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Etude psychophysiologique d’expériences de sortie hors du corps chez un sujet choisi

Etude psychophysiologique d’expériences de sortie hors du corps chez un sujet choisi

Charles T. Tart a effectué un nombre important d’expériences pour tenter de comprendre scientifiquement les « sorties hors du corps ». Cet article, publié initialement dans le Journal of the American Society for Psychical Research en 1968, est un exemple du type de recherche effectuée sur le sujet.

Résumé

Une jeune femme qui a fréquemment vécu des expériences spontanées de sortie hors du corps a été étudiée dans un laboratoire du sommeil pendant quatre nuits. Elle a rapporté plusieurs expériences de sortie partielles et deux entières. Bien que les données physiologiques soient limitées de par leur relation avec son compte-rendu rétrospectif, lorsqu’on corrèle le pattern physiologique avec l’expérience, il semble que ses expériences de sortie se soient produites en conjonction avec une phase de non-rêve, une phase d’ondes de cerveau non-éveillé caractérisée par une activité cérébrale où prédominent des ondes alpha ralenties sans aucune activation du système nerveux autonome. Deux incidents arrivés au laboratoire fournissent des indices évoquant que ces expériences de sortie hors du corps avaient des concordances parapsychologiques.

Article

Les expériences de sortie hors du corps (out of the body experiences ou OBE) sont toujours restées en périphérie du champ de la recherche psychique malgré tout ce qu’elles impliquent en terme de survie et bien que leur intérêt inhérent ait été reconnu depuis longtemps. Cette négligence est due au fait qu’une approche expérimentale des OBE est extrêmement difficile. Dans l’immense majorité des cas rapportés, l’expérience ne s’est produite qu’une fois dans la vie des sujets « pas spécialement doués ». Les quelques personnes qui ont affirmé vivre de telles expériences à volonté (26, 44, 64) n’ont pas été, en grande partie, étudiées par des chercheurs psi quoique les raisons de ce manque d’investigation ne soit pas claires. Les quelques tentatives « expérimentales » pour induire de telles expériences ont presque exclusivement été des essais impliquant l’usage de l’hypnose (8 pp. 146-154 ; 21).

On a donc un phénomène dont l’occurrence est assez rare, qu’on ne sait pas produire expérimentalement et dont l’apparition « spontanée » ne peut être prédite. On ne peut pas étudier à fond un phénomène qui ne se produit pas quand on est prêt à l’étudier. Excepté l’excellent travail initial d’Hornell Hart (29 ; 30, pp. 91-93 ; 31) et certains ouvrages récents de Robert Crookall (10, 11, 12) sur le contenu expérientiel des comptes-rendus d’OBE et ce qui les précède parfois, on ne sait pratiquement rien sur la nature de telles expériences et leurs causes possibles. Je m’intéresse aux OBE depuis plusieurs années et j’ai souvent abordé le sujet avec des gens que je connais. Lors d’une conversation avec une amie (que l’on appellera Miss Z) il y a quelques années, celle-ci m’a raconté avoir des OBE spontanées à peu près deux à quatre fois par semaine et m’a dit être intéressée par la perspective de devenir sujet d’étude de laboratoire. Grâce à cette opportunité de recherche inhabituelle, je l’ai donc étudiée pendant quatre nuits dans un laboratoire du sommeil afin de déterminer les éventuelles données physiologiques corrélées avec ses OBE. Cet article présente Miss Z et ses expériences spontanées et rend compte des études psychophysiologiques qui ont été menées.

Description de Miss Z

Miss Z est une jeune femme célibataire d’une vingtaine d’années qui a suivi deux ans d’études supérieures. A l’époque de l’expérience, elle avait temporairement interrompu ses études afin de travailler pour gagner l’argent nécessaire à la poursuite de sa formation. C’est une personne chaleureuse et très intelligente qui était très intéressée par les résultats potentiels de cette étude. D’un point de vue psychologique, il est extrêmement difficile de décrire Miss Z. Mes observations informelles sur une période de quelques mois (incontestablement déformées par le fait qu’on ne peut jamais décrire un de ses amis objectivement) ont aboutit à l’image d’une personne qui était, par certains côtés, assez mature et perspicace et par d’autres tellement perturbée psychologiquement que par moments, quand elle perdait le contrôle, on aurait pu la considérer comme schizophrène. Miss Z était issue d’une famille désunie. Elle a raconté de nombreux cas d’interactions apparemment parapsychologiques entre elle et ses parents ou sa famille d’accueil. Elle a été hospitalisée pendant plusieurs semaines pour suivre un traitement psychiatrique environ un an avant la présente étude. Malgré de nombreuses difficultés psychologiques dans sa vie personnelle durant les quelques mois qu’a duré l’étude, Miss Z n’a cependant pas injecté ses difficultés personnelles dans l’expérimentation.

Les OBE de Miss Z étaient presque toutes du même type. Elle se réveillait une ou deux fois par nuit. A chaque fois, elle se retrouvait en train de flotter près du plafond mais apparemment complètement éveillée. Cet état durait de quelques secondes à une demie minute. Elle a fréquemment observé son corps physique couché sur le lit. Puis, elle se rendormait à nouveau et c’en était fini de l’expérience. D’autant qu’elle s’en souvienne, ces expériences se sont produites plusieurs fois par semaine toute sa vie. Enfant, elle ne réalisait pas ce qu’il y avait d’inhabituel à cela. Elle supposait que tout le monde vivait de telles expériences durant le sommeil et n’avait jamais pensé à en parler à quiconque. Après en avoir parlé plusieurs fois à des amis lorsqu’elle était adolescente, elle a cependant réalisé que c’était considéré comme des expériences bizarres et elle a arrêté d’en parler. A l’époque de l’étude, elle n’avait jamais rien lu sur ces expériences. Après l’avoir écoutée au départ, je lui ai demandé de ne rien lire à ce sujet tant que nos expériences ne seraient pas finies et elle s’est pliée à cette requête. Remarquez que Miss Z n’a jamais fait aucune tentative pour contrôler ses OBE et ne leur a jamais accordé une grande importance. Elle sentait nettement que ce n’était pas des rêves mais elle était aussi perplexe sur leur nature.

Parfois, les OBE de Miss Z semblaient la transporter à des endroits éloignés au lieu de seulement la faire flotter au-dessus de son corps. Elle a raconté un exemple typique d’une telle expérience . On ne peut pas dire avec certitude si c’est un cauchemar contenant des éléments de PES ou une OBE véritable. A 14 ans, elle a fait un vif « cauchemar » dans lequel elle marchait dans la rue sombre d’un quartier désert de sa ville natale. Elle a remarqué les vêtements qu’elle portait dont une jupe à carreaux ; elle a réalisé qu’elle ne possédait aucun vêtement de la sorte et a eu l’impression d’être dans le corps de quelqu’un d’autre. Quelqu’un la suivait et elle était terrifiée. L’homme l’a attrapée, violée et poignardée à mort. Miss Z ne se souvient plus très bien de la fin de cette séquence mais elle s’est réveillée assez perturbée et horrifiée car ce « cauchemar » semblait tellement réel. Elle a rapporté que le lendemain il y avait un article dans le journal sur un fille portant une jupe à carreaux qui avait été violée et poignardée à mort la veille au soir dans un quartier de la ville correspondant au lieu de son « cauchemar ». Cette expérience a fait une forte impression sur Miss Z et aura un rapport avec un des événements, rapporté ci-dessous, qui se sont produits dans le laboratoire.

