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Biographie de Michaeleen Maher

Biographie de Michaeleen Maher

Blog_11_-_Mikki_Maher.jpg C’est par curiosité que je suis devenue parapsychologue – curiosité à propos de la vie, à propos de mes expériences, à propos de l’univers lui-même. Certains d’entre nous ne se satisfont pas des dogmes établis, transmis par nos institutions culturelles et nos croyances, et je suppose que j’étais parmi ces rebelles. J’ai toujours posé trop de questions à l’école, et souvent les réponses n’étaient ni convaincantes ni satisfaisantes.

Lorsque j’ai grandi, la science, selon ce qui nous avait été dit, n’admettait pas de mystère illimité. Elle était plus pragmatique que cela. Il était admis que toute chose, en principe, pourrait être connue, et que tout cadrerait joliment dans ce que nous connaissions déjà – c’était juste une question de temps. Avancer péniblement et courageusement sur le même vieux chemin déjà emprunté par tous les autres était la manière adéquate de progresser. S’intégrer. Ne pas faire de vagues. C’était toujours sous-entendu à l’école. Si vous espériez réussir dans la vie et jouir d’une carrière prospère, penser dans les limites des critères fixés était impératif.

Au bout de deux ou trois ans, j’ai quitté l’université pour voyager et voir le monde, et le premier endroit que j’ai visité a été l’Inde, parce que l’Inde représentait l’inconnu. Les voyants de l’Inde étaient réputés pour avoir des connaissances impénétrables et des pouvoirs occultes secrets, transcendant tout ce à quoi nous les occidentaux – piégés dans notre nouvelle culture – avons jamais été confrontés. Etait-ce vrai ? C’était ce que je voulais savoir.

J’ai parcouru l’Inde en long et en large pendant deux ans, et si j’étais affamée de mystère, il y en avait là à foison. Je me suis assise aux pieds de gourous de Calcutta à Kerala, et ai, en outre, vécu de nombreuses autres aventures. L’essentiel, le leitmotiv à la tournure d’esprit orientale, était une tolérance pour l’ambiguïté. Bien que les gourous aient été disposés à communiquer leur sagesse et démontrer leurs talents paranormaux, c’était le processus plutôt que leurs prouesses qui maintenait leur légende. La crainte mélée de respect, la déférence et volonté de croire déployées par les multitudes de disciples signifiaient que les miracles se produisaient toujours. La perception était la clef. Quoi qu’il advienne, c’était toujours fondu dans le contexte, et celui-ci était grandiose. Ceci signifiait que les exploits d’un gourou, si modestes soient-ils, seraient amplifiés en vastes proportions avant qu’une journée soit écoulée. Les miracles étaient inévitables, parce que les spectateurs les voulaient. Ceci dit, ai-je été témoin de quelque chose que ma mentalité logique d’occidentale ait pu considérer comme indiscutablement paranormal ? Peut-être, une fois ou deux.

Frustrée par l’ambiguïté, qui ne semblait tracasser personne en dehors de moi, j’ai acquis une nouvelle appréciation des vertus des méthodes scientifiques. Tester soigneusement, était semblait-il, indispensable avant que n’importe quel miracle puisse être proclamé. Maintenant, il existait certainement de nombreux phénomènes obscurs, auxquels la science n’accordait aucune attention. Toute ma vie, j’ai fait l’expérience de ce qu’on pourrait appeler « le psi quotidien ordinaire » – connaître quelque chose avant que cela ne se produise, avoir une prescience du danger alors qu’il se profile seulement à l’horizon ; rencontrer des synchronicités insondables. Avant de quitter l’Inde, j’ai vécu temporairement dans une grotte, et mes propres efforts maladroits pour atteindre le nirvana m’ont conduite à des expériences de sortie hors du corps et à des rêves paranormaux. Ainsi, pour moi, la vie a toujours été riche en phénomènes que la science occidentale ne prenait même pas en considération. Dans sa poursuite de la vérité, la science occultait définitivement quelque chose.

Je suis rentrée aux Etats-Unis, me suis mariée et j’ai eu deux merveilleux enfants. Alors que je vivais dans une cabane dans les montagnes du Berkshire, je me souviens avoir commandé par correspondance un exemplaire du Journal of the Society for Psychical Research. J’étais très excitée quand le journal est arrivé d’Angleterre, mais quand j’ai essayé de le lire, j’étais sidérée. Toutes les statistiques semblaient du charabia pour moi, et je n’avais pas la moindre idée de ce dont les auteurs parlaient. Je n’avais, en fait, pas le bagage éducatif suffisant pour donner un sens à ce que je lisais.

