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Biographie de Roger Nelson

Biographie de Roger Nelson

Choisir la Recherche Psi : une carrière chanceuse.


J’étais un enfant curieux, fasciné par toute idée inhabituelle et exotique. A North Platte, Nebraska, où j’ai grandi, il n’y avait pas de gourou, mais la bibliothèque locale était une bonne source d’enseignement. J’avais été immédiatement intrigué par le Judo et le Jujitsu, dont j’avais entendu parler, mais quand je me suis mis à la recherche d’un livre sur les arts martiaux, j’en ai découvert un sur le Yoga. Ses co-auteurs étaient Indien et Allemand, et la combinaison de leurs perspectives orientale et occidentale constituaient une merveilleuse introduction à quelques idées neuves ; dès ce moment, j’ai oublié le Judo. En plus de leurs instructions détaillées sur le Hatha Yoga, Yesudian et Haich introduisaient de subtiles leçons de vaste et étonnante sagesse. Une analyse mémorable a été pour moi le modèle exemplaire d’une intelligence des situations, un respect pour le contexte : une diète végétarienne est idéale, mais pas pour un Esquimau.

La bibliothèque m’a offert davantage. Mes amis lycéens et moi étudiions l’hypnose, l’essayant les uns sur les autres, et démontrant avec succès l’anesthésie artificielle, parmi d’autres phénomènes. Je n’étais pas fortement hypnotisable, mais je pouvais avoir des épingles piquées dans le dos de ma main sans éprouver de douleur, juste une légère pression. Un soir, nous avons hypnotisé Gail et lui avons dit que j’étais parti. J’ai joué avec Jim en faisant des passes avec une balle de papier. Gail était naïvement étonné et un peu effrayé de voir la balle saisie et renvoyée magiquement dans les airs, sans voir personne.

North Platte était une petite ville, loin des centres intellectuels, mais la collection de sa bibliothèque Carnegie comprenait un exemplaire du livre « Perception Extrasensorielle après 60 ans », par Pratt, Rhine, Smith, et al. Il est clair que, en tant que jeunes scientifiques en herbe, nous voulions essayer ces protocoles expérimentaux détaillés par Rhine, bien que nous ayons alors une conception très limitée des réelles exigences d’une recherche sérieuse, plus particulièrement de la compétence exigée dans l’étude des effets réduits et subtils. Néanmoins, je pense que nos expériences représentaient des efforts crédibles – nous étions intéressés par tout ce qui se produisait, et nous n’étions pas distraits par la volonté de prouver à tout prix l’existence de quelque faculté extraordinaire. Nous étions motivés par une curiosité intellectuelle et nous étions assez intelligents pour savoir que nos questions ne pourraient recevoir une réponse que si nous agissions correctement. Les réponses que nous avons obtenues allaient parfaitement dans ce sens. Nous assistions à des divinations de cartes réussies tout juste au niveau de signification qui suggérait l’inexplicable, exactement comme Rhine le décrivait. Rien de ressemblant à de la magie de scène ; juste un excès d’intuitions correctes ou de succès dans de petites expériences soigneusement mises sur pied.

Pendant quelques années,pendant l’université, l’armée, le second cycle, je ne pensais pas beaucoup au psi ou à la recherche sur la conscience, pourtant je gravitais autour de la psychologie expérimentale et des sciences cognitives. Mon premier travail d’enseignement fut à l’Université d’Etat Johnson dans le Vermont du Nord. J’enseignais évidemment des matières introductives, mais j’ai aussi créé de nouveaux cours en Psychologie Alternative, en Psychologie Appliquée, Philosophie et Psychologie. J’ai eu l’occasion d’enseigner des séminaires de photographie, de produire et de diriger des spectacles multimédia somptueux. C’était, en un mot, un environnement créatif, qui nourrissait mon intérêt ésotérique, et me mit en rapport avec des étudiants brillants, curieux et aventureux, y compris ceux dont j’ai largement appris. Et quels sujets mes étudiants abordaient-ils dans leurs laboratoires de psychologie expérimentale pratique ou appliquée ? Qu’en était-il de la télépathie ? De l’hypnose, de l’étude des rêves, de la psychokinésie ? La méditation conviendrait-elle comme sujet ? Il y avait aussi d’autres choses, mais je me souviens qu’environ la moitié des étudiants, peut-être plus, souhaitaient explorer les aspects subtils de la conscience humaine, expédiés sans ménagement par le courant dominant de psychologie scientifique. En tout cas, bien que les manuels (à l’époque et aujourd’hui encore, je suppose) avaient peu de choses à dire sur la parapsychologie, nous avons trouvé des sources, travaillé dur et éprouvé du plaisir en essayant d’apprendre quelque chose.