Expérience préliminaire

Mon intérêt pour les expériences d’OBE comporte deux facettes différentes. Au premier niveau, je m’y intéresse comme à une expérience psychologique exceptionnelle peut-être liée aux rêves nocturnes. A un autre niveau, je m’intéresse aux aspects extrasensoriels de l’expérience : dans certaines OBE, la personne rapporte des informations exactes sur les endroits distants dans lesquels elle semble avoir été et ces informations auraient apparemment été acquises grâce à une certaine forme de perception extrasensorielle. Ainsi, nous avons une expérience psychologique unique digne d’intérêt en elle-même aussi bien qu’une expérience qui semble souvent avoir des aspects parapsychologiques.

Dans mes échanges initiaux avec Miss Z, je lui ai expliqué mon intérêt pour les OBE selon ces deux points de vue. Je lui ai suggéré de s’auto-observer à la maison avant de commencer les expériences de nuit au laboratoire afin qu’elle puisse distinguer d’elle-même s’il s’agissait seulement d’un rêve vivace ou s’il possédait aussi des aspects parapsychologiques. A ma suggestion, Miss Z a suivi la procédure suivante. Elle a préparé dix morceaux de papier numérotés de 1 à 10 et les a placé dans une grande boîte en carton. Chaque nuit, après s’être couchée chez elle, elle secouait la boîte en carton pour mélanger les bouts de papier et puis, sans regarder dans la boîte, elle piochait un morceau de papier qu’elle posait sur sa table de nuit. Elle ne pouvait pas voir le numéro du papier depuis sa position dans le lit mais n’importe qui ayant un recul de plusieurs centimètres au-dessus du lit pourrait voir le nombre clairement. Si elle se réveillait en train de flotter près du plafond le soir, elle devait mémoriser le nombre et vérifier le lendemain au réveil si elle avait bien vu. Quand je l’ai revue deux semaines plus tard, elle m’a raconté qu’elle avait essayé pendant sept nuits et qu’elle avait vu juste à chaque fois. Bien que ce fait ne puisse être cité comme preuve d’une certaine forme de perception extrasensorielle, étant basé uniquement sur les dires du sujet, il suggérait cependant que les éventuels aspects parapsychologiques des OBE de Miss Z pouvaient être étudiés aussi bien que l’expérience psychologique en soi.

Protocole de laboratoire

J’ai pu observer Miss Z dans mon laboratoire du sommeil pendant quatre nuits non consécutives sur une période d’environ deux mois. Le protocole était essentiellement le même pour toutes les nuits, en voici la description. L’électroencéphalogramme (EEG) de Miss Z a été enregistré chaque nuit. Des électrodes Grass à disque en argent étaient posées sur le vertex, l’aire occipitale droite et l’aire frontale droite (au-dessus du front, juste en dessous de la racine des cheveux). L’enregistrement de l’EEG était bipolaire, de l’aire frontale au vertex et du vertex à l’aire occipitale. L’enregistrement se faisaient continuellement toute la nuit sur un polygraphe Grass modèle VII réglé à 10 mm/s. Les mouvements oculaires rapides (MOR) étaient enregistrés au moyen d’un extensomètre miniature placé au-dessus de la paupière droite. Cette technique d’enregistrement des MOR est décrite en détail dans la littérature (4, 58). Le mouvement oculaire sous la paupière fermée déforme l’extensomètre et la puissance restituée correspondante est enregistrée sur le polygraphe Grass. La combinaison de deux canaux EEG et d’un canal MOR est typique des études sur le sommeil et permet de différencier les différentes phases de sommeil dont le sommeil paradoxal. La résistance cutanée basale (RCB) [basal skin resistance BSR] était également enregistrée sur le polygraphe Grass. On a utilisé des électrodes argent/chlorure d’argent, une sur l’éminence thénar de la paume de la main droite, l’autre sur l’avant-bras droit. Ces électrodes, décrites ailleurs (45), ont des caractéristiques de polarisation négligeables et fournissent un enregistrement précis de la RCB. Les réponses électrodermales ont été enregistrées à partir des mêmes électrodes grâce à une plus grande sensibilité que la RCB en couplant capacitivement la sortie du canal RCB à un canal à gain élevé sur un polygraphe Sanborn. Ce polygraphe en question fonctionnait toute la nuit avec une vitesse de défilement du papier de 1 mm/s. Sur 2 des 4 nuits, on a mesuré la fréquence cardiaque et la volémie digitale au moyen d’un pléthysmographe optique à doigt Grass modèle PTT1. Cet appareil diffuse un rayon lumineux à travers le doigt et mesure le taux de lumière diffusé au moyen d’une cellule photoélectrique (7). La sortie de cette cellule photoélectrique reproduit l’onde de pression, ce qui permet de mesurer la fréquence cardiaque, et l’amplitude du tracé varie en fonction des variations de volume sanguin dans le doigt. Des difficultés techniques avec cet appareil ont empêché son utilisation pendant 2 des 4 nuits.

Le laboratoire du sommeil se compose de deux pièces, chacune doublée d’un carreau insonorisant pour atténuer le bruit. Une large vitre entre les chambres permet l’observation mais dans cette expérience, elle a été recouverte d’un store vénitien afin que la chambre du sujet soit suffisamment sombre pour dormir. Ce store laissait passer assez de lumière pour éclairer vaguement la pièce mais pas assez pour empêcher le sommeil. Les polygraphes se trouvaient dans l’autre pièce, la porte restant fermée. Un interphone permettait d’entendre tout ce que le sujet disait. J’ai surveillé les appareils d’enregistrement pendant toute la durée de sommeil du sujet et j’ai noté tout ce qu’elle a pu dire ou faire. Occasionnellement, je me suis assoupi pendant la nuit derrière les machines, il est donc possible que j’aie manqué certaines phrases. Le sujet dormait sur un lit confortable juste en dessous de la vitre d’observation. Les fils des électrodes étaient réunis en un câble allant du sommet de sa tête à un boîtier placé à la tête du lit. Cet aménagement lui laissait assez de mou pour pouvoir tourner la tête et être à l’aise mais cela ne lui permettait pas de se relever à plus de 60 cm sans débrancher les fils de la boîte ce qui se serait matérialisé sur les appareils d’enregistrement par une flopée d’artefacts de 60 cycles. Ainsi, ses mouvements étaient bien contrôlés. Juste au dessus de la vitre d’observation (à environ 1,60 m au-dessus de la tête du sujet), il y avait une petite étagère (d’environ 25 cm sur 10 cm). Juste au-dessus de cette étagère, il y avait une grosse horloge murale.

