dans certains cas, les personnes concernées vérifient par la suite si le vécu clairvoyant durant l’EEC correspond à la réalité. On a pu vérifier par exemple qu’un agrandissement récent d’une clinique dont la personne ne savait rien, mais qu’elle voyait, existait réellement.

 

Tableau 2: La phénoménologie standard des expériences de mort imminente

L’indicible
Entendre des annonces de mort
Sentiment de calme et de paix lors des expériences extracorporelles (EEC)
Sons de toutes sortes
« Expériences de tunnel »
« Expériences de paysages »
Rencontre avec d’autres personnes souvent défuntes
Rencontre avec un « être de lumière »
Panorama de vie
Atteinte d’une barrière/frontière
Retour
Tentative vaine d’explication
Changement de vie
Nouvelle vision de la mort

Un élément essentiel des expériences de mort imminente est l’effet a postériori sur les personnes concernées et leur entourage. Elles amènent en général un changement de vie, une autre vision de la mort, la peur de la mort disparaît, un autre système de valeurs en résulte : les relations humaines comptent plus que les biens matériels etc.
Dans son livre « Rapports de l’au-delà » (1999) Hubert Knoblauch apporte une comparaison intéressante entre l’expérience de mort imminente en Allemagne de l’Ouest et dans les régions de l’ex-RDA. Il constate que la fréquence des expériences de mort imminente est identique dans les deux parties de l’Allemagne et qu’il n’y a pas de différences liées au genre. En revanche, il existe des différences dans l’interprétation, dans les conséquences sociétales de ce genre d’expérience et du sens qui leur est donné à l’Est et à l’Ouest. Knoblauch conclut alors que la phénoménologie des expériences de mort imminente dépend d’aspects culturels et idéologiques, non d’une constante anthropologique comme on le lit souvent dans la littérature spécialisée.
Les expériences de mort imminente sont intéressantes dans cette discussion, parce que les personnes rapportent souvent des faits dont elles ne pouvaient pas avoir connaissance à ce moment-là. La question se pose donc de savoir s’il s’agit d’une forme de perception extra-sensorielle (télépathie ou clairvoyance) comme le montre l’exemple suivant (Knoblauch, 1999) :
« Je ne sentais plus mon corps à ce moment-là. Une spirale me tirait vers le haut à toute vitesse. Là je vis une lumière claire, dorée et magnifique. En plus de la lumière, il y avait une mélodie qui dégageait une belle atmosphère bienfaisante de bonheur. En bruit de fond, j’entendais une voix qui me semblait connue. C’était la voix de mon frère qui avait été porté disparu. Il était soldat, mais on ne savait pas où il était. Mon frère me dit alors que l’avion dans lequel il se trouvait avait été touché et avait pris feu. C’est pour cela qu’il ne pouvait pas revenir auprès de la famille. Mais moi, je devais retourner d’où je venais. Au même instant, tout redevint noir et la spirale se mit à tourner dans l’autre sens. Je sentis un coup au visage. Et je repris conscience – au bord d’une rivière. »
Le récit concernant l’accident d’avion s’est avéré juste. Les cas de mort imminente ou d’expériences extra-sensorielles sont probablement exclus de la littérature générale, parce qu’ils contredisent les paradigmes psychologiques communément admis et sont attribués à la littérature parapsychologique uniquement.