Les vicissitudes du milieu des années 1970 ont poussé les administrateurs de l’Université d’Etat du Vermont à une réorganisation, s’éloignant des missions d’arts et sciences humaines que j’appréciais en poussant plus vers des formations professionnelles spécialisées. Par la force des choses, j’ai été motivé pour rechercher une nouvelle opportunité. Quand un ami m’a donné un exemplaire du « Chronicle of Higher Education » avec quelques emplois soulignés et, parmi eux, une annonce pour un
« Psychologue cognitiviste intéressé par les aspects moins connus de la perception ». C’était à l’Ecole d’Engineering et de Sciences Appliquées de l’Université de Princeton, et cette description énigmatique m’a intrigué, alors je me suis adressé à eux avec la formule « Cher Monsieur ou Madame ». Apparemment, parmi une quarantaine environ de candidats, j’étais le seul à ne présenter aucun préjugé sur leur travail, et le doyen adjoint qui traitait les candidatures, a transmis la mienne avec une note favorable à Bob Jahn et Brenda Dunne.

Quelques mois plus tard, j’étais à Princeton, prenant une année sabbatique pour tâter le terrain de la recherche psi sérieuse au sein ce qui devait plus tard s’appeler le Princeton Engineering Anomalies Research (PEAR). Ma femme, Lefti et notre chien, Nelson, aimaient tous les deux le Vermont mais ils ont accepté de faire l’essai et GGNA, qui avait 10 ans, a de suite trouvé de vrais camarades, dans le 6ème degré à l’école primaire de John Witherspoon. L’année (c’était 1980) s’est passée sans résoudre aucune de nos questions de recherche, mais j’aimais ce que nous faisions et j’ai différé mon départ à l’ année suivante, espérant que cela suffirait pour résoudre les énigmes soulevées. Après quelques mois de plus, j’ai dû admettre que c’était le travail de toute une vie et j’ai décidé de démissionner de ma situation fixe à la faculté de Johnson pour leur permettre de continuer l’élaboration du département – je ne devais pas revenir.

Nous avions deux pistes d’expérimentations au PEAR, en plus des réflexions théoriques. L’une examinait la perception à distance, et l’autre étudiait les interactions de la conscience avec des systèmes physiques. Je me focalisais plus souvent sur la coordination des dispositifs expérimentaux et des stratégies analytiques, mais j’aimais les défis posés par le développement et la mise sur pied de l’équipement pour les expériences. Nous avions la capacité et les ressources nécessaires pour assurer la rigueur scientifique, mais nous accordions aussi une sérieuse attention aux aspects esthétiques. Le résultat a été une série d’instruments et de montages intéressants, souvent beaux. Notre première expérience et la plus prolifique proposait aux sujets de modifier le comportement d’un Générateur de Nombres Aléatoires (GNA), mais nous avons développé une série de variations pour étudier quels facteurs comptaient dans les interactions esprit-machine. Nous avons construit une machine géante « pinball/pachinko », un pendule de cristal dans une caisse en acrylique transparent, une fontaine reproduisant des systèmes chaotiques, un tambour d’un indien d’Amérique avec battement aléatoire, et un robot commandé aléatoirement transportant une charmante grenouille « primaire ». D’autres expérimentations tiraient parti de notre environnement technicisé, dans lequel il était normal d’exploiter quelques instruments extrêmement sensibles et exotiques. L’un de ceux-ci était un interféromètre Fabry-Perot, qui produisait un bel assortiment de cercles concentriques de lumière jaune que nous voulions dilater ou contracter. (Cet objet était capable de détecter des vagues s’écrasant sur la rive du New Jersey, ce qui en faisait une cible spécialement pertinente pour détecter les subtils effets de la conscience).

Les expériences de perception à distance cherchaient à voir si un percipient pourrait visualiser une scène visitée par un agent, sans aucun moyen normal de communication. Nous avons développé des protocoles, qui nous permettaient de quantifier les transferts d’informations anomales. Finalement, nous avons été en mesure de montrer que l’accès extrasensoriel à des sites inconnus ciblés, n’était pas seulement possible mais pouvait se produire sur des distances atteignant des milliers de miles, et plus étonnant encore, indépendamment des modifications de temps, en heures ou en jours. Nous avons rassemblé une base de données, vaste et cohérente, qui confirmait et prolongeait le travail d’autres équipes de chercheurs en remote viewing.

