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La parapsychologie quantitative et les travaux de J.B. Rhine

La parapsychologie quantitative et les travaux de J.B. Rhine

Les phénomènes parapsychologiques ont fait l’objet de divers travaux systématiques en laboratoire. Parmi ces travaux, les plus connus sont ceux de l’Américain J.B. Rhine vers 1930. G. Nicoulaud (X 52) ingénieur conseil en systèmes informatiques décrit ces travaux et en fait un examen critique.


De même que la foudre est l’un des premiers phénomènes électriques connus de l’homme, les manifestations auxquelles s’est tout d’abord intéressée la parapsychologie sont de celles qui frappent l’imagination (visions prémonitoires, guérisons inexpliquées, etc.). Cependant pour essayer de savoir scientifiquement quel crédit on peut accorder aux rapports sur ce genre de phénomènes, qu’on désigne globalement sous le nom de phénomènes psi spontanés, il fallait en isoler certains, beaucoup moins spectaculaires, mais susceptibles d’être soumis à une évaluation méthodique. Ces derniers sont appelés phénomènes psi provoqués. Ils se manifestent chez des individus que l’on qualifie d’agents ou de sujets psi.

Les observations systématiques en parapsychologie ont commencé il y a environ un siècle. En France, on peut citer par exemple le rapport du physiologiste Charles Richet sur Léonie B. en 1888. Mais les expériences les plus complètes et les plus souvent citées ont été menées par un américain, le professeur Joseph B. Rhine dans le département de psychologie de Duke University à Durham (Caroline du Nord) entre 1930 et 1965. La validité des résultats obtenus a été évaluée par la méthode statistique. C’est pour cela qu’on parle de parapsychologie quantitative.

Dans cet article, nous nous en tiendrons aux faits, tels qu’ils sont rapportés dans les livres de Rhine et confirmés par plusieurs autres chercheurs, sans effleurer les théories explicatives, dont les ébauches qui ont été fournies sont tout aussi choquantes que les faits bruts. Je présenterai d’abord les travaux qui ont abouti à la publication du premier livre de Rhine :  » Extra Sensory Perception  » en 1934, puis je m’efforcerai de faire une évaluation critique des méthodes utilisées. Enfin, je décrirai brièvement les types de phénomènes psi qu’on a cherché à isoler et les lois générales auxquels ils semblent se conformer.. Pour conclure, je m’enhardirai à donner mon point de vue personnel. Je dois préciser que je m’intéresse à la parapsychologie seulement à titre culturel et que mes connaissances sont basées sur une étude limitée, mais soigneuse des livres publiés.

Expériences de Perception extra sensorielle de 1930 à 1934

Joseph B. Rhine était docteur en biologie et avait poursuivi ses études par la psychologie lorsqu’il arriva comme professeur assistant sur le campus de Duke University en 1930. Son attention avait été attirée par les rapports sur les phénomènes paranormaux et avec l’accord du directeur du département de psychologie, William Mc Dougall, il entreprit de faire des expériences systématiques de télépathie et de clairvoyance sur des étudiants de l’université. Le principe en est extrêmement simple, mais doit être bien assimilé si on veut comprendre ce qui est mis en évidence. Nous nous contentons de décrire ici la variante la plus utilisée :

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Fig. 1 : Cartes ESP

On a un paquet de 25 cartes du format carte à jouer, mais comportant 5 exemplaires de chacune des 5 figures représentées ci-dessus : étoile, rond, carré, croix, vagues.

Expérimentateur et sujet sont assis face à face à une table. L’expérimentateur bat et coupe le paquet de cartes et le met face contre table. Dans un test de clairvoyance pure, il prend chaque carte sans regarder le côté face (il n’a donc pas l’image de la carte dans son cerveau) et demande au sujet de la nommer. Les résultats sont notés au fur et à mesure sur une feuille de papier. Jusqu’à la fin, le sujet ignore si la figure qu’il nomme est juste ou non. Il ne peut donc pas se servir du résultat de ses premiers choix pour faire les derniers. Après les 25 tirages, on compare les figures notées sur le papier aux cartes véritables et on enregistre le nombre de figures bonnes.