Apparitions

Les apparitions de personnes défuntes entrent dans le cadre des visions ou hallucinations, mais peuvent être catégorisées à part parce qu’elles sont interprétées de manière différente. Il s’agit d’hallucinations visuelles, acoustiques, tactiles ou olfactives qui se produisent souvent une année après le décès d’une personne proche et qui sont clairement identifiées comme étant en lien avec le défunt.
« J’étais en train de nettoyer le parquet du salon. Lorsque je me redressai pour faire une pause, je le vis. Il était debout face à moi à une petite distance et me regardait. Je me suis précipité vers lui et j’ai crié « Beggie ! » et il a soudainement disparu.
Cela s’est passé il y a trois ans. J’étais dans ma chambre et lisais un livre. Lorsque j’ai levé la tête, j’ai vu ma grand-mère décédée en pied devant moi. J’ai raconté cet événement le jour suivant à ma mère et elle m’a dit: « C’est magnifique ! C’était son anniversaire hier. Je l’avais totalement oublié. » (Haraldsson, 2010, p. 299)
Lors d’une étude représentative en Islande, Erlendur Haraldsson (2010) constata que plus de 80% des personnes qui avaient perdu une personne proche témoignaient de telles apparitions. Elles sont interprétées comme des « signes » des défunts. Lorsqu’il s’agit d’hallucinations auditives, on parle souvent de « messages des défunts ».
Contrairement à ces expériences qui se produisent de manière spontanée et inattendue, il existe des méthodes spirites depuis plus de 150 ans. Elles ont pour but de provoquer ces messages des défunts de manière expérimentale. On produit des messages par différents intermédiaires, des prises de contact par le pendule, par le déplacement de verres, l’écriture automatique ou des voix enregistrées, tout comme des enregistrements vidéo et des messages par ordinateur (Berger, Hövelmann & Lucadou, 1992). Ces procédés techniques sont connus sous le terme de « trans-communication » et étudiés par ailleurs (Lucadou, 2007, Müller, 1997).
Le problème majeur avec la trans-communication est de savoir s’il s’agit réellement de messages des défunts ou plutôt d’expressions non-conscientes ou préconscientes des personnes impliquées, de manipulation ou tromperie par des charlatans doués, de perturbations techniques, d’artefacts psychologiques ou de phénomènes paranormaux (peu importe ce que cela veut dire). Nous ne discuterons pas cette question ici en détail. La littérature sur le sujet est importante. Pour une vue d’ensemble, se reporter aux ouvrages de Emil Matthiesen (1968) et Gerda Lier (2010).

Les phénomènes au moment de la mort

Au moment de la mort d’une personne, principalement les parents et le personnel soignant présents, décrivent des phénomènes dans « l’atmosphère » de la pièce : d’abord on sent que « quelque chose a changé dans la pièce » (par exemple la température ou « l’atmosphère »). On décrit la présence « d’êtres ». « L’âme » du mourant « remplirait la pièce ». Souvent on ouvre la fenêtre, parce qu’on a l’impression de devoir laisser partir quelque chose. Dans les campagnes, les maisons anciennes avaient une petite fenêtre appelée « la fenêtre des âmes » que l’on ouvrait au moment du décès d’une personne dans la maison. Le sentiment de présence d’êtres est souvent associé à une émotion positive, « majestueuse » et profonde. Il peut y avoir aussi des émotions d’anxiété comme le montre l’exemple suivant :
« Je suis infirmière et j’ai accompagné et assisté beaucoup de personnes jusqu’à leur mort. Lorsqu’elles partent, elles ne partent pas seules. On vient les prendre. Les êtres (des bons et des méchants) arrivent quelques heures avant d’emporter le mourant. Je peux les sentir, ils me parlent, je peux les entendre dans ma tête et ils m’entendent également. Les bons envoient du calme, de l’harmonie, du bien-être, je n’ai pas peur d’eux. Les méchants m’effraient : j’ai la chair de poule lorsque je les sens. »
En début d’année, j’ai été attaquée par les êtres méchants. Je suis arrivée sans crainte dans la pièce de la patiente qui était en train de mourir et je me suis heurtée à un mur de glace. J’ai senti une main gelée qui m’enveloppait le cœur et je pensais que ma dernière heure avait sonné. Après l’avoir rejeté et refusé, ils me laissèrent tranquille, mais restèrent dans la pièce à m’observer pendant que je m’occupais de la patiente. Notre maison commençait alors à être hantée. Le clavier de nos ordinateurs faisait n’importe quoi ou alors des messages étaient effacés lorsque nous quittions la pièce.
C’est un autre phénomène qui est souvent relaté en rapport avec des décès.