Une occasion de poursuivre mes études au City College de New-York s’est présentée. Comme j’examinais la liste de cours offerts ce printemps là, un cours de « parapsychologie » retint mon regard. Il était enseigné au City College pour la première fois, bien que le professeur, Gertrude Schmeidler, ait été ouvertement amenée dans cette université des décennies auparavant par un intérêt pour la parapsychologie. Il s’est avéré que Gardner Murphy, le distingué psychologue qui avait créé le département de psychologie au City College, était de plus un parapsychologue notable et qu’il avait offert un professorat à Gertrude.

J’ai assisté à une session du nouveau cours avant de m’y inscrire, et j’ai été captivée par la petite femme réservée, qui parlait de façon si sensée et si lucide des efforts de recherches en cours pour explorer justement ces phénomènes-là, ceux que j’estimais ignorés par la science. Cela m’enchantait. Avant même la fin du cours de parapsychologie, j’avais conçu et conduit ma propre expérimentation, et depuis ce temps je suis chercheuse en parapsychologie. Lorsque j’ai terminé mon BA, Gertrude m’a offert un poste d’enseignant/chercheur pour me permettre d’obtenir un Ph.D en faisant des recherches en parapsychologie. Le salaire devait provenir d’un fonds pour les études qui lui avait été accordé par Chest Carlsen, l’inventeur de la photocopieuse Xerox.

Mon PhD en Psychologie Cognitive visait d’abord la recherche sur le cerveau, de sorte que j’ai effectué des expériences explorant le fonctionnement psi dans le cerveau humain. Mon expérimentation de thèse concluait que les cerveaux de personnes ordinaires présentaient des traces indiscutables d’activité psi, et que ses effets étaient essentiellement globaux, plutôt que particuliers. C’est-à-dire que la clairvoyance opérait au niveau fondamental des décharges synaptiques neuronales : le participant, plutôt que d’avoir quelques pensées isolées qui ressemblaient à la cible (en l’occurrence, une cassette vidéo), avait le jeu entier de sa pensée , sa conscience dans son entière complexité, qui correspondait à la cible bien plus qu’elle n’aurait dû le faire en l’absence de tout psi. Quelle que soit la façon dont vous examiniez les données, l’empreinte du psi global était présente. Sidérée par les résultats, j’envisageais avec passion une carrière excitante en parapsychologie – plongeant dans les profondeurs de l’activité cérébrale pour traquer les manifestations du psi, et ainsi pénétrer plus avant dans le mystère universel de l’esprit.

C’est alors que le côté négatif de notre domaine, appauvri et sous financé, s’est imposé. Le seul laboratoire de parapsychologie faisant de la recherche cérébrale, à l’Université de Duke, était en train de fermer. Les autres laboratoires de parapsychologie, qui avaient été florissants aux Etats-Unis durant les années dix neuf cent soixante-dix et début des années quatre vingt – suite surtout aux largesses de McDonald, de la Compagnie aérienne Mc Donald-Douglas, qui leur avait accordé généreusement, jusqu’à sa mort, des bourses de recherche,- ont connu des temps difficiles entraînant leur fermeture.

Ne pouvant plus pratiquer mes expériences au City College, puisque ayant déjà obtenu le diplôme de docteur, j’ai mis mes recherches sur le cerveau de côté, et j’ai pris le seul travail en parapsychologie disponible pour moi. Je suis devenue bibliothécaire à l’ American Society for Psychical Research. J’ai aimé y travailler, fouillant dans la phénoménale collection de livres et de journaux de la société, afin de répondre aux questions sur la recherche émanant du public et des media. Il n’a pas fallu longtemps avant que je mette sur pied une expérience réalisable à la Société, en utilisant les visiteurs de la bibliothèque en tant que sujets volontaires. J’ai confirmé un nouvel effet fascinant avec cette recherche – il y avait une sorte de cristallisation de la « signification » du contenu psi à travers le temps, de sorte que des juges aveugles devant relier les réponses des sujets et les cibles correspondantes, réussissaient mieux lorsqu’ils répétaient plusieurs fois la tâche. Les choses continuaient à bouillonner dans mes éprouvettes chimiques, quand soudainement, la société a affronté une sévère restriction de budget. Le poste de bibliothécaire a été supprimé. Il n’est pas évident de faire carrière en parapsychologie, vous devez être apte au changement et être capable de suivre le mouvement. Et c’est ce que j’ai fait.

Peu de temps après avoir quitté la Société, j’ai été contactée par une productrice TV qui produisait une émission primée, « Woman Watch ». Cela concernait une série de femmes présentant des activités inhabituelles, et elle désirait présenter une parapsychologue. Elle voulait me décrire et principalement mon travail comme bibliothécaire de l’ASPR. Elle m’a demandé si j’avais des hobbies qu’elle pourrait filmer, pour apporter une autre dimension à l’émission. J’avais déjà examiné un rapport concernant un fantôme lorsque j’étais en thèse, c’est pourquoi j’ai suggéré qu’elle filme une expérience de hantise, mais qu’elle devrait trouver un fantôme convenable. Elle a adoré l’idée. Elle a chargé son assistant de production de rechercher les cas de hantises dans la grande région de New-York, et celui-ci revint avec un cas fascinant.