Dans les tests dits de GESP (Général Extra Sensory Perception) combinant télépathie et clairvoyance, la procédure est la même, mais l’expérimentateur regarde la carte qu’il tient lorsque le sujet la nomme, si bien que l’esprit de celuici peut essayer de connaître directement la carte ou bien son image dans le cerveau de l’expérimentateur ; (au cas où une phrase comme celle-ci ferait sursauter le lecteur, il peut ajouter mentalement partout :  » au cas où cela serait possible « ). Les tests de télépathie pure sont analogues, mais plus susceptibles d’être contestés. Il ne doit pas y avoir de cartes matérielles, mais seulement des images que l’expérimentateur forme dans son cerveau et que le sujet doit essayer d’y lire.

Pour apprécier les résultats obtenus, il faut être capable de faire la part du hasard. C’est là qu’interviennent les statistiques. Si le hasard est seul à jouer, quelle est la probabilité pour que parmi les 25 tirages il y en ait k de bons? Le calcul est très simple. On a une chance sur 5 de nommer la bonne carte. Les épreuves étant indépendantes, la probabilité pour que k tirages consécutifs soient corrects est (1/5)k. D’une façon générale, on peut montrer que la loi de répartition de k est la loi binomiale

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n = nombre total de tirages

p = 1/5 = probabilité de bon tirage

q = 4/5 = probabilité de mauvais tirage.

Il faut voir tout de suite que certaines valeurs de P(k) sont infimes. Par exemple, le premier sujet remarquable découvert par Rhine, A. J. Linzmayer, obtint une fois en mai 1931 21 résultats justes dans une série de 25. La probabilité de faire un score égal à celui-ci ou meilleur se calcule facilement sur la formule (1) en ajoutant les probabilités d’avoir 21, 22, 23, 24 ou 25 résultats justes. On trouve à peu près 10-11. Cela prouve avec évidence que Linzmayer n’a pas tiré ses cartes au hasard.

Les scores obtenus par les sujets de Rhine ne s’écartent cependant jamais autant de la moyenne. La question qui se pose alors est de savoir si une déviation donnée est significative. Pour cela, on calcule le rapport critique défini comme suit :

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x = nombre effectif de bons tirages

m = n p = nombre moyen de bons tirages attribuables au hasard

s = écart type de la loi de probabilités. Pour la loi binomiale, s = √ (npq)

Etant donné une valeur mesurée de r, une table fournit la probabilité d’avoir un résultat aussi éloigné ou plus éloigné que celui-ci de la moyenne (dans les deux sens). Selon les normes adoptées de façon courante, une probabilité inférieure à 1 % est une forte présomption pour qu’une cause autre que le hasard ait joué.

Mais revenons au déroulement des expériences. 1 600 essais effectués à l’automne 1930 ne donnèrent aucun résultat, puis les talent de Linzmayer commencèrent à se révéler. Par la suite de 1931 à 1933, 4 autres garçons et 3 filles, tous étudiants obtinrent des scores hautement significatifs. Au total les essais consignés dans  » Extra Sensory Perception  » portent sur plus de 90000 tirages. Le sujet le plus remarquable fut un étudiant en théologie Hubert E. Pierce, futur pasteur méthodiste. 11250 tests le concernant ont été enreaistrés, avec une moyenne de 8,9 bons tirages sur 25 (au lieu de 5 dus au hasard). Au premier coup d’oeil, il semblerait que cette moyenne n’est pas tellement extraordinaire, mais eu égard au nombre des essais, on trouve un rapport critique de 40. Les tables ne donnent même pas la probabilité correspondante. Elle est astronomiquement faible.