Hantise

Les apparitions de fantômes sont comparables aux annonces de mort. Elles ne se produisent pas chez la personne concernée, mais chez des personnes extérieures. Elles sont associées à l’idée que l’âme du mourant ne trouve pas la paix et qu’elle vient donc hanter des lieux. Cet imaginaire folklorique donne lieu à des contes d’horreur. L’exemple suivant illustre cela. L’avocat de la famille concernée écrit :
« Suite aux conditions de décès du propriétaire précédent dont on avait volontairement tu les causes réelles, Madame M. a souffert de problèmes graves de santé qui peuvent être attestés. Par conséquent mes clients ne peuvent rester locataires du bien cité ci-dessus.
Je vous ai déjà détaillé d’autres incidents étranges qui ont eu lieu, comme par exemple la double chute dans la piscine, le déclenchement de l’alarme éteinte (une affirmation qui peut être vérifiée auprès de la police), la lumière qui s’allume dans toutes les pièces mêmes éloignées de la maison. »
Dans ce cas, la famille m’a demandé un rapport officiel, ne voulant plus vivre dans cette maison où l’ancien propriétaire s’était pendu.
Il est clair qu’une telle « histoire de fantômes » ne sera pas prise au sérieux devant la justice. Je me suis alors contenté d’écrire dans mon rapport que toutes les cultures considèrent un lieu de vie comme difficilement habitable lorsque quelqu’un s’y est suicidé. Parfois ces maisons sont même détruites. Ces constantes anthropologiques ne doivent pas être sous-estimées, car les processus inconscients entrent en ligne de compte dans la qualité de vie et la santé. Et c’est tout à fait indépendant du fait que l’on admet l’existence de fantômes ou de hantise. Puisque les locataires ont été trompés (les circonstances du suicide leur ont été cachées), la cour a conclu qu’une rupture du contrat serait justifiable.
Les cas de hantise en rapport avec des décès sont certainement une réaction des personnes vivantes et concernent plutôt leur situation de vie. J’ai écrit des articles à ce sujet et n’approfondirai pas cette question ici (Lucadou, 2000, Lucadou & Zahradnik, 2004). La réaction extrême de personnes extérieures à des cas de décès problématiques montre que cette expérience paranormale advient dans des conditions psychiques de détresse (Lucadou & Wald, 2014). Ceci est également valable pour les deux derniers vécus décrits dans le schéma 1, c’est à dire pour les réactions de deuil extrêmes et les troubles de stress post-traumatiques.

Réaction de deuil et troubles de stress post-traumatique

Dans ces situations, il ne s’agit bien sûr pas de phénomènes paranormaux, mais de réactions extrêmes normales suite à un décès comme dans les exemples qui vont suivre. Bien que ces deux cas ne montrent pas d’éléments paranormaux directs, les personnes faisaient un lien avec la parapsychologie puisqu’elles ont consulté le centre de conseil en parapsychologie.
« Ma grand-mère est décédée il y a un an. J’avais une très bonne relation avec elle. Elle me manque beaucoup et je pense à elle souvent. Depuis qu’elle est décédée, je rêve d’elle. Elle apparaît dans mes rêves, parfois je la vois vivante, parfois morte, parfois elle me parle et parfois je vois juste une forme fantomatique avec sa tête. Mes rêves parlent souvent de maladie et de mort ce qui vient peut-être du fait que j’en ai peur et que j’ai déjà été opérée d’urgence. »
Il est à remarquer que, dans ce cas de deuil, prévaut la peur extrême qui a certainement des conséquences somatiques.
« Je vous écris parce que je ne sais plus quoi faire et que vous saurez peut-être m’aider. Depuis 17 ans, je souffre d’attaques d’étouffement nocturne. Elles commencent une demi-heure après l’endormissement et se répètent environ 4 à 5 fois par nuit. Je vis une lutte contre la mort, nuit après nuit. J’ai consulté beaucoup de médecins, mais aucun n’a pu trouver une solution, même avec des thérapies du sommeil et appareil de surveillance. Tout restait sans effet. J’ai également fait plus de 25 séances de psychothérapie qui ne m’ont pas aidé. Pour finir j’ai fait 2 séances avec une professeure de Reiki sans effet également. Toute ma famille souffre de cette situation, puisque personne ne peut m’aider. »
Dans ce cas, ni la personne elle-même, ni les thérapeutes n’ont su diagnostiquer une situation extrême de deuil avec des troubles de stress post-traumatique.
Au cours de la consultation, nous avons constaté qu’il s’agissait bien d’un « trouble somatique » parce qu’elle a pu faire le lien avec un décès. Toutes les tentatives de la thérapie psychologique classique sont restées sans résultat parce qu’un aspect paranormal important n’a pas été pris en compte par les thérapeutes. Dans ce cas, il s’agissait d’une situation de télépathie de crise (voir plus haut). La personne a vécu le décès par étouffement de sa grand-mère de façon télépathique. Ses vécus d’étouffements nocturnes sont apparus à ce moment-là et se produisent à l’heure où sa grand-mère est morte. Elle n’avait pas pu faire ce lien auparavant parce qu’elle n’avait jamais parlé de cet événement avec qui que ce soit. Cela lui semblait peu pertinent ou illusoire. C’est suite à notre question de savoir si elle se souvenait d’un événement exceptionnel en rapport avec la mort de sa grand-mère qu’elle a pu se souvenir que la nuit du décès de celle-ci elle s’était couchée toute habillée. Ses parents lui avaient caché l’état de sa grand-mère pour ne pas la choquer.