Chaque nuit au laboratoire, après que le sujet se soit couché, que les enregistrements physiologiques marchaient correctement et qu’elle était prête à s’endormir, j’allais à mon bureau dans l’entrée, ouvrait un livre de nombres aléatoires au hasard, jetait un jeton sur le livre pour sélectionner aléatoirement une entrée sur la page et recopiait les 5 premiers chiffres juste au-dessus du jeton. Ces chiffres étaient recopiés avec un feutre noir en caractères de 5 cm de haut environ sur un petit bout de papier. C’était donc relativement discret. Ce nombre aléatoire à 5 chiffres représentait l’objectif parapsychologique de la soirée. Je le glissais dans une enveloppe opaque, entrait dans la chambre du sujet et posait le morceau de papier sur l’étagère sans jamais le montrer au sujet. Cela constituait une cible clairement visible à quiconque ayant le regard à environ 2 m du sol ou plus haut mais qui n’était autrement pas visible pour le sujet. Le sujet devait dormir, essayer d’avoir une OBE et, si elle y parvenait, essayer de se réveiller juste après pour me le dire afin que je l’indique sur les enregistrements polygraphiques. On lui avait aussi demandé, si elle flottait assez haut pour lire le nombre à 5 chiffres, de le mémoriser et de se réveiller immédiatement après pour me le dire. Après avoir préparé la cible, ma conversation avec Miss Z était réduite au strict minimum et ne pouvait pas lui donner d’indice sur le nombre. Cependant, lors de prochaines expériences, il serait préférable qu’un second expérimentateur n’ayant aucun contact avec le sujet soit chargé de préparer la cible.

La nature du sommeil

Certains lecteurs n’étant pas forcément familiers avec les découvertes psychophysiologiques récentes sur la nature du sommeil, nous allons en faire un bref résumé. Des revues plus détaillées et des évaluations de plus d’une centaine d’études de cette dernière décennie qui ont tellement modifié notre perception du sommeil et du rêve peuvent se trouver ailleurs (25, 37, 41, 47, 48, 56, 57). Le sommeil pourrait être défini dans cet article comme un stade de l’organisme défini (chez l’homme) par l’une des 4 phases d’EEG (16, 17). La phase I consiste en un mélange irrégulier d’ondes thêta (4-8 c/s), une activité de bas voltage aléatoire, une activité alphoïde occasionnelle isolée (ondes de 1 à 2 c/s plus lentes que l’activité alpha d’éveil) et des ondes alpha occasionnelles (8-13 c/s). La phase II contient en plus de précédemment une activité en fuseau (14 c/s) et les phases III et IV une proportion croissante (jusqu’à 100 %) d’ondes delta, 1-3 c/s, de haute amplitude en plus de l’activité en fuseau. Les séparations exactes entre les phases II, III et IV sont arbitraires, basées sur des pourcentages d’ondes delta à des moments donnés. La phase I se distingue facilement des autres phases par son absence totale de fuseaux et d’ondes delta. Au départ, on concevait les phases I à IV comme les composantes d’un continuum entre sommeil « léger » et « profond » (2, 3, 14) mais comme les autres mesures de la « profondeur » du sommeil contredisent cette conception (5, 32, 37, 56, 62), cet article aborde le sommeil comme étant de deux types qualitativement distincts, à savoir, la phase I pour un type et les phases II, III et IV pour l’autre. On ne fera pas de distinctions entre les phases II, III et IV, on les considérera comme faisant ensemble référence à une « non phase I » de sommeil.
Lorsque les sujets sont réveillés pendant les deux types de sommeil et qu’on leur demande de décrire leur expérience, les récits obtenus peuvent être classés en deux genres plutôt distincts. Pour un type, les réveils dans la phase I ou juste après (en gros, 10 à 15 minutes) que la phase I soit passée à une « non phase I » de sommeil, possèdent les caractéristiques traditionnellement associées avec l’expérience des rêves (24, 51). Les descriptions de la « non phase I » de sommeil ressemblent plus au penser et sont généralement définis par les sujets comme de la pensée ; ces mêmes sujets considèrent généralement leurs expériences de sommeil de phase I comme du rêve. Les différences psychologiques rapportées jusque là sont quantitatives plutôt que d’être entièrement dichotomiques mais elles donnent généralement l’impression d’être des types d’expériences distincts. Le sommeil de phase I est presque toujours accompagné de mouvements oculaires rapides (MOR) synchronisés binoculairement, ce qui prouve de façon très convaincante que les MOR sont étroitement associés au contenu du rêve, s’ils ne sont pas même directement des mouvements de balayage de l’imagerie onirique (6, 19, 53). De tels MOR ne sont pas rapportés pour le sommeil de « non phase I » bien qu’il y ait des mouvements lents de roulement (37).

Vu ces résultats, la position théorique prise dans cet article est qu’un type de phénomène expérimentalement distinct se produit simultanément à la présence de sommeil de phase I, phénomène que l’on appellera « rêve de phase I » ou juste rêve. Le phénomène mental du sommeil de « non phase I » ne fera pas l’objet de cet article. De plus, on suppose que l’expérience de rêve de phase I est essentiellement continue pendant la présence d’un EEG de phase I, que le sujet se souvienne de cette expérience au réveil ou pas. Ce point de vue est, à mon avis, soutenu par toutes les études utilisant l’EEG et la technique MOR et aucune ne le réfute directement. Pour les sujets normaux, le rêve de phase I et le sommeil de « non phase I » alternent d’une manière cyclique régulière désignée sous le nom cycle sommeil-rêve. Lorsque le sujet s’endort, il y a généralement une brève (quelques secondes jusqu’à une minute ou deux) période de phase I, sans MOR mais les sujets racontent que c’est apparemment une période d’imagerie hypnagogique plutôt qu’un rêve typique. (17, 47). A environ 90 minutes d’intervalle pendant la nuit on trouve des périodes de rêve de phase I, chaque période de rêve est généralement plus longue que la précédente. La première période de phase I peut durer jusqu’à 10 minutes, la quatrième ou cinquième peut durer jusqu’à 50 minutes. Dans l’ensemble, le rêve de phase I occupe entre 20 et 30 % de la durée total du sommeil de la plupart des jeunes adultes, réparti entre 3 et 6 périodes de phase I. Bien que le pourcentage exact de temps de rêve et le nombre de cycles varie d’un sujet à l’autre, pour un sujet donné le cycle sommeil-rêve est généralement assez stable d’une nuit à l’autre (15, 16, 40, 63).

Résultats

Nuit I

La première nuit dans un laboratoire du sommeil est généralement considérée comme une nuit d’adaptation dont les données ne sont pas utilisées pour les études physiologiques. C’est à cause de ce qu’on appelle « l’effet de la première nuit » où le sujet risque de sauter la première période de rêve de Phase I et le contenu de ses rêves concerne souvent manifestement ce qu’il est en train d’expérimenter (1, 20, 50, 59, 61). Lors de sa première nuit au laboratoire, Miss Z s’est endormie plutôt rapidement, a atteint la phase IV de sommeil dans la première demi-heure après l’endormissement et puis a présenté 3 périodes de rêve de Phase I durant la nuit. Après la première période de rêve, il y a eu des moments épars d’activité alphoïde, c’est-à-dire un pattern de phase I mélangé à des ondes alpha ralenties, et un peu de fuseaux du sommeil faiblement développés. La seule caractéristique inhabituelle de cette nuit [Note 1] a été que le sujet a présenté des MOR pendant la somnolence au début du sommeil, une donnée très inhabituelle. Les MOR ne sont presque jamais présents durant la somnolence si les sujets sont normaux alors que l’on en observe fréquemment chez les narcoleptiques (18, 36, 49, 52). Il n’y a, cependant, aucune preuve que Miss Z souffre de narcolepsie et ces MOR pendant la somnolence semblent être liés à l’endormissement. Miss Z n’a pas senti avoir eu une OBE cette nuit là.