Au cours de trois années de recherches, Rhine fit des essais dans toutes sortes de conditions et s’efforça de mettre en évidence les paramètres qui interviennent sur les performances. Nous indiquerons plus loin les lois qui ont été trouvées. Signalons seulement ici que des résultats significatifs furent obtenus avec le sujet et l’expérimentateur dans des bâtiments différents et qu’une expérience de GESP fut faite entre Miss Ownbey et Miss Turner situées à 400 km l’une de l’autre. Voici le résultat des 8 premières séries de 25 : 9, 16, 16, 7, 7, 8,6,2.

On se convaincra aisément à l’aide de la formule (1) que ce ne sont pas là des résultats dus au hasard. Mais notons la décroissance des performances. Nous en reparlerons.

Examen critique des Méthodes

Arrivés à ce stade, nous devons maintenant nous demander si les conditions dans lesquelles les expériences ont été effectuées ne souffrent pas de quelque carence. Pour cela, on peut se baser sur un autre livre publié en 1957 par J. B. Rhine et J. G. Pratt, son principal collaborateur :  » Parapsychology, Frontier Science of the Mind « . Ce livre est à la fois un exposé des faits connus et un manuel de l’expérimentateur en parapsychologie. Il me semble qu’il faut répondre aux trois questions suivantes :



 Les faits peuvent-ils être attribués au hasard ?

 Peuvent-ils être dus à la mauvaise foi des expérimentateurs ou des sujets, ou bien à un défaut des conditions expérimentales ?

 Les expériences de Rhine ont-elles été reproduites ?

1 – Hypothèse d’effets attribuables au hasard :

 » Extra Sensory Perception  » publié en 1934 souleva une petite tempête dans les milieux scientifiques. On attaqua d’abord l’auteur sur la façon dont il avait utilisé la méthode statistique. L’affaire fut portée devant une commission de statisticiens qui statua vers 1937 que, si les conclusions de Rhine devaient être rejetées, ce ne pouvait pas être sur la base de son utilisation des statistiques. En ce qui me concerne, je me rallie sans peine à ce point de vue. Le problème principal est que, lorsqu’on tire des conclusions de résultats statistiques, que ce soit pour décider d’utiliser un médicament ou pour prédire les résultats d’une élection, on est toujours amené à introduire une part d’interprétation. Si on peut trouver à redire çà ou là, en tous cas, l’énormité de certaines déviations montre avec évidence qu’une cause autre que le hasard a joué. Mais les statistiques ne nous disent pas quelle est cette cause et en particulier, elles n’écartent pas un certain nombre d’hypothèses fort désagréables.

2 – Hypothèse de la mauvaise foi ou de l’incompétence

Après la publication de son livre, Rhine eut à faire face à de nombreuses attaques, mais sa bonne foi et celle de ses proches collaborateurs n’a jamais été mise en doute ouvertement. Plusieurs de ses collègues, son directeur, William Mc Dougall, psychologue de réputation internationale avaient participé à certaines séances et pouvaient témoigner de ce qu’ils avaient vu. D’autre part, aucun des agents n’était un médium professionnel:

Dans leur livre de 1957, Rhine et Pratt décrivent en détail le protocole qui doit être suivi pour chaque type d’expérience de parapsychologie, d’abord pour les tests préliminaires, ensuite pour les essais homologués. Ces derniers se déroulent souvent avec deux expérimentateurs qui se contrôlent mutuellement. Un écran empêche le sujet d’apercevoir même le dos des cartes. Il y a une liste assez fastidieuse d’autres précautions à prendre, pour battre les cartes par exemple. Il faut noter toutefois que toutes ces précautions n’ont pas été prises dans les tests faits entre 1930 et 1934. La plupart ont eu lieu sans écran et même dans certains, le sujet était autorisé à toucher la carte nommée (sans la retourner bien sûr).

Le problème de la fraude est en fait l’un des plus délicats de la parapsychologie. Presque tous les agents psi qui sont devenus des vedettes ont été pris à tricher. Cela peut s’expliquer par le fait que, comme nous le verrons, ils contrôlent très mal leur pouvoir et surtout qu’ils le perdent au bout de quelques années. Pour compenser, beaucoup tentent alors de recourir à des tours de prestidigitation. Les expérimentateurs aussi peuvent tricher. Cela a même été découvert pour un jeune collaborateur de Rhine en 1970. Faut-il en conclure que toute la parapsychologie s’explique par la fraude ?