Au cours des années, notre but a graduellement glissé, des expérimentations sur la viabilité de la recherche et la validité des concepts, vers des études posant des questions cruciales sur les facteurs importants dans les effets psi. Ceci a, bien sûr, également généré de nouvelles dimensions et de nouveaux protocoles. Au début des années 90, mon intérêt personnel s’est fixé sur l’idée de « champs » de conscience. Dans le laboratoire, des personnes tentaient d’influencer volontairement le comportement d’un GNA, c’est-à-dire en souhaitant modifier les résultats en sortie de ce générateur. Les résultats positifs amenaient des questions sur les effets plus généraux de la conscience, à la fois dans le laboratoire et dans le monde réel. Des instruments électroniques miniaturisés nous ont permis d’emporter un GNA inclus dans un ordinateur portable sur le terrain pour étudier la conscience de groupe. Nous avons posé l’hypothèse que des états spéciaux de conscience pourraient affecter le comportement du GNA, même sans intentions. Et en effet, nous avons trouvé que les données lors de situations numineuses montraient souvent une variabilité excessive, suggérant que la cohérence ou résonance parmi les groupes de personnes affectait d’une quelconque manière les informations d’autres systèmes aléatoires.

La phase suivante de mon itinéraire personnel a suivi la logique de la conscience de groupe vers des dimensions globales. En 1997, j’ai commencé à travailler sur le Projet de Conscience Globale (GCP), réseau mondial de GNA produisant de l’information continue, qui, selon notre hypothèse, pouvait montrer des effets corrélés aux événements majeurs dans le monde. Après quelques discussions créatives avec des collègues, j’ai supervisé un remarquable groupe de volontaires qui, en peu de temps, ont constitué une infrastructure supportant ce que nous appelons parfois le projet EGG, un acronyme de « ElectroGaiaGramme ». Au total, plus de 100 personnes étaient concernées, certaines comme programmeurs et analystes, de nombreuses autres comme hôtes d’approximativement 65 « Eggs », chacun consistant en un GNA en un logiciel informatique spécial. Le recueil de données a commencé en 1998 et nous avons actuellement plus de sept ans de séquences parallèles continues de nombres aléatoires que nous examinons, pour en déduire des preuves de structures non aléatoires. En 2002, je me suis retiré du laboratoire PEAR pour me consacrer entièrement au GCP. C’est un projet intéressant, à de nombreux points de vue, le moindre n’étant pas qu’il touche de si nombreuses personnes dans le monde entier. Quant aux résultats pour ce projet de longue haleine, ils ont la caractéristique de nombreuses recherches psi, offrant des effets statistiques minimes débouchant sur de très vastes implications. La documentation montre des départs prometteurs quand des événements majeurs drainent la plupart des humains dans un état d’esprit et d’émotion similaires. Spécialement quand notre compassion est évoquée, l’information change, elle n’est plus aléatoire.

Un quart de siècle après avoir commencé ma carrière dans la recherche sur la conscience, alors que je pensais au départ qu’un an ou deux seraient suffisants pour répondre aux questions les plus importantes, et après un siècle d’existence de la parapsychologie, nous ne pouvons toujours pas dire comment la psi fonctionne. Mais les bases de données et la recherche analytique sont remplies d’indications suggestives. Je pense que ceci, en fin de compte, aidera à formuler de meilleures questions et que celles-ci progressivement révèleront davantage le caractère subtil de la conscience humaine. Tant les expérimentations en laboratoire que celles sur le terrain montrent des résultats significatifs. Cela démontre que, bien que l’affleurement de la conscience dans le monde soit subtil, il est réel. Les effets sont tellement ténus, qu’il est difficile de prouver qu’ils importent ou sont susceptibles d’application pratique. Pour moi, il est clair que des interactions directes de conscience avec le monde physique revêtent une immense importance philosophique et scientifique. Ce que nous envisageons et pour quoi nous prions a juste un peu plus de chances de se produire, parce que la conscience est littéralement créative. Finalement, ce travail soutient une vision du monde où nous, humains, avons la capacité et la responsabilité de l’évolution de conscience. Notre futur est dans nos esprits.

Sélection bibliographique

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