Nuit II

De nombreux incidents intéressants se sont produits lors de la deuxième nuit de Miss Z au laboratoire. Alors qu’elle s’endormait, elle a montré un pattern somnolent en alternance avec un pattern d’éveil pendant les 10 premières minutes environ. Puis, il y a eu une minute de pattern EEG somnolent composé d’ondes thêta occasionnelles, des ondes alphoïdes (des ondes alpha de 1 c/s à 1,5 c/s plus lentes que ses ondes alpha d’éveil habituels) et beaucoup d’aplatissements de l’enregistrement, se terminant par 13 secondes de rythme alpha d’éveil, presque continu, et puis un gros mouvement du corps. Par ce mouvement du corps, Miss Z a crié qu’elle était réveillée et qu’elle avait juste eu la sensation de commencer à flotter vers le plafond immédiatement avant son geste et son appel. Le pléthysmographe optique à doigt fut utilisé cette nuit là et son rythme cardiaque était régulier à 71 battements par minute, pas du tout inhabituel. Sa RCB est restée stable à cet instant, aucun réflexe psychogalvanique ne fut observé ni aucun mouvement du corps. De plus, il n’y a pas eu de MOR pendant cette période.

Miss Z s’est ensuite endormie, est entrée rapidement en sommeil de Phase II, ce qui a duré environ une demi-heure, puis une demi-heure de Phase III et de Phase IV. Un court rêve de phase I a suivi. Sa période de rêve de phase I a présenté un pattern de Phase I classique avec des MOR. Ce rêve a été suivi par une heure et demie de sommeil de Phase II puis 20 minutes de sommeil de Phase I et puis une autre période d’EEG inhabituel. Pendant environ 1 minute, Miss Z a présenté un pattern d’ondes alphoïdes mélangé à des fuseaux de sommeil de bas voltage faiblement développés. Puis, il y a eu une période de 2 minutes d’ondes alphoïdes superposées à un pattern dans l’ensemble de bas voltage sans fuseaux et sans ondes thêta clairement développées. S’en est suivi une minute d’activité thêta à prédominance de bas voltage avec la présence de fuseaux du sommeil très faiblement développés. Cela se termina par un grand mouvement et Miss Z se réveilla. Il n’y a pas eu de MOR pendant cette période de 4 minutes, le rythme cardiaque était régulier à 74 battements par seconde et la RCB stable sans réflexe psychogalvanique. Il y a eu deux petits artefacts de mouvements corporels pendant la phase terminale d’ondes alpha ralenties sans fuseaux et un petit mouvement du corps pendant la période alpha ralentie et les fuseaux faibles qui ont démarré cette séquence EEG inhabituelle. La séquence s’est produite à environ 3 h 15 du matin.

Au réveil de cette séquence, Miss Z a crié « écrivez 3 h 13 du matin. Je ne vois pas le nombre mais je me souviens de ça. ». Bien qu’elle n’ait rien dit de plus, cela impliquait, et ce fut confirmé par une conversation ultérieure au matin, qu’elle avait flotté en quelque sorte hors du corps, assez haut pour voir l’horloge mais pas assez pour voir le nombre cible. Nous allons maintenant commenter davantage cet épisode. En se rendormant, Miss Z a présenté un pattern de Phase II pendant une heure, a fait un rêve de 25 minutes ensuite et puis a présenté de la Phase II et de la Phase III dans l’heure suivante. Environ 15 minutes d’enregistrement ont été alors perdues à cause d’un bourrage de papier. Quand on a pu reprendre l’enregistrement, elle présentait un rêve de phase I. Cela a duré environ 10 minutes et puis l’enregistrement est devenu plutôt difficile à classifier. Sur une période d’environ 10 minutes l’EEG consistait en un grand nombre de rythme alpha ralenti, pas de thêta et pas mal d’aplatissements. Cela ne pouvait être clairement classifié en pattern de sommeil ou d’éveil. Il y avait des mouvements corporels occasionnels, pas mal de MOR diffus et des réflexes psychogalvaniques.

Miss Z s’est ensuite réveillée d’elle-même et a raconté que dans les 5 dernières minutes elle pensait être sortie et rentrée dans son corps 4 ou 5 fois. Il ne s’est rien produit d’autre d’intéressant cette nuit là. Le lendemain Miss Z m’a dit qu’elle avait eu un cauchemar très effrayant la nuit précédente au laboratoire qu’elle n’a pas raconté sur le moment à cause de sa nature terrifiante. Elle voulait l’oublier mais n’a pas réussi. Ce cauchemar s’était apparemment produit juste avant qu’elle ne se réveille, crie l’heure et dit qu’elle n’avait pas réussi à voir le numéro. Bien sûr, je ne peux pas en être certain étant donné qu’elle ne l’a pas rapporté sur le coup. Ce qui l’a finalement poussée à le raconter, c’est un programme d’actualités à la télévision qu’elle a vu après la nuit au laboratoire. Elle a décidé d’écrire un compte-rendu de son cauchemar immédiatement après car il semblait coïncider avec un sujet des actualités. Comme Miss Z ne m’a pas rapporté ces données avant d’avoir vu les informations, elles ne peuvent être considérées comme de la perception extrasensorielle probante. Ce qui est assez intéressant psychologiquement cependant, c’est que ces données cadrent avec l’incident traumatique précoce de son enfance (décrit plus haut) où elle avait eu un cauchemar ou une OBE coïncidant avec le meurtre d’une jeune fille. Son compte-rendu, écrit après avoir vu les informations est le suivant :

Dimanche soir – vague cauchemar – rappel d’une expérience précédente ? – blocage de beaucoup de souvenirs – jeune fille (13 ou 16 ans ?) – à l’extérieur ? – poignardage mais pas au couteau, plus fin – douleur à la tête (giflée ?) -pas poignardé, sûrement – étendue de blanc, voiture blanche ? – garçon connu (connu d’elle, pas de moi !) également assez jeune – expérience horrible mais pas de confirmation dans les journaux ce matin – jusqu’ici tout va bien.

Miss Z m’a raconté que les informations télévisées disaient qu’une jeune fille avait été poignardée à mort dans le comté de Marin. On ne sait pas s’il y avait des informations supplémentaires. Je n’ai pas vérifié les journaux à l’époque. Je voulais atténuer cet incident car Miss Z était manifestement plutôt perturbée par cela. Quelques mois plus tard, j’ai consulté les archives de journaux à la bibliothèque. Rien n’est paru dans les journaux jusqu’au 20 avril 1965. La seconde nuit de Miss Z au laboratoire était celle du 18 avril. Donc, comme elle l’avait dit, il n’y avait rien dans le journal du matin après qu’elle ait vu les informations télévisées. Je ne sais pas si elle a vu quelque chose paraître dans le journal après ça. Le texte suivant est tiré de l’édition du 20 avril 1965 du San Francisco Chronicle. (J’ai supprimé des détails tels que les noms et ce qui n’a pas de rapport avec le cauchemar de Miss Z). Le titre est « Une fille retrouvée assassinée à Marin ». Marin est un comté juste au-dessus de San Francisco, à environ 40 miles au nord du laboratoire.