C’est bien la conclusion d’un Anglais : C.E.M. Hansel qui a publié en 1966 un livre intitulé  » E S P – A Scientific Evaluation « . Sa thèse principale est que les résultats de la parapsychologie sont tellement incroyables que seule la fraude peut les expliquer. Il passe alors en revue les diverses expériences et montre qu’elles présentent toutes des failles. Mais voici comment, après une visite à Duke University, Hansel explique les séances où expérimentateur et sujet étaient dans des bâtiments différents : l’expérimentateur a bien vu le sujet se rendre dans le bâtiment convenu, mais celui-ci est rentré par une porte de derrière et, monté sur un tabouret, il a aperçu par une lucarne les cartes au moment où l’expérimentateur les regardait. On voit que, pour expliquer par la fraude le caractère invraisemblable de la parapsychologie, on doit recourir à des hypothèses elles mêmes invraisemblables.

3 – Reproduction des expériences :

Des résultats confirmant largement ceux de Rhine ont été obtenus par d’autres chercheurs, mais si la parapsychologie est encore rejetée par la plupart des milieux scientifiques, c’est que les phénomènes ne sont pas faciles à reproduire. D’abord, il faut trouver des sujets doués, ensuite comme nous le verrons, les résultats dépendent des relations expérimentateur – sujet.

Mentionnons ici les expériences faites en 1943 par un Anglais : S. J. Soal. Celui-ci avait longuement testé 160 sujets avec des résultats qui restaient désespérément proches de ceux dus au hasard. La surprise vint d’un réexamen des enregistrements qui montra que deux des sujets ne nommaient pas la carte sur le dessus du paquet, mais celle d’après. Si on tenait compte de ce déplacement, les tests devenaient significatifs de manière frappante. L’œuvre de Soal est toujours considérée comme un des piliers de la parapsychologie, mais signalons pour être impartial que des soupçons troublants ont été jetés par la suite sur certaines expériences et Soal, étant mort ne peut se justifier.

Classification des phénomènes psi

On a cherché à mettre en évidence séparément 4 sortes de phénomène provoqués. Deux d’entre eux : télépathie et clairvoyance ont déjà été présentés. Une observation fondamentale est que ces phénomènes ne semblent pas obéir aux lois de l’espace puisqu’ils fonctionnent aussi bien lorsque les personnes sont à 400 km l’une de l’autre que lorsqu’elles sont assises à la même table. On s’est demandé si les lois du temps étaient elles aussi mises en échec. Peut-on connaître un événement dans le futur? Ce phénomène a été appelé précognition. Pour le tester, on opère égalernent sur un paquet de 25 cartes ESP. On demande au sujet de noter sur une feuille de papier la série des figures dans l’ordre qu’elles occuperont quelques instants plus tard. On bat alors les cartes et on coupe. On note ensuite l’ordre effectif des cartes et on le compare à celui prévu par le sujet. On a obtenu en précognition des déviations aussi significatives qu’en télépathie et en clairvoyance. Les 3 phénomènes sont réunis sous le nom de perception extra sensorielle (ESP). Ils correspondent à des connaissances qui semblent se transmettre d’esprit à esprit (télépathie) ou d’objet à esprit (clairvoyance, précognition).

Si on admet que la matière peut influencer directement l’esprit, on peut se demander si réciproquement celui-ci est susceptible d’influencer la matière. Le phénomène psi correspondant a reçu le nom de psychocinèse. Des recherches dans ce domaine ont été entreprises par Rhine dès 1934, mais compte tenu des attaques auxquelles il devait faire face, il ne publia les résultats qu’en 1943. Un compte rendu détaillé de ses découvertes et de celles d’autres chercheurs figure dans un livre publié en 1970 par sa femme Louisia E. Rhine:  » Mind over Matter « . Le test le plus simple est le suivant : le sujet lance 12 fois 2 dés avec un gobelet à intérieur rugueux pour que son habileté manuelle ne joue pas, ou bien les dés sont lancés à l’aide d’une petite cage rotative.