Questions existentielles

Lorsque l’on s’intéresse à des phénomènes paranormaux liés à des décès, il apparait clairement que ces expériences relèvent de Questions existentielles présentes dans toutes les cultures. Notre vision occidentale centrée sur la technologie rejette ces dimensions. Il s’agit essentiellement de trois questions fondamentales:
1. Lors d’un décès, la conscience disparaît-elle complètement ou partiellement ou continue-t-elle d’exister après ?,
2. La mort efface-t-elle toutes les manifestions de conscience (cet élément subtil?) et
3. Une question d’ordre éthique, les deux questions précédentes sont-elles en rapport avec l’expérience de vie de la personne ?
Il est habituel de répondre à ces trois questions de manière spéculative d’après les expériences paranormales qui accompagnent le décès. Il n’est pas étonnant alors que la question de la survie de l’âme soit mise en relation avec le nombre important de cas de phénomènes paranormaux (voir Matthisen, 1968, Lier, 2010). Cette approche est pourtant problématique, parce que la recherche parapsychologique est toujours très controversée et peu représentée dans les universités. Beaucoup de neuroscientifiques partent du principe qu’il s’agit d’illusions dans la plupart des cas d’expériences paranormales ou même de tromperies et de fraudes. Il ne me semble donc pas intéressant de discuter ces questionnements humains sur la seule base de descriptifs plus ou moins douteux. Je préfère étudier le matériau de ces expériences à la lumière des sciences classiques, en particulier la psychologie et la physique et même la parapsychologie qui est une combinaison des deux premières.
En effet, dans les cent dernières années, les sciences naturelles ont pu apporter de précieuses connaissances concernant notre questionnement. De plus, la recherche en parapsychologie a pu faire des progrès considérables durant les 40 dernières années ce qui est remarquable vu les ressources restreintes dévolues à ce type de recherche. Désormais ces progrès se comparent aisément à ceux des sciences en général (Schouten, 1989). Deux aspects sont essentiels dans ces considérations :
1. Que peuvent apporter les sciences de la cognition et de la perception concernant ces expériences paranormales ?
2. Quels aspects de la physique moderne sont-ils pertinents pour notre questionnement ?