Une lycéenne de Daly City a été retrouvée assassinée dans une pente couverte de fleurs dans la forêt de Muir du comté de Marin hier après-midi. Elle a été sauvagement poignardée à la tête au moins 6 fois et son crâne était enfoncé, a indiqué le coroner Frank Keaton. Rien ne permet de dire qu’elle a été violée… On a identifié la victime comme étant Nonita _________, 16 ans. Le petit ami de Nonita a également disparu, on le recherche pour un interrogatoire… Il s’agit de Virgilio ________, 19 ans, résidant dans un hôtel de San Francisco. Il conduit une Thunderbird blanche de 1960, a précisé la police… La victime était entièrement habillée, bien que ses sous-vêtements étaient un peu en désordre, et portait un pull noir, un chemisier rouge, une jupe écossaise, des tennis et des chaussettes blanches. Keaton estime qu’elle est morte depuis 3 ou 4 jours.

Dans le Chronicle du 21 avril, on apprend que la police recherche toujours le petit ami et que la voiture a été retrouvée. L’arme du crime, un petit instrument pointu un peu plus fin qu’un pic à glace n’a pas été retrouvée… L’autopsie a montré que la mort était due à 6 coups portés à la tête avec cette arme, l’un d’eux ayant traversé le cerveau. Le Chronicle du 22 avril raconte que la fille a été tuée dans la voiture, des tâches de sang et des traces de lutte ayant été trouvées dans la voiture. La Thunderbird était garée dans un garage de San Francisco dans la nuit de vendredi dernier, et le corps y a apparemment séjourné, les gardiens ayant remarqué une petite flaque de sang sur la place de parking après que la voiture ait été inspectée. A part une brève dans le Chronicle du 24 avril indiquant que le FBI avait repris l’affaire, je n’ai pas pu trouver plus d’informations sur le meurtre même en ayant épluché les journaux des semaines suivantes.

Concernant les similitudes entre le cauchemar de Miss Z et le meurtre, on peut noter que : 1) la victime était une jeune fille de 16 ans comme indiqué dans le rêve ; 2) le cadre du cauchemar était à l’extérieur et le corps était apparemment à l’extérieur, quand il a été trouvé, au moment du rêve, bien que le meurtre ait eu lieu à l’intérieur de la voiture ; 3) la mort est due à des coups portés par un instrument semblable à un pic à glace, pas un couteau ; 4) Miss Z a dit que sa tête souffrait, qu’elle avait été giflée pas poignardée ; la fille a été poignardée à la tête et crâne était enfoncé ; 5) Miss Z a vu une étendue de blanc dans son rêve et pensait que c’était une voiture blanche ; le suspect conduisait une grosse voiture blanche ; 6) Miss a dit que le meurtrier, un homme assez jeune connaissait la fille ; le suspect du meurtre était un jeune homme qui était un ami de la fille. Les similitudes entre le cauchemar, le meurtre réel et l’incident rapporté par Miss Z dans sa jeunesse sont saisissantes. Dans le cauchemar précédent, la fille à laquelle s’était aussi identifié Miss Z portait également une jupe à carreaux ou écossaise. En un sens, la totalité de l’incident récent pourrait être une réactivation du trauma précédent. (Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, le cauchemar ne peut constituer qu’un indice subjectif de perception extra sensorielle étant donné qu’il ne m’a pas été rapporté avant que Miss Z ait vu les informations télévisées.) Une autre hypothèse est que le cauchemar ait eu lieu au laboratoire mais que le bulletin d’information ait réveillé le trauma précédent dans l’esprit de Miss Z et qu’elle ait fabriqué (inconsciemment) les événements du cauchemar.

Nuit III

A sa troisième nuit au laboratoire, Miss Z s’est endormie rapidement et a présenté un pattern de sommeil ordinaire pendant la première moitié de la nuit, c’est-à-dire, les phases II, III et IV en alternance avec deux périodes de rêve de phase I à environ 90 minutes d’intervalle. A 3 h 35, une séquence de pattern EEG inhabituelle a commencé, en voici la description. Cela a commencé à partir d’un sommeil de phase III clairement défini par des fuseaux de sommeil fréquents et bien développés et une activité delta de haut voltage claire. Puis, il y a eu une minute de grands mouvements du corps suivie par 5 minutes d’activité alphoïde sans fuseaux, des aplatissements de l’enregistrement et pas de MOR. Puis, une autre minute de mouvements corporels massifs suivie par 30 secondes d’EEG de phase I plutôt faiblement développé, c’est-à-dire un pattern lent et aplati de bas voltage mais avec des ondes thêta presque absentes et pas de MOR. A nouveau 30 secondes de mouvements corporels et puis 5 minutes d’activité alphoïde comme précédemment. Il y a eu plusieurs bouffées d’activité rythmique de 24 c/s dans le canal frontal pendant cette période de 5 minutes mais on ne peut pas dire clairement s’il s’agissait de patterns EEG réels ou d’artefacts électriques externes qui se seraient produit à cette période. Puis, pendant 2 minutes et demi, l’activité alpha a été moins saillante, il y a eu de l’activité thêta mais toujours pas d’activité en fuseau. Puis il y a eu 5 minutes d’enregistrement qu’on ne peut pas classifier car des mouvements corporels ont voilé la majeure partie mis à part des ondes alpha ralenties occasionnelles. Puis, il y a eu une minute d’enregistrement net qui a montré une activité alphoïde prédominante mais l’extensomètre du canal MOR a présenté toutes sortes d’artefacts semblables à ce que l’on pourrait obtenir avec des tremblements des paupières. Ce fut suivi par 7 minutes d’activité alphoïde avec quelques aplatissements, une interférence continue et une secousse possible sur l’extensomètre du canal MOR. Puis, après quelques mouvements corporels, il y a eu 3 minutes de rythme alpha d’éveil avec des MOR de haute amplitude. Le sujet aurait pu tout aussi bien être réveillé durant ce court instant. Puis, s’en est suivi une minute et demi de pattern de phase I avec des MOR (rêve) bien que les ondes thêta aient été plutôt faiblement développées. Il y a eu à nouveau des bouffées occasionnelles d’activité de 24 c/s dans les deux canaux EEG . Cela a donné lieu à 17 minutes d’activité alphoïde sans MOR et seuls quelques petits mouvements corporels ont traversé cette période. Il y a eu des réflexes psychogalvaniques pendant cette longue période d’EEG confus. Puis, il y a eu quelques minutes de pattern EEG de phase I avec des MOR occasionnels (rêve) et Miss Z s’est réveillée. Elle a rapportée une OBE. Après son réveil définitif plus tard dans la matinée, elle a écrit un compte-rendu complet de cette expérience que voici :