Le sujet doit essayer d’imposer aux dés de tomber en montrant successivement chacune des faces (de façon à éliminer l’effet d’une inhomogénéité de la masse). On note les résultats et on compare à ce que donnerait le hasard pur. La déviation par rapport à la moyenne due au hasard est faible, mais une analyse fine faite par Rhine montre que dans une série d’essais, la valeur de cette déviation varie selon une sorte de courbe de fatigue très caractéristique. Sur un total de 27 000 essais (de 12 lancers de 2 dés chacun), on trouve que la probabilité pour que l’effet observé soit dû au hasard est de l’ordre de 10-8. Quelle qu’en soit la cause, il est inutile d’ajouter que ce n’est pas le hasard lui-même qui se fatigue. Depuis la première publication, des essais différents, également concluants dans le domaine de la psychocinèse ont été faits.

Lois générales dégagées

Certaines régularités observées concernent les déviations négatives. Il faut remarquer que celles-ci sont tout aussi significatives que les déviations positives, car même si le sujet s’efforce de ne pas nommer la bonne carte, il a toujours une chance sur cinq de tomber sur elle.

1 – Caractère non physique des phénomèmes psi :

C’est évidemment le caractère qui frappe le plus. Les phénomènes psi provoqués semblent défier les lois fondamentales de l’espace, du temps, de la masse et du déterminisme. Cependant ceux qui admettent les phénomènes psi ne sont pas tous d’accord sur ce caractère non physique. Parmi les tentatives d’explication données, il y en a certaines qui sont basées sur la physique quantique par exemple. Notons aussi que les 4 types de phénomènes psi provoqués ne sont pas indépendants. Par exemple, si on admet la précognition, on peut supposer que les cartes nommées par clairvoyance sont celles que le sujet est capable de lire à l’instant ultérieur où l’expérimentateur les retourne, par télépathie dans l’esprit de celui-ci.

2 – Présence chez les individus :

D’après des études faites sur des classes d’écoliers, il semble que tout le monde ou presque dispose à un moment de sa vie de capacités psi, mais à un faible degré. L’observation la plus intéressante est la suivante : on divise les écoliers en deux clans : ceux qui croient qu’ils vont deviner les cartes et ceux qui n’y croient pas. Par rapport à l’effet du hasard, les premiers donnent des déviations positives, les seconds des déviations négatives faibles, mais significatives d’après la méthode statistique.

Les sujets qui donnent des déviations remarquables sont cependant assez rares. De plus, ils peuvent perdre leurs capacités en quelques séances. Il semble que leurs capacités psi durent au mieux quelques années. Ainsi Linzmayer qui avait été la révélation de 1930 avait perdu pratiquement tous ses pouvoirs en 1933 malgré un intérêt soutenu pour la parapsychologie. Il est devenu par la suite un assistant de Rhine. Compte tenu de la faiblesse habituelle des capacités psi, la majeure partie des observations porte sur les sujets brillants. Ceux-ci présentent en général les 4 types de phénomènes psi provoqués, ce qui confirme leur dépendance. On peut dire que les pouvoirs psi sont un potentiel délicat, fortement concentré chez certains individus pendant une période de leur vie. Certaines observations suggèrent que les phénomènes s’étendent aussi au règne animal.

3 – État du sujet en cours de séance :

Un sujet psi a généralement besoin de faire quelques tests à blanc pour se mettre en forme avant les essais enregistrés. Les meilleurs résultats sont alors obtenus en début de séance. Ils décroissent ensuite, mais peuvent remonter à la fin. L’hypnose ne les améliore pas. Les somnifères comme les maladies les diminuent. Les excitants les améliorent un peu. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsque le sujet dispose au mieux de ses capacités intellectuelles supérieures. L’intervention de visiteurs le trouble.