Perception et conscience

La perception humaine est un processus complexe et nos organes de perception ne peuvent accéder qu’à une partie limitée de l’ensemble de phénomènes physiques. Les illusions perceptives (visuelles, acoustiques, tactiles, etc.) montrent que nous ne percevons pas le monde tel qu’il est, mais que nous avons appris à le percevoir au travers les prismes de l’éducation et des habitudes. Se pose alors la question de savoir si les expériences paranormales décrites ne seraient pas de simples illusions perceptives. Cette question se résout par une approche expérimentale comme décrite ci-dessous.
Plus important encore pour nos « Questions existentielles » se révèlent les processus cognitifs plus intriqués, comme la « perception sociale », la « perception de soi », la « conscience de soi » et la question du « libre arbitre ». Les neurosciences ont enregistré de beaux progrès à ce sujet et ce grâce aux méthodes d’imagerie comme la tomodensitométrie, la résonance de spin électronique ou les analyses électroencéphalographiques. D’un autre côté, un paradigme causal réductionniste s’est imposé ici, qui ramène la conscience humaine aux seuls processus neurologiques et qui trouve son apothéose dans l’affirmation que la conscience de soi et le libre arbitre seraient des illusions produites par notre cerveau.
« Les données collectées grâce à des procédés d’imagerie modernes donnent à penser que l’ensemble des processus intrapsychiques sont en corrélation avec des activations neuronales au niveau de différentes zones cérébrales, par exemple l’imaginaire, l’empathie, les sentiments, la prise de décision et la planification délibérée de comportements. Même si nous ne connaissons pas encore tous les détails, nous pouvons penser que tous ces processus pourront être décrits par des réactions physico-chimiques » (Rössler, 2004 dans le manifeste des neuroscientifiques éminents de la RFA).
Bien que je considère ce paradigme comme limité, nous pouvons apprendre des choses des neurosciences afin d’éclairer notre questionnement. Un des modèles actuels assez reconnu concernant la fonction de la conscience est la « theory of mind » (Baron-Cohen, 1991). Elle postule que nous ne percevons pas le monde extérieur ni notre propre personne directement, mais en tant que construction appelée « représentation mentale ». La représentation mentale résulte de l’interaction entre champs neuronaux associatifs. Les stimuli sensoriels venant de l’extérieur et les états neuronaux sont corrélés en un système auto-organisé. Dans ce système, un « je » produit une représentation du monde dont le « je » fait partie. Cette idée a été initiée par Paul Tholey et nous la représentons dans la figure 3.
Pour le formuler simplement : nous ne percevons pas le monde tel qu’il est réellement, mais notre conscience produit le monde en tant qu’ « histoire imaginaire ». Cela ne veut pas dire qu’il s’agit de n’importe quoi. Par des ajustements continus des stimuli sensoriels avec le monde réel, la représentation mentale est adaptée à la réalité. On peut le vérifier dans de nombreuses expérimentations. Ici émerge alors une question intéressante : quels seraient les objets du « monde extérieur » qui correspondent aux expériences paranormales ? La théorie de la Gestalt nous donne des indications : si nous observons longuement une forme régulière structurée, par exemple un papier peint aux motifs simples, nous voyons souvent au bout d’un moment un visage ou une figure parce que les stimuli flous sont remplacés par quelque chose de connu dans nos représentations mentales.

 

Figure 3 : La représentation mentale (dessin de Paul Tholey, 1998)

Il en résulte que nous devons nous méfier de toutes les « apparitions de fantômes » dans la mesure où nous ne savons pas ce que nous voyons réellement, même si nous voyons quelque chose. Car notre représentation mentale transforme très rapidement quelque chose d’inconnu en quelque chose de connu – elle ne sait pas faire autrement. J’appelle ce processus « habillage » et on peut l’observer fréquemment lors d’expériences exceptionnelles. Certaines personnes voient par exemple une forme lumineuse. Plus tard elles découvrent dans un livre une représentation d’un « alien » et elles sont alors parfaitement sûres d’avoir vu un tel être. J’ai pu observer ce processus dans un cas sous différentes formes. La personne dessinait les formes qu’elle voyait et puis un jour elle tombe sur un livre sur les OVNI. Les images représentées ressemblaient à ce qu’elle avait dessiné.
Nous devons alors prévoir que lors de l’exploration de nos questions existentielles les schémas culturels que nous avons rencontrés dans notre vie s’imposent à nous. Peut-être ne voyons-nous que ce que notre culture et notre vision du monde nous offre en tant qu’habillage. Dans le chapitre suivant nous nous intéresserons à savoir s’il existe des méthodologies spécifiques à la connaissance des expériences paranormales.