Il me semblait voler mais trop haut et apparemment trop rapidement pour reconnaître où j’étais ; je n’avais pas non plus le sens de ma direction. Le vol m’a perturbée car je savais que j’étais sensée me lever dans la chambre et lire le nombre au-dessus de ma tête. Aussi, j’aurais bougé ou me serais peut-être réveillée et j’ai réalisé que j’étais toujours sur le lit. A chaque fois que je m’assoupissais, je finissais par voler cependant. Cela n’était précédé par aucune autre activité, c’est-à-dire qu’il ne semblait pas y avoir d’expérience intermédiaire entre l’endormissement sur le lit et le vol. Finalement, la troisième ou quatrième fois où j’ai volé, j’ai décidé de me relaxer et de laisser l’expérience suivre son cours. Très brièvement (c’est-à-dire en beaucoup moins de temps qu’il n’est objectivement possible – je dirais moins de 2 minutes) j’ai réalisé que j’allais à la maison et que d’une certaine façon ma sœur était impliquée dans l’expérience. Quasiment conjointement à cette prise de conscience, je me suis retrouvée dans ma maison de Caroline du Sud, dans le salon. Ma sœur était assise dans un fauteuil, en pyjama. Elle avait l’air bouleversée, en quelque sorte effrayée. Cependant, elle m’a reconnu immédiatement et n’a pas semblé particulièrement surprise de me voir. Nous n’avons pas parlé mais nous avons apparemment communiqué (c’est-à-dire je savais qu’elle avait eu un cauchemar, elle m’a accueillie, etc.). Après avoir été debout avec elle pendant un court moment (elle s’était levée quand je suis apparue), nous avons marché vers sa chambre où j’ai vu son corps endormi sur le lit – elle dormait apparemment tranquillement sur le côté droit. Ma sœur, avec qui je communiquais, m’a fait remarquer qu’il était probablement temps que je reparte et j’ai acquiescé. Presque simultanément à cet accord, j’ai commencé à bouger et j’ai réalisé que j’étais de retour au laboratoire.

Je n’ai pas pu contacter la sœur avant que Miss Z n’aille la voir quelques semaines plus tard alors cette expérience ne peut pas être considérée sous un aspect parapsychologique éventuel. Lors de sa visite, Miss Z a discuté de l’incident avec sa sœur et a rapporté que cette dernière se souvenait vaguement d’avoir rêvé que Miss Z était venue la voir au moment voulu mais malheureusement il n’y a pas eu d’écrits. Concernant l’expérience en elle-même, ce genre d’OBE dans laquelle il semble qu’elle ait voyagé sur une grande distance était inhabituel pour Miss Z. Après avoir rapporté l’expérience décrite ci-dessus, Miss Z s’est rendormie, a eu quelques rêves de phase I pendant la nuit et je l’ai réveillé à 6 h 50 pour qu’elle puisse aller travailler.

Nuit IV

Pour la quatrième nuit au laboratoire, Miss Z semblait déterminer à avoir une OBE correcte. Bien que je lui aie signalé mon entière satisfaction quant à ses performances, elle s’en voulait de ne pas avoir été capable de flotter et lire le nombre cible. Miss Z s’est endormie rapidement, est entrée en phases III et IV moins de 15 minutes après s’être couchée. La nuit fut peu mouvementée pour l’essentiel – il y a eu plusieurs périodes de rêve de phase I dans les premiers deux tiers de la nuit comme pour n’importe quel sujet. Après 4 heures et demie de sommeil, elle a eu une période de rêve de phase I avec des MOR qui ont duré une demi-heure. L’EEG a été techniquement plutôt pauvre cette nuit là, voilé par de nombreux artefacts de 60 cycles, un filtrage plutôt important des hautes fréquences a été nécessaire pour le rendre net. Aussi, les résultats EEG doivent être considérés en gardant à l’esprit qu’ils sont sujets à plus d’erreurs que d’habitude. Le rêve de phase I de Miss Z s’est terminé par plusieurs minutes de mouvements corporels intermittents et des artefacts d’EEG. Puis (à 5 h 50 du matin) le canal occipital a présenté une vague lente et étendue d’artefacts, le canal MOR n’a montré aucun MOR et l’enregistrement ressemblait à un tracé de Phase I ; cependant, je ne peux en être sûr étant donné ce qui a été dit précédemment. A 5 h 57 la vague lente d’artefacts s’est atténuée et l’enregistrement ressemblait à quelque chose comme de la phase I avec des MOR mais je ne peux affirmer s’il s’agissait d’un enregistrement d’éveil ou de phase I. Cela a duré jusqu’à 6 h 04, heure à laquelle Miss Z s’est réveillée et a crié que le nombre cible était 25132. C’était exact (les chiffres étaient dans le bon ordre) mais je ne lui ai rien dit à ce moment là ; je lui ai simplement mentionné que j’avais écrit le chiffre sur l’enregistrement. Je lui ai ensuite dit qu’elle pouvait se rendormir mais 20 minutes plus tard, je l’ai réveillé pour qu’elle aille travailler. Là, elle a décrit son expérience ainsi :

Je me suis réveillée ; la pièce était étouffante. Réveillée pendant environ 5 minutes. J’ai continué à me réveiller et à m’assoupir en ayant de plus en plus de sensations de flottements. Je devais aller plus haut parce que le nombre y était. Entre 5 h 50 et 6 h, ça a marché… Je voulais aller lire le nombre dans l’autre pièce mais je ne pouvais pas quitter la chambre, ouvrir la porte ou traverser la porte… Je ne pouvais pas éteindre le climatiseur !

Je dois préciser que Miss Z s’attendait à ce que j’appuie le nombre cible contre le mur de l’étagère ; en réalité, je l’avais posé à plat sur l’étagère, ce qu’elle a correctement perçu. Ensuite, j’avais mis un deuxième nombre sur une étagère de la salle des appareils mais elle a dit ne pas pouvoir entrer dans cette pièce pour voir le nombre. Ni arrêter le climatiseur, ce dont elle s’est plaint – bien qu’il fasse étouffant, il faisait alors trop froid dans la pièce. Comme le fait que Miss Z ait correctement énoncé un nombre à 5 chiffres (P=10-5 [i.e. 1 chance sur 100 000] était la première preuve solide que ses OBE contiennent un élément parapsychologique, j’ai examiné soigneusement le laboratoire le lendemain pour voir s’il était possible de lire ce nombre [Note 2] par des moyens non parapsychologiques. Comme première alternative à l’explication impliquant une perception extrasensorielle, nous avons décidé qu’une tricherie sophistiquée de Miss Z n’était pas impossible. Elle aurait pu avoir caché des miroirs ou des pinces longues dans son pyjama et les avoir utilisé lorsque l’EEG était difficile à définir (à cause des artefacts de mouvements) pour lire le nombre. Bien que cela soit possible, personnellement je doute que cela se soit produit. Une autre alternative est qu’elle ait pu voir le nombre réfléchi sur la caisse de l’horloge accrochée sur le mur au-dessus. C’était la seule surface réfléchissante de la pièce dont la position aurait pu rendre cela possible. Le Dr Hastings et moi-même avons passé du temps dans la pièce mal éclairée pour accommoder nos yeux à l’obscurité et essayer de lire le nombre dans la même position que le sujet sur le lit. Comme la pièce était mal éclairée et que l’horloge était en plastique noir, nous n’avons pas réussi à le lire le nombre. Cependant, quand nous avons braqué une torche directement sur le nombre (augmentant sa brillance d’un facteur compris entre plusieurs centaines et plusieurs milliers) nous avons pu déchiffrer le nombre uniquement dans le reflet le plus brillant. Donc, bien que cela semble improbable, on pourrait argumenter que le nombre ait constitué un stimulus « subliminal » par son reflet sur la surface de l’horloge. Aussi, la lecture du nombre cible de Miss Z ne peut pas être considérée comme une preuve concluante d’un effet parapsychologique. Après avoir crié le nombre, Miss Z s’est rendormie et a passé environ 20 minutes dans une phase où l’EEG était à nouveau assez difficile à classifier. C’était, dans l’ensemble, un enregistrement aplati de faible voltage qui ressemblait plutôt à un tracé de phase I faiblement développé. Cependant, il n’y avait pas de MOR et juste un petit peu d’activité alphoïde. A son réveil, elle a dit avoir eu de nombreuses sensations de flottement pendant cette période.

