Home
Critique du documentaire « Ma voyante bien-aimée »

Critique du documentaire « Ma voyante bien-aimée »

L’IMI entend émettre d’importantes réserves par rapport à un documentaire réalisé par Sophie Pagès, intitulé « Ma voyante bien-aimée », diffusé par France 5 en avril 2010, et dans lequel l’Institut apparait.

Le documentaire de 52 minutes peut être visionné ici.

La présentation du documentaire par la chaîne était la suivante : « « Réussite : prêt à déplacer des montagnes, tout devrait vous sourire… ». Des horoscopes comme celui-ci, il en existe chaque jour des milliers en France, à la radio, à la télé ou encore dans les journaux. Un art divinatoire qui passionne les Français même s’ils s’en défendent. Selon une enquête de la Sofres, nous sommes seulement 42% à y croire et pourtant 62% à les lire… L’astrologie, c’est l’une des composantes, la plus populaire, des phénomènes de voyance, c’est-à-dire cette capacité hypothétique de prévoir l’avenir au moyen de visions. Cartomanciens, diseurs de bonne aventure, marabouts et autres lecteurs de marc de café, en cette période de crise et d’incertitude économique, la plupart de ces professionnels de la voyance constate une augmentation de leurs consultations. Le documentaire propose une plongée dans ce monde souvent décrié : entre charlatanisme et foi du charbonnier, qui sont ceux qui exercent et quels sont ceux qui font appel à leurs services ? Séquences insolites, saugrenues ou dérangeantes parsèment le film qui ne prétend pas dévoiler la vérité cachée des arts divinatoires mais bien lever le voile sur des pratiques profondément ancrées en France. »

Critique par l’équipe de l’IMI

Cette présentation laisse apparaitre une méconnaissance du sujet par les auteurs, qui d’ailleurs se sont contentés de juxtaposer des séquences sans aucun recul critique et sans aucune originalité par rapport aux multiples documentaires déjà diffusés sur les autres chaines : salon de la voyance, arnaque à l’envoutement, sorcières … La « levée de voiles » qui était donc l’objectif affiché de ce projet n’est donc qu’une nième redite sur des événements connus de tous (lecture des horoscopes, tirages de tarots…). La phrase « L’astrologie, c’est l’une des composantes, la plus populaire, des phénomènes de voyance, c’est-à-dire cette capacité hypothétique de prévoir l’avenir au moyen de visions. » comprend plusieurs erreurs, l’astrologie n’ayant rien de commun avec les visions, et la définition de la voyance étant plus qu’approximative puisque la voyance ne concerne pas seulement le futur et ne s’effectue pas forcément sous forme de visions.
Ce n’est qu’un exemple des multiples poncifs et désinformations pouvant être professés par les intervenants plus ou moins loufoques de ce documentaire.
Le documentaire présente donc les arts divinatoires comme un fait de société, soit. Il est plus contestable qu’il amalgame diverses pratiques, de la plus banale aux plus condamnables. La participation de l’IMI à ce documentaire avait pour but d’apporter un regard critique sur certaines pratiques douteuses liées à la voyance, tout en introduisant par contraste l’approche scientifique des phénomènes dits paranormaux. Cet objectif est difficilement rempli avec le montage qui a été réalisé : l’IMI n’est pas assez démarqué des autres intervenants, donnant faussement l’impression qu’il les cautionne. La dimension critique propre à l’IMI disparaît dans cette juxtaposition des discours. Une demi-journée avait été consacrée au tournage, nécessitant le travail de plusieurs bénévoles de l’Institut. Celui-ci ne s’était engagé dans le projet que parce que la journaliste disait intervenir pour l’émission sérieuse « C dans l’air ». Mario Varvoglis, longuement interviewé, s’était efforcé d’expliquer les nuances des pratiques de voyance dans la société, et de différencier ce qui passait généralement dans les reportages télévisés, des expérimentations réalisées en laboratoire. Mais seul un soupçon de son propos a été conservé, ce qui fait que le documentaire perd toute originalité en ne donnant que la vision habituelle de la pratique de la voyance comme réponse à des souffrances psycho-sociales. De plus, les quelques fragments de phrase qui ont été conservés laissent à penser que l’Institut considère que la voyante qui a été testée a montré une prescience du futur, ce que l’on peut difficilement conclure après cette unique expérience.
En conclusion, l’Institut ne peut que réprouver ces méthodes journalistiques car elles ne conduisent pas le public vers une approche rationnelle et prudente des phénomènes dits paranormaux.