Les modèles de la parapsychologie

On peut s’interroger sur l’explication des phénomènes bizarres décrits dans cet article. Un modèle actuel s’appuie sur la « théorie quantique généralisée », TQG (« Verallgemeinerte Quantentheorie », VQT ou « Weak Quantum Theory », WQT), qui a été développé en 2002 (Atmanspacher, Römer & Walach, 2002) et le « modèle de l’information pragmatique » (« Modell der Pragmatischen Information », Lucadou, 1987, 1995, 2015a, 2018). Dans la théorie quantique généralisée, les termes essentiels de système, état, observable et mesure ont été repris de la théorie quantique. La différence par rapport aux structures classiques apparaît uniquement lorsque deux observables ne commutent pas, c’est à dire lorsqu’elles ne sont pas interchangeables, mais qu’elles sont complémentaires.
En psychologie, ces rapports non interchangeables sont la règle et non l’exception. On peut s’attendre par exemple à ce que les résultats d’un test d’intelligence difficile et d’un questionnaire sur l’humeur dépendent de l’ordre dans lequel les « mesures » sont effectuées. Pour les mesures de longueur et de poids d’une table ce n’est bien évidemment pas le cas. Cela implique que des « corrélations d’intrication » (non causales) entre mesures apparaissent. Il est important pour la suite de noter que dans un système intriqué, le tout ne détermine pas les parties. Elles gardent liberté et potentiel. L’influence du tout est visible dans le couplage singulier et non-causal des parties (Lucadou, 2015b).
Ainsi les ESP, perceptions extra-sensorielles, ne sont pas une vraie information ou un signal causal, mais seulement une « impression » dont la véracité ne peut être constatée qu’a posteriori. La psychokinèse ne serait alors pas une « transmission de force », mais une coïncidence signifiante entre un événement physique (peut-être rare, une fluctuation) et l’état psychique d’une personne. Les corrélations d’intrication sont connues dans le monde de la physique; il est novateur de les appliquer au domaine de la psychologie (Lucadou, 1991). Il s’agit d’un contexte statistique entre événements qui n’implique pas la transmission d’informations. Ce contexte est « fluctuant » comme le fameux sourire du chat dans « Alice au pays des merveilles » qui restait alors que le chat avait déjà disparu.
Si l’on part du postulat du modèle que les effets paranormaux ne sont pas des transmissions de signaux, mais qu’ils se produisent grâce aux corrélations d’intrication, alors l’axiome de non-transmission (NT) s’applique (Lucadou, Römer & Walach, 2007). Concernant les ESP, les perceptions extra-sensorielles, et la psychokinèse cela signifie clairement qu’à partir du moment où l’on s’y attend, cela ne fonctionne pas ou alors tout autre chose se produit. Cela ne veut pas dire que les « phénomènes paranormaux » ne peuvent pas exister, mais seulement qu’on ne peut pas les produire à volonté, on ne peut pas les « objectiver » (Lucadou, 2015b).
Dans le modèle d’information pragmatique, on postule par ailleurs que la « force » des phénomènes paranormaux dépend du changement de complexité des systèmes. Et cela est extrêmement fort lors de l’effondrement de la conscience au moment de la mort. Il n’est pas étonnant que l’on puisse s’attendre à un nombre important de phénomènes paranormaux en rapport avec la mort.

Une vie après la mort – une spéculation scientifique

