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Un bref historique

Un bref historique

Si depuis l’aube de l’histoire humaine, on peut retrouver des témoignages d’événements pouvant se rapporter aux phénomènes paranormaux (dans le chamanisme, la magie, la sorcellerie, les miracles …), la préoccupation de leur évaluation rationnelle n’a pu se faire qu’avec le développement de la Science en générale.


Ce sont les Grecs qui les premiers ont commencé à se poser des questions à leur sujet, tandis qu’ils introduisaient les prémisses de la recherche philosophique et scientifique.

Pendant la Renaissance, les découvertes scientifiques et techniques se sont progressivement construites, au détriment des « superstitions et vieilles croyances religieuses ». Les chasses aux sorcières étaient le signe d’un mouvement foncièrement anti-magique où la phénoménologie paranormale était totalement refusée. Il n’en reste pas moins qu’au 17ème siècle, Francis Bacon, l’instigateur de la méthode inductive en science, eut le premier l’idée d’utiliser cartes et dés pour l’étude scientifique des phénomènes parapsychologiques.

Au 18ème siècle, Messmer et Puységur introduisirent le « somnambulisme magnétique » (méthode thérapeutique fondée sur ce que nous nommons aujourd’hui l’hypnose), qui engendrait nombres de phénomènes étranges que l’on qualifierait aujourd’hui de parapsychologiques.

Le Mesmérisme connut une popularité sans limites, ce qui finit par provoquer des débats académiques, jusqu’au milieu du 19ème siècle qui vit l’éviction officielle du magnétisme en France par l’Académie de médecine. L’Allemagne fut plus réceptive au « somnambulisme », des chaires de « magnétisme » apparurent à l’Université, et peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que de nombreux scientifiques et philosophes allemands se sont intéressés de près à la parapsychologie (Schopenhauer, Hegel, Goethe, Schrenck-Notzing …)

Vers 1848, les soeurs Fox lancèrent la vogue du spiritisme, qui devait devenir par la suite un mouvement quasi-religieux, mais dont les phénomènes intriguaient fortement bon nombre d’intellectuels.

Durant le 19ème siècle, la montée en puissance du « positivisme logique » avait conduit à considérer l’observation des faits comme la seule voie rigoureuse d’acquisition de connaissances scientifiques, malgré l’opposition fondamentale de la mentalité « romantique ». C’est dans ce contexte que fut fondée en 1882 en Angleterre la SPR (Society for Psychical Research), dont le but était « d’examiner sans préjugés ou influence et dans un esprit scientifique ces facultés de l’homme, réelles ou supposées, qui apparaissent comme inexplicables par quelque hypothèse générale reconnue ». Parmi les membres fondateurs de la SPR, on pouvait compter de grands noms de la recherche scientifique ou philosophique, parmi lesquels certains affichaient des tendances « spiritualistes », alors que d’autres se déclaraient très réticents quant à « l’hypothèse de la survie de l’âme ». Tous désiraient vérifier et étudier rationnellement les phénomènes métapsychiques, en particulier ceux produits par des médiums lors de séances spirites. On peut citer notamment, en tant que membres les plus célèbres de la SPR : F. Myers, H.Sidgwick, E. Gurney, le prix Nobel C. Richet, le philosophe H. Bergson, l’astronome C.Flammarion, et … Sigmund Freud ! Le principal apport de la SPR a été à cette époque de collecter une somme énorme de témoignages de cas de télépathie, d’apparitions, etc., tout en menant des enquêtes permettant de crédibiliser ces témoignages.

Le succès de la SPR conduisit des universitaires américains, dont le philosophe et psychologue William James, à fonder en 1885 l’ASPR (American Society for Psychical Research). La SPR et L’ASPR ont ensuite mis sur pied un grand nombre d’expérimentations dans des conditions de laboratoire, permettant d’établir des résultats fiables. Il n’est guère de grande nation européenne qui ne désirât par la suite fonder sa propre institution de recherche.

A témoin en France l’Institut Métapsychique International, créé en 1919, fondation reconnue d’utilité publique, et devenu célèbre entre autres par ses études sur la télépathie de groupe (R.Warcollier) et ses expérimentations avec des sujets doués. Ainsi le Dr Geley a-t-il réalisé une série d’expériences avec des médiums comme F.Kluski et J.Guzik, obtenant de fascinants « moulages ectoplasmiques », le Dr Osty a-t-il entrepris des études approfondies sur des sujets clairvoyants, des peintres spirites, etc.

Plus encore, l’IMI a publié pendant de nombreuses années une revue de très grande qualité, la « Revue Métapsychique« . Dès 1920, la recherche parapsychologique débuta aux Pays-Bas, avec le professeur Tenhaeff qui devait plus tard se faire connaître par ses recherches sur des cas spontanés de voyance, notamment avec le célèbre voyant G. Croiset dont la spécialité était de retrouver les personnes disparues.

En Allemagne, la renommée de « l’Institut pour les Zones Frontières de la Psychologie« , fondée par Hans Bender en 1930, fut retentissante. Cet institut a étudié entre autres les rêves prémonitoires, et surtout a enquêté très sérieusement sur les phénomènes de poltergeists. Bender reste le grand précurseur en ce qui concerne l’abord psychologique/psychanalytique des phénomènes psi.

La Société Italienne de Métapsychique naquit, quant à elle, en 1937, « dans le cadre officiel de la culture nationale », et se distancia du spiritisme en déclarant l’hypothèse de la survie « non-scientifique ». L’historien des religions De Martino milita pour une recherche en « ethno-métapsychique ». De nombreux pays, comme la Pologne ou la Russie, participèrent à la recherche en parapsychologie.