4 – Psychologie et hérédité du sujet :

Les phénomènes psi ne sont pas pathologiques. Les sujets sont en général normaux. L’intelligence, la race ou la couche sociale ne joue pas. Les essais en hôpital psychiatrique n’ont pas donné de bons résultats. Les sujets exceptionnels ont généralement dans leur famille des personnes qui ont présenté des phénomènes psi spontanés (visions, prémonitions, etc.) C’est notamment le cas de 7 sur 8 des premiers sujets de Rhine. Ceci suggère que les capacités psi sont héréditaires. D’un autre côté, les phénomènes psi provoqués sont encore très mal reliés aux phénomènes psi spontanés.

5 – Difficulté de contrôle par le sujet :

Les sujets sont incapables de savoir comment ils font pour désigner la bonne carte. Ils sont incapables d’améliorer leurs performances par entraînement. Il se peut aussi qu’ils tombent à côté du but qu’ils se proposent. C’est le cas de ceux qui au lieu de réussir donnent des déviations négatives ou qui désignent la carte qui suit celle qu’ils visent. On a rapproché ce phénomène de celui des erreurs de jugement.

6 – Relations expérimentateur – sujet :

Les performances du sujet peuvent dépendre de façon notable de la sympathie ou de l’antipathie qu’il éprouve pour l’expérimentateur. Elles peuvent être inhibées s’il se sent l’objet d’une surveillance inquisitoriale. D’un autre côté, comme les cas de fraude ont été fréquents, le contrôle doit rester vigilant. C’est là où joue le doigté de l’expérimentateur et ce qui explique que certains n’obtiennent jamais de bons résultats. Nombre de scientifiques ne peuvent admettre ce point. Ceux qui ont regardé l’émission sur la psychocinèse le 20 Mars 1978 sur TF1 ont pu voir Jean-Pierre Girard et Stephen North échouer lamentablement devant toute une équipe de savants. Mais tant qu’on n’aura pas admis que les phénomènes psi ont une composante psychologique essentielle et pas seulement physique, il semble clair que les expériences ne nous apprendront rien.

Impression personnelle

Pour ma part, j’ai longtemps éprouvé de la réticence à admettre que la parapsychologie puisse être prise au sérieux. Je suis philosophiquement prêt à admettre que la réalité existante dépasse de beaucoup ce que l’homme en connaît, mais je sais aussi que lorsque nous interprétons des faits aussi étranges, nous apportons avec nous nos désirs inconscients et nos illusions. La littérature sur les phénomènes inexpliqués n’est que trop encombrée par des ouvrages de mythologie qui s’est déguisée en science. Cependant des recherches menées avec un sens critique dont on ne voit pas les lacunes ont été menées en parapsychologie. Plusieurs universités dans le monde acceptent des thèses de doctorat portant sur ce domaine. Il me semble donc qu’il y a trois hypothèses à envisager :



 ou bien le désir de prouver ce qu’ils croient être vrai peut engendrer chez des individus occupant des fonctions sociales élevées, une distorsion des normes du jugement ou de l’éthique sans précédent dans les temps modernes ;

 ou bien des phénomènes physiques tout à fait nouveaux restent à découvrir ;

 ou bien il reste à admettre que des phénomènes psychiques liés à une personne peuvent apporter un bouleversement profond dans les Iois de la nature.

C’est vers cette dernière hypothèse que je penche, mais je n’entreprendrai pas de justifier ici ce point de vue. Cependant des faits bruts n’apportent pas une conviction totale. Tant que les phénomènes psi ne seront pas soutenus par une théorie cohérente et vérifiée, il restera possible à chacun de dire comme l’apôtre Thomas : « Nisi videro … non credam « .

Bibliographie

Extra sensory perception par J. B. Rhine, Bruce Humphries – Boston – 1934

Parapsychology – Frontier science of the mind par J. B. Rhine et J. G. Pratt, Charles C Thomas – Springfield (Illinois) – 1957

ESP – A scientific evaluation par C E. M. Hansel Charles, Scribners – New York – 1966

Mind over matter par Louisia E. Rhine, The Macmillan Company – Londres – 1970