Lorsque l’on examine le corpus de connaissances de la parapsychologie moderne, de nouvelles perspectives apparaissent sur les questions anthropologiques à propos du devenir de l’âme après la mort qui n’existaient pas dans les observations classiques et les images simplistes qui en dérivaient. Tout comme la physique moderne nous a appris qu’il n’existait pas d’espace, de temps et de connaissance précise absolus et tout comme les sciences cognitives modernes nous ont appris que nous ne sommes ni « maître à bord », ni observateur objectif du monde, la parapsychologie moderne nous apprend que les termes simples comme télépathie, prémonition et télékinèse sont des catégories trompeuses que nous pouvons tout de même approcher de manière expérimentale et théorique. Si nous acceptons ce que les modèles modernes de la parapsychologie montrent, c’est-à-dire que nous sommes en interdépendance avec notre environnement et d’autres personnes de manière variée, même si nous ne sommes pas en interaction causale directe, la question de l’existence de l’âme après la mort (dans l’espace et le temps) se révèle mal posée ou bizarre. Si la télépathie est une intrication indépendante du temps et de l’espace, mais dépendante de l’importance qu’une personne proche a pour moi, le terme « proche » ne traduit pas une notion spatiale mais devient un qualificatif de ce rapport de signification. Il importe peu dans ce cas que la personne soit à côté de moi ou éloignée de plusieurs milliers de kilomètres. Elle ne perd rien de son rapport de sens et de l’intrication qu’elle entretient avec moi. La même chose est vraie pour les notions de temps. Si une prémonition ne dépend plus de l’éloignement temporel, mais de l’importance de l’événement pressenti pour le clairvoyant, alors la distance dans le temps n’est pas la mesure qui importe. Carl Gustav Jung et Wolfgang Pauli avaient formulé cela dans leur œuvre « Naturerklärung und Psyche »(Explication de la nature et psyché,1952) et avait introduit le terme « synchronicité » qui prête pourtant à confusion. La synchronicité représente alors un autre principe autonome du monde physique (à l’extérieur) et de notre monde intérieur. Il diffère en beaucoup d’aspects de notre principe de causalité usuel (au sens de « cause efficiente »). Il est même possible que le principe de synchronicité et celui de causalité soient complémentaires au sens de la théorie quantique généraliséeTQG. S’il en était ainsi, il n’est pas tellement intéressant de se demander ce qui se passe après la mort, parce qu’il s’agit d’un aspect peu important, une observable isolée, dans laquelle des phénomènes paranormaux ne se produisent pas. Ou dit autrement : que signifie le mot « après » si je sais que le temps est une construction de la représentation mentale du cerveau qui n’a pas d’importance pour les phénomènes paranormaux au moment de la mort. Peut-être qu’à l’instant même où la représentation mentale de la conscience s’effondre par la mort cérébrale, cette catégorie justement perd le sens que le mot avait. Il est très intéressant de constater que les états de conscience modifiée ou d’expériences de mort imminente sont qualifiés par deux aspects :
1. Il n’y a pas de mots et pas de catégories pour les décrire.
2. Le temps ne représente plus un repère descriptif, l’intemporel et l’éternité sont équivalents.
L’intemporel ainsi décrit fait penser à la différence exo-endo de la physique quantique algébrique (Primas 1992) et au modèle d’information pragmatique MPI (Lucadou, 1994b, 1998). La figure 5 montre la répartition de l’ « universe of discourse » (Das, worüber man reden kann, l’histoire que nous nous racontons) en quatre domaines décrits par la coupure cartésienne et la coupure de Heisenberg. La coupure cartésienne forme une frontière entre les mesures mentales et physiques du monde. Les phénomènes paranormaux semblent dépasser cette séparation cartésienne en réunissant le mental et le physique directement. Pourtant les modèles théoriques de la MPI et de la TQG montrent qu’aucun signal physique ou mental ne peut y correspondre (l’axiome NT).