Les années trente marquent un grand tournant dans l’histoire de la parapsychologie : en 1934 fut fondé le premier laboratoire institutionnel de parapsychologie à la Duke University de Durham (Caroline du Nord), dirigé par J.B Rhine. L’approche de Rhine, et de son épouse Louisa, devaient influencer radicalement toute la recherche américaine future en parapsychologie. L’apport de Rhine peut se résumer en 5 grands principes :

 application des méthodes de la psychologie expérimentale pour standardiser les procédures et rendre les expériences plus objectives

 évacuation du spiritisme (bien qu’au départ, Rhine ait été surtout intéressé par l’étude de l' »âme ») et restriction à l’étude des phénomènes ESP et PK sous la dénomination de « Parapsychologie »

 utilisation de la méthode statistique introduite par C. Richet pour l’établissement de « preuves expérimentales »

 étude des facultés présentes en chacun et non plus seulement des cas spectaculaires des grands médiums (approche « universaliste » plutôt qu’approche « élitiste »)

 recherche de lois, de principes, de conditions optimales pour l’obtention des phénomènes psi.

Après cette étape fondatrice, de nombreuses recherches expérimentales se sont poursuivies aux USA dans la lignée rhinienne, pour la plupart au sein d’instituts de recherche privés.

En France, l’opposition à la métapsychique s’étant intensifiée suite à des levers de boucliers de la part d’auteurs sceptiques matérialistes, la recherche devint plus difficile, se réduisant à des études dispersées et non officielles, tandis que le développement de la psychiatrie et de la psychanalyse imposait une grille d’interprétation laissant peu de place aux phénomènes psi (en particulier, comme l’a montré B. Meheust, le somnambulisme fut épuré et récupéré en tant qu' »hypnose médicale »).

En 1957 naquit une association internationale, la PA (Parapsychological Association), qui ne tarda pas à acquérir des membres dans le monde entier. En 1969, la très académique AAAS (American Association for the Advancement of Science), qui édite la Revue Pour la Science, reconnut – non sans soulever maintes polémiques – que la Parapsychological Association « utilisait effectivement des méthodes d’investigation scientifiques », la PA est ainsi affiliée au AAAS.

A partir de 1975 se développa au Québec un enseignement de la psilogie au niveau institutionnel, à l’Université puis dans les Collèges d’Enseignement Supérieur et Professionnel. Plusieurs départements universitaires aux Etats-Unis créèrent des sections de parapsychologie.

Les années 70 furent fécondes au niveau de la recherche, surtout aux USA où elle se développait au sein de laboratoires et d’instituts. On peut citer à cette époque les expériences de M.Ullmann et S.Krippner au Maimonides Hospital de Brooklyn (télépathie dans le rêve) et celles de R.Targ et H. Puthoff au Stanford Research Institute (Remote Viewing) dont les résultats ont été publiés dans « Nature », et ont été reprises dans le programme « Stargate » financé par la CIA.

On assista à plusieurs innovations : l’introduction par H. Schmidt vers 1970 de l’utilisation des Générateurs d’Evènements Aléatoires dans la recherche parapsychologique (PK et précognition), l’utilisation de la méthode d’isolation sensorielle dite « ganzfeld » par Honorton, et l’emploi de la méthode statistique de méta-analyse dans les années 80, pour faire un bilan des expériences passées.

En France, où la recherche était devenue plus confidentielle, on peut citer les expérimentations sur le PK à l’aide de l’appareil « tychoscope » (P.Janin, R.Chauvin, …), notamment dans le cadre du GERP (Groupe d’Etudes et de Recherches en Parapsychologie), éditeur de « La revue de Parapsychologie » ; on mentionnera également les expériences d’ESP dans les groupes (H. Marcotte, D. Si Ahmed) reprises dans une expérimentation rigoureuse, le projet AGAPE de B. Auriol.

En 1997 est apparu l’OR3P (Organisation pour la Recherche en Parapsychologie et sur les Phénomènes dit Paranormaux), dirigée par Y.Lignon, dont l’objectif est de promouvoir et fédérer la recherche et qui publie une revue : « Revue Française de Parapsychologie ». La fin des années 90 a vu sous l’égide de M. Varvoglis, la renaissance de l’Institut Métapsychique, qui en raison de problèmes financiers avait dû suspendre ses activités, mais qui jusque dans les années 80 avait été un grand pôle de réflexion et de diffusion d’informations.

En Allemagne fort heureusement, l’institut de Freiburg ayant reçu en 1992 un apport très important de fonds privés, un très grand centre de recherche, l’IGPP, commence à se constituer, employant des professionnels (essentiellement psychologues spécialisés dans le paranormal) à temps plein. On peut espérer que ce centre deviendra le pôle européen de recherche en parapsychologie, faisant enfin accéder cette spécialité au statut officiel de discipline scientifique. Les autres grands centres universitaires de recherche à l’heure actuelle en Europe sont situés à Edimbourg et Amsterdam.

Enfin en Allemagne également, on peut citer le WGFP, organisme à financement public assurant un accueil psychologique des personnes perturbées par des activités paranormales, et élaborant des modèles explicatifs théoriques. On peut remarquer que la plupart des activités de recherche psi n’ont pu se mettre en place que grâce à des legs de riches donateurs (A. Koestler, J. Meyer, F.P Bolton etc) et grâce à des personnalités motivées et enthousiastes, n’ayant pas besoin de défendre leur carrière et n’hésitant pas à investir tout leur temps libre dans cette recherche. Aujourd’hui la parapsychologie fait l’objet d’un enseignement universitaire, mais seulement dans quelques pays (cf § 7.1).

En France des initiatives isolées ont eu lieu (Paris VII, grandes écoles …) mais à l’heure actuelle seul P.L Rabeyron, à l’Institut Catholique de Lyon, dispense un cours sur le paranormal.