Toujours expérimentaliste, j’arrangeais le protocole de recherche de façon à ce qu’il puisse être filmé sans contaminer les données expérimentales qui pourraient être recueillies. Si je devais être impliquée, je désirais m’assurer d’en recueillir une documentation sérieuse. Le projet fut réalisé sans problème et bientôt d’autres producteurs de TV ainsi que des animateurs de talk shows ont commencé à appeler. Ceci m’a propulsée sous les projecteurs comme « chasseur de fantômes » scientifique. Franchement, j’ai toujours été davantage intéressée par les données de la recherche que par les apparitions à la télévision, alors j’ai commencé à utiliser les producteurs TV pour financer de nouvelles recherches sur les hantises.

Des années plus tard, quand j’ai senti que mes expériences sur la hantise avaient été exploitées au maximum, j’ai publié une méta-analyse comprenant les résultats combinés de toutes mes principales expériences. Glissant mes résultats expérimentaux dans le rapport pour la postérité, j’ai pas mal tourné la page sur la chasse aux fantômes et j’ai commencé à rejeter les producteurs TV.

De mon contact avec le domaine des superstars TV, je peux dire que le glamour est un autre composant de la fonction de parapsychologue. Dans un certain sens, c’est ce qu’on peut appeler un domaine « sexy ». Les gens sont généralement intrigués quand vous leur dites que vous êtes parapsychologue. Même les scientifiques conventionnels, selon leur orientation, peuvent être intéressés à discuter avec vous des résultats de vos recherches. Et si par hasard vous êtes un porte-parole et avez du flair pour les relations publiques, il peut y avoir des opportunités de faire avancer notre discipline par d’adroites (et lucides) communications dans les média de nos découvertes et de nos recherches au public. La parapsychologie a grand besoin de tels ambassadeurs.

Mais une chose dont il faut tenir compte, si vous envisagez une carrière en parapsychologie : la sécurité financière ne fait pas partie des avantages. Si vous êtes ancrés « dans le monde matériel », vous feriez mieux de vous orienter vers un autre secteur. Même si vous choisissez la parapsychologie, vous devez savoir que les parapsychologues eux-mêmes gagnent le plus souvent leur vie dans des activités extérieures au domaine. Enseigner la parapsychologie dans une université locale est une façon de garder un pied dans la profession, mais j’ai souvent dû agrémenter mon salaire de professeur adjoint en réalisant des travaux d’édition en freelance pour des magazines importants.

Cependant, peu de carrières offrent, selon moi, une compensation intellectuelle et une pure excitation aussi importantes qu’avec la parapsychologie. Si la découverte scientifique est votre but, vous pouvez être un pionnier s’aventurant dans un territoire jamais exploré auparavant. Si vous êtes compétent, vous pouvez vous faire un nom et, plus facilement que dans d’autres secteurs, obtenir que vos recherches soient publiées. Notre communauté est réduite, alors les individus y sont davantage remarqués. Bien que le domaine soit impécunieux, et sujet à de brusques changements de faveur auprès du public et des média, on peut généralement trouver quelques modestes fonds, rassemblés dans des buts de pure recherche. Par exemple en 1992, j’ai reçu une bourse qui m’a permis de voyager en Russie, pour y conduire une recherche expérimentale sur la guérison dans un laboratoire de recherches sur le cerveau à Saint-Petersbourg. Dans notre secteur, vous aurez bien l’occasion de vivre vos passions intellectuelles, quoiqu’il arrive.

Sélection bibliographique

Maher, M. C. (1999). Riding the waves in search of the particles: A modern study of ghosts and apparitions. Journal of Parapsychology, 63, 47-80.

Maher, M. (1986). Correlated hemispheric asymmetry in the sensory and ESP processing of ‘emotional’ and ‘nonemotional’ stimuli. European Journal of Parapsychology, 6, 217-257.

Maher, M. C. (1986). Replication of an “incline” effect in blind judging scores. Proceedings of The Parapsychological Association 29th Annual Convention, August 5-9, 383-398.

Maher, M. C. & Hansen, G. P. (1995). Quantitative investigation of a “haunted castle” in New Jersey. Journal of the American Society for Psychical Research, 89, 19-50.

Maher, M. C., Vartanian, I. A., Chernigovskaya, T., & Reinsel, R. (1996). Physiological concomitants of the laying-on of hands: Changes in healers’ and patients’ tactile sensitivity. Journal of the American Society for Psychical Research, 90, 77-96.