Discussion

Au cours des 4 nuits au laboratoire, Miss Z a rapporté 3 épisodes de « flottement » bien définis et 2 cas de sortie totale hors du corps. Les épisodes de flottement, selon ses dires, étaient tous caractérisés par la sensation qu’elle commençait à s’élever au-dessus de son corps mais seulement légèrement et puis [Note 3] revenait dans son corps en se réveillant généralement durant le processus. Le « cauchemar » de la seconde nuit au laboratoire n’est pas clairement classifiable comme OBE. Seule la dernière nuit au laboratoire a généré une OBE fournissant une preuve raisonnable d’éléments parapsychologiques concomitants (sa lecture du nombre cible) mais comme cette preuve n’est pas définitive, le reste de cette discussion se focalisera sur l’expérience subjective d’être hors de son corps et les états psychophysiologiques qui y sont associés.

Il est difficile d’établir de façon concluante quel type d’EEG a accompagné les expériences de flottement et l’OBE totale car nous sommes dépendant du compte-rendu rétrospectif de Miss Z pour évaluer approximativement le moment où cela s’est produit. En lien avec la plupart de ses expériences, elle a dit s’être réveillée brièvement plusieurs fois pendant le processus ; donc, on pourrait s’attendre à ce que le pattern les accompagnant soit mélangé à des patterns d’éveil transitoire aussi bien qu’avec des artefacts de mouvements corporels qui accompagnent généralement le réveil. Mon impression d’ensemble sur les corrélats EEG des expériences de flottement et d’OBE de Miss Z est qu’elles se sont produites pendant un pattern de phase I plutôt faiblement développé qui était dominé par une activité alphoïde et souvent mélangé à des périodes transitoires de vigilance. Cette activité alphoïde était toujours de 1 à 1,5 c/s plus lente que son rythme alpha normal. Aucun MOR ne semblait accompagner ces expériences et, à en juger par la nuit où le pléthysmographe a marché correctement et les 2 nuits où le canal de résistance cutanée a fonctionné correctement, il n’y a pas d’altérations autonomes marquées concomitantes à ces expériences ; c’est-à-dire que le rythme cardiaque reste normal, régulier et qu’il n’y a pas de changements prononcés ni de RCB ni de réflexe psychogalvanique spontané.

Figure 1. Un exemple typique de tracé EEG d'éveil de Miss Z et un exemple de rêve de phase I avec des MOR.

Figure 2. Un exemple de sommeil de phase II de Miss z et un exemple du pattern alphoïde qu'elle a présenté en conjonction avec son OBE.

De plus, on peut affirmer avec certitude que les OBE de Miss Z ne se sont pas produites dans un état normal de rêve de phase I. Elle a présenté des patterns EEG et MOR de phase I normaux et bien développés mais elle n’a pas rapporté d’OBE conjointement à ces patterns à moins qu’ils n’aient évolué en pattern alphoïde sans être accompagné de MOR. La Figure 1 montre un exemple typique de tracé EEG d’éveil de Miss Z et un exemple de rêve de phase I avec des MOR. La Figure 2 montre un exemple de sommeil de phase II avec un exemple du pattern alphoïde frappant qu’elle a présenté conjointement à ses OBE. Cet exemple en particulier est tiré de sa seconde nuit au laboratoire lorsqu’elle a dit avoir vu l’heure…

En considérant donc que nous avons une assez bonne corrélation entre les témoignages d’OBE de Miss Z et un pattern neurophysiologique relativement distinct, comment pourrions-nous décrire son état physiologique ? Là, nous rencontrons des difficultés considérables. Le mélange de phase I et d’activité alphoïde prononcée sans MOR ou changements cardiovasculaires ou de résistance cutanée n’a pas été décrit avant, à ma connaissance, dans la littérature sur le sommeil. [Note 4] Ce tracé particulier ne peut pas être classé sans équivoque comme un pattern d’éveil pas plus qu’il ne peut être classé sans équivoque comme n’importe quelle phase de sommeil. Cela n’est pas non plus un pattern typique de somnolence de phase I à cause de l’activité alphoïde prononcée.

Le Dr William Dement, l’une des grands spécialistes mondiaux en matière de recherche sur le sommeil, a bien voulu examiner ces tracés et est d’accord avec moi sur le fait qu’ils ne peuvent pas être clairement classifiés en n’importe quelle phase de sommeil connue, ni être classifiés sans ambiguïté comme des patterns d’éveil ou de somnolence. A certains égards, on pourrait dire que Miss Z était dans un état hypnagogique lors de ses OBE ou dans un état transitoire entre le sommeil et l’éveil mais se contenter de mettre une étiquette familière sur cet état ne nous dit rien sur sa nature. De plus, la présence d’une telle activité alphoïde n’est pas typique des états hypnagogiques. Cependant, une littérature intéressante commence à venir des laboratoires japonais sur le ralentissement du rythme alpha durant la méditation Zen (35, 38, 39). La signification de l’activité alphoïde est difficile à évaluer. Chez les sujets ordinaires, la fréquence alpha tend à diminuer avec l’âge (34, 41) mais c’est un déclin à long terme plus qu’un changement transitoire. Une intoxication alcoolique aiguë diminue la fréquence alpha (13, 22, 54) comme l’anoxie aiguë et l’hypoglycémie (23). Toutefois pour des sujets normaux non soumis à de tels traitements radicaux, je n’ai trouvé aucun compte-rendu d’un tel ralentissement alpha transitoire ou de sa possible signification.