 

Figure 5 : Coupure cartésienne et coupure de Heisenberg

Il n’est pas simple d’éviter l’illusion que l’observateur pourrait maîtriser la matière par la psyché. Peut-être ce malentendu est-il une des raisons pour lesquelles les expériences paranormales ont été si longtemps ignorées par la physique et la psychologie, et que la dynamique des frontières du moi et des expériences « transpersonnelles » de dépassement dans le cadre de la mort n’est toujours pas assez pris en compte.
D’un autre côté, il apparaît que dans ces « états de conscience oniriques » la coupure cartésienne de la « res cogitans » de la « res extensa » pourrait réellement se produire par les corrélations d’intrication. Les intrications se produisent cependant dans l’endocontexte, en dessous de la coupure de Heisenberg. L’endocontexte représente la nature « telle qu’elle est », c’est à dire avant toute mesure et observation. L’exocontexte rend compte du monde mesuré et observé. Les mesures et les observations représentent des influences actives sur la nature qui transforment l’observé et le mesuré. En même temps, les intrications de l’endocontexte sont « séparées » afin de devenir des « objets », c’est à dire des états propres (dans le sens de la TQG) psychologiques ou physiques. L’exocontexte est alors une description « épistémique » (qui se réfère à l’expérience) et l’endocontexte une description « ontique » (qui relève de l’être) du monde.
Les phénomènes paranormaux peuvent être interprétés comme des résidus de structures ontiques de l’exocontexte. Et on peut aussi les comprendre comme des « habillages » symboliques qui représentent des structures mentales archétypales (dans le sens de C. G. Jung). Si l’on considère les symboles comme représentant des observables globales dans le sens de la théorie quantique généraliséeTQG, on doit se poser la question de leur statut ontique. Il ne semble pas justifié de les reléguer en tant qu’illusions ou effets aléatoires (hasard). Les symboles archétypaux semblent être générateurs de réalité. Cela signifie tout simplement que les symboles ne sont pas disponibles, mais doivent correspondre à des structures inhérentes à l’endocontexte.
Dans ce sens, les symboles et états de conscience de l’intemporel pourraient être compris comme des expériences passagères de l’endocontexte. Penser que la perte de conscience au moment de la mort serait en lien avec un « retour » dans l’endocontexte relève bien sûr de la spéculation psychologique. Le concept « d’inconscient collectif » de C. G. Jung va dans ce sens.
Les idées du spiritisme trivial selon lesquelles l’au-delà est un monde en miroir de l’ici-bas où vivent les humains avec des immeubles, des écoles et des programmes télé, sont intéressantes d’un point de vue socio-culturel et bien décrites d’ailleurs (Lang et McDannell, 1990), mais reflètent uniquement les croyances des personnes concernées.
Une interprétation bienveillante des tentatives de communication avec l’au-delà des médiums spirites serait de dire que l’expérience est authentique, mais que la description est marquée par les catégories de l’ici-bas, c’est à dire par des symboles. Cependant il ne serait pas approprié de réduire ces expériences à de purs fantasmes ou pire à des folies. Deux questions se posent : Pourquoi ce contact avec l’au-delà a-t-il autant d’importance ? Et pourquoi malgré une apparente banalité des messages, les personnes sont-elles bouleversées au point de prendre ces mots pour vrai ? Il y a beaucoup de réponses différentes à ces questions selon qu’on la regarde du point de vue de la psychologie des profondeurs, de la psychanalyse ou des approches comportementales.
D’un côté cela exprime que la mort inéluctable d’une personne proche ne peut être acceptée et que l’illusion d’un au-delà doit être maintenue – au moins pour un certain temps.
D’un point de vue psychanalytique on pourrait argumenter que la désillusion concernant les fantasmes de toute-puissance de l’homme concernant sa finitude et sa confrontation à la mort a été compensée par l’illusion d’un contact avec l’au-delà.
Du point de vue de la psychologie comportementale, on pourrait penser que le contact avec l’au-delà représente une phase passagère au service du travail de deuil durant laquelle l’endeuillé/e apprend à accepter la disparition de la personne aimée.
Mais ici aussi, il est intéressant de constater que les formes et images (symboles) présentes dans les messages médiumniques de l’au-delà reflètent l’horizon des significations dans le sens de « l’information pragmatique » des relations interpersonnelles entre le disparu et l’endeuillé. L’analyse des messages est alors le seul moyen d’agir de manière thérapeutique sur le processus de deuil.
Selon les situations, l’horizon de significations n’est pas bien clair et il change souvent lorsque l’on tente de rapporter la communication par des mesures de documentation. Une telle documentation serait une préparation du système qui détruit le contenu significatif interpersonnel des personnes dans sa quête de chercher des « preuves ». Il n’est donc ni nécessaire, ni une aide, de tenter de dissuader les personnes en deuil de sentir les disparus « autour d’eux ». D’une part elles le ressentent comme ça, d’autre part parce que leur description systémique (c’est à dire spirite) peut-être – comme évoqué plus haut – plus adéquate à la situation que la description objectivante des scientifiques extérieurs. Les deux niveaux de description n’ont pas de caractère ontologique, mais se trouvent dans le domaine épistémique et ne devraient pas être jugées « fausses » ou « vraies ».
J’ai été très impressionné par le récit d’une nonne catholique lorsqu’elle parlait du décès d’une de ses sœurs. Elle disait que sa sœur était entrée dans « l’éternité ». Cette formulation relève du contexte que nous avons discuté ici et suggère que jusqu’ici nous avons considéré ces grandes questions existentielles sous un angle de vue bien naïf. Ludwig Wittgenstein écrit dans son « Tractatus logico-philosophicus » à la phrase 6.4311 : « La mort n’est pas un événement de la vie. On ne fait pas l’expérience de la mort. Si l’on entend par éternité non la durée infinie, mais l’intemporalité, alors vit éternellement celui qui vit dans le présent. Notre vie est aussi infinie que notre champ de vision est sans limites. »

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Biographie brève

Dr. Walter von Lucadou, né en 1945, études de physique et de psychologie à Fribourg-en-Brisgau et Berlin. De 1979 à 1985, assistant scientifique au département de psychologie et des domaines frontières de la psychologie de l’université de Fribourg-en-Brisgau, de 1985 à 1987, professeur invité au laboratoire de parapsychologie de l’université d’Utrecht (Pays-Bas), en 1987, séjour de recherche à l’université de Princeton (États-Unis). Depuis 1989, direction du centre de consultation parapsychologique à Fribourg-en-Brisgau. Chargé de cours dans différentes écoles supérieures et universités. Co-éditeur de la « Zeitschrift für Parapsychologie und Grenzgebiete der Psychologie », et de la revue « Cognitive Systems ».

Adresse de l’auteur :

Dr.rer.nat. Dr.phil. Walter v. Lucadou, Parapsychologische Beratungsstelle, Hildastr. 64, D-79102 Freiburg i. Br. Tel./Fax. +49-0761-77202.
Courriel : info@parapsychologische-beratungsstelle.de