Un autre traitement expérimental inhabituel est connu pour entrainer une activité alpha ralentie : à savoir l’isolation sensorielle. Heron (33) présente des graphiques qui montrent une variation de l’activité alpha culminant de 10 c/s chez 3 sujets normaux à 9 c/s pour 2 d’entre d’eux et 8 c/s pour l’autre au bout de 96 heures d’isolation. Des changements encore plus radicaux de l’activité alpha sont rapportés par Zubek, Welch et Saunders (65) pour une plus grande période d’isolation. Heron mentionne également que certains sujets avaient eu la sensation qu’un autre corps était couché à côté d’eux, parfois coïncidant avec leur corps physique, bien que le compte-rendu ne soit pas clair sur le fait qu’il s’agissait des sujets ayant montré un ralentissement d’alpha. De toute façon, il serait intéressant d’approfondir ces résultats. Il s’agit d’un ralentissement alpha transitoire chez des sujets par ailleurs normaux et mettre plus avant en relation les états de méditation Zen ou d’isolation sensorielle avec l’état de Miss Z pendant ses OBE serait, pour l’heure, largement spéculatif.

Une étude sur le sommeil (42) relate une activité alphoïde considérable dans les tracés de sommeil comme conséquence de l’ingestion de chlorpromazine. La chlorpromazine est un tranquillisant largement utilisé, connu sous le nom de Thorazine. Un ami a indiqué que Miss Z aurait pu prendre de la triflupérazine (Stelazine) à l’époque de l’étude. Ni Miss Z, ni sa colocataire et ni son petit ami ne se souviennent qu’elle en ait pris à l’époque de l’étude mais cela reste une possibilité. Il n’y a pas eu d’études de l’effet de cette substance sur l’EEG du sommeil mais on doit garder à l’esprit que Miss Z ait pu prendre ce médicament et qu’il ait pu contribuer à l’activité alphoïde de ses tracés. Mais même s’il en était ainsi, cela n’expliquerait pas les résultats car le fait demeure que ses OBE étaient associées à un pattern unique assez distinct des patterns de phases de sommeil normales. Certes, on pourrait émettre l’hypothèse que les substances ayant tendance à ralentir la fréquence alpha pourraient favoriser les OBE et cela pourrait être un sujet de recherche expérimental fécond.

Il faut noter que l’état psychophysiologique de Miss Z durant ses OBE n’était pas du tout celui auquel on aurait pu s’attendre à la lecture des divers travaux occultes sur les OBE ou les « projections astrales » (21, 26, 44, 46) ou des comptes-rendus d’OBE rapportées en lien avec des maladies graves ou des accidents (10, 11, 12, 43). D’après ces travaux, on s’attendrait à ce qu’une « transe morbide » accompagne les OBE où la respiration et le rythme cardiaque serait nettement ralentis, où la température pourrait chuter considérablement et où l’on pourrait probablement observer le genre d’ondes cérébrales (des ondes lentes de haut voltage) caractéristiques du coma (55). Miss Z ne semblait pas être dans une « transe morbide ». Quand il a été mesuré, son rythme cardiaque était normal et régulier, il n’y avait aucune activité autonome inhabituelle et l’EEG de phase I et d’activité alphoïde n’est pas celui associé au coma. Une lecture plus attentive des techniques décrites dans la littérature occulte pour induire des OBE (par exemple 9, 26, 27, 28, 44, 46) suggère cependant qu’il pourrait y avoir plusieurs sortes d’expériences distinctes [Note 5] en fonction de la variété des techniques présentées.

Certaines de ces techniques sont des techniques de contrôle du rêve dans lesquelles le rêveur doit réaliser qu’il rêve et transformer le rêve en OBE. D’autres sont ce qu’on pourrait appeler des expériences hypnagogiques car elles impliquent de se concentrer sur l’idée d’avoir une OBE tout en glissant vers un état hypnagogique ou le sommeil. D’autres techniques semblent impliquer la création d’un état de « transe » mais nous ne parlerons pas davantage de cette troisième possibilité ici car les auteurs utilisent le terme « transe » de façon très ambiguë, comme cela a été discuté ailleurs (60). Les expériences de Miss Z ont pu être des cas de phénomène hypnagogique à la suite d’éveils succincts pendant la nuit ou un rêve de phase I converti en OBE. Le travail d’exploration de cette étude ne permet pas de trancher entre ces deux alternatives.

Soulignons les tentatives de corrélations rapportées ici entre les OBE et les états d’ondes cérébrales. L’EEG est un phénomène complexe qui varie en terme de fréquence, de régularité, de forme d’onde, de distribution spatiale dans le cerveau et de relations de phase interzones. Les analyses rapportées dans cet article se bornaient au contrôle visuel : une étude de la possible corrélation de l’EEG avec les OBE devrait utiliser des techniques d’analyse électronique et d’enregistrement sophistiquées tout en soumettant des sujets choisis à des conditions de contrôle pour déterminer quel EEG correspond uniquement à l’OBE et lequel peut aussi bien apparaître dans d’autres circonstances.

En résumé, cette courte étude a révélé une corrélation assez nette entre plusieurs OBE rapportées par Miss Z et un pattern physiologique caractérisé par un EEG aplati avec une activité alphoïde dominante, pas de MOR ou de résistance cutanée et un rythme cardiaque normal. Il reste beaucoup de travail avant de commencer à comprendre les aspects psychophysiologiques et parapsychologiques des OBE et nous espérons que cette étude, dans la mesure où elle a montré que ces expériences peuvent être étudiées par les techniques de la science moderne, encouragera d’autres chercheurs à mener des expériences complémentaires.

Notes

1. Dans un EEG de phase I continu, le contenu du rêve vécu peut être divisé en plusieurs épisodes distincts de sorte que, en un sens, il y a plusieurs « rêves » distincts dans une période de rêve continue. Dement et Wolpert (19) présentent des preuves qu’un tel changement de sujet puisse être accompagné par un large mouvement d’une partie du corps du sujet.

2. Le Dr Arthur Hastings m’a assisté pour cela, je l’en remercie.

3. La disposition de la chambre a été légèrement modifiée en vue d’une cinquième nuit et l’étagère a été agrandie de sorte qu’il n’y ait plus de reflet dans l’horloge visible depuis le lit. Toutefois, des problèmes personnels ont obligé Miss Z à retourner dans sa famille en Californie du Sud avant qu’une cinquième nuit au laboratoire ne soit programmée.

4. L’activité alphoïde est habituellement citée comme une composante du sommeil de phase I mais il n’y a pas de standards quantitatifs disponibles indiquant le taux d’activité alphoïde typique. Aussi, je me base sur mon expérience personnelle de douzaines d’enregistrements de sommeil pour formuler mon impression que l’activité alphoïde de Miss Z était exceptionnellement importante pendant ses OBE.

5. J’espère travailler prochainement avec une autre femme qui affirme pouvoir avoir des OBE à volonté. Elle a participé à l’expérience d’un collègue sur le contrôle opérant du rythme alpha EEG et fut très douée pour renforcer ce rythme.

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Nous attirons l’attention des lecteurs sur le fait que cette traduction en langue française n’a pas été effectuée par un traducteur professionel. Par conséquent, nous conseillons aux chercheurs intéréssés par ce travail de se référer à la version originale disponible à cette adresse :

http://www.paradigm-sys.com/display/ctt_articles2.cfm?ID=31

Publication originale :

Psychophysiological Study of Out-of-the-Body Experiences in a Selected Subject, Journal of the American Society for Psychical Research, 1968, vol. 62, n°1, pp. 3-27.

Site de l’American Society for Psychical Research :

http://www.